ABIDJAN (Reuters) – L’ex-président Laurent Gbagbo, son épouse Simone et une centaine de leurs proches font l’objet d’une enquête criminelle, a annoncé mercredi le nouveau gouvernement ivoirien.
Patrick Achi, porte-parole du gouvernement, n’a pas fourni de précisions sur la procédure, mais Laurent Gbagbo et ses partisans sont accusés d’atteintes aux droits de l’homme dans leur tentative de se maintenir au pouvoir malgré la défaite à l’élection présidentielle de novembre dernier.
« Une enquête préliminaire a été ouverte contre Laurent Gbagbo, sa femme et son entourage », a dit Patrick Achi. « Je ne peux préciser quelles sont les charges principales. C’est la tâche du tribunal », a-t-il ajouté.
Pour le collectif des avocats de Laurent Gbagbo, formé à Paris, l’ancien président et ses proches font l’objet « d’une détention arbitraire en dehors de tout ca dre légal ».
« Ce qui est contraire non seulement à la législation ivoirienne, mais également à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme », écrivent Jacques Vergès et Roland Dumas, notamment, dans un communiqué.
Les avocats évoquent à nouveau « des mauvais traitements physiques et psychologiques » infligés selon eux à Laurent Gbagbo et réitèrent leur souhait de communiquer librement avec lui.
L’ancien président et sa femme sont détenus dans deux endroits distincts dans le nord de la Côte d’Ivoire, fief de Ouattara à partir duquel ses troupes avaient lancé leur offensive décisive contre Abidjan en mars.
La procédure dont ils font l’objet sera un test de la capacité d’Alassane Ouattara à faire rendre la justice tout en oeuvrant à la réconciliation dans un pays qui peine à panser les plaies de la guerre civile de 2002-2003.
Dans un entretien accordé à La Croix, le nouveau chef de l’Etat annonce la création d’ici deux semaines d’une commission Vérité et réconciliation à l’image de celle qui existait en Afrique du sud et la formation d’un gouvernement d’union nationale avant la fin mai.
« LE COMMANDO INVISIBLE EST MORT »
Y siègeront des ministres issus du parti de Laurent Gbagbo à la condition qu’ils reconnaissent Alassane Ouattara comme président, « ce qui n’est pas encore le cas », dit-il.
Il précise que sa cérémonie d’investiture aura lieu normalement le 21 mai et que plusieurs chefs d’État sont invités, dont le pape Benoît XVI.
A Abidjan, des tirs d’armes lourdes et automatiques ont retenti mercredi dans le quartier d’Abobo où, selon un habitant et un porte-parole du « commando invisible », les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ont attaqué ce groupe armé disside nt.
« Nous sommes en plein processus de désarmement et avons demandé à nos combattants de s’apprêter à déposer les armes. C’est dans ce contexte que les FRCI, qui se sont déployées hier, sont passées à l’offensive contre notre QG », a expliqué un porte-parole du « commando invisible ». « Nous ne comprenons pas l’action menée par les FRCI ».
Un commandant des FRCI a confirmé, sous le sceau de l’anonymat, que l’offensive lancée contre le « commando invisible » visait à désarmer cette unité, qui s’est battue à Abidjan pour Alassane Ouattara dans les derniers jours du régime de Laurent Gbagbo.
Les tirs se sont faits plus rares dans la soirée et le retour au calme a donné lieu à des scènes de liesse.
« C’est fini. Le Commando invisible est mort. Nous avons capturé presque tous leurs dirigeants, mais IB (Ibrahim Coulibaly, chef du mouvement) s’est enfui de son quartier général », a déclaré un officier des FRCI.
Un porte-parole de Coulibaly a toutefois assuré que les combats se poursuivaient.
Au plan économique, le groupe Société Générale a annoncé que ses succursales ivoiriennes rouvriraient jeudi leurs portes. La filière cacao, stratégique pour l’économie nationale, et le secteur bancaire ivoiriens devraient redémarrer dans les jours qui viennent.
Le conflit politique et militaire provoqué par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de son adversaire lors du scrutin du 28 novembre a fait plus de 1.500 morts. Près d’un million d’habitants d’Abidjan ont fui les combats.
Loucoumane Coulibaly, avec Gérard Bon à Paris, Pierre Sérisier, Jean-Loup Fiévet et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser
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