Le ralliement du commando d’Ibrahim Coulibaly et aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) n’est certainement pas pour demain. Après la polémique sur la paternité du «commando invisible», et après la chute de Laurent Gbagbo, l’heure est venue, à ce qui se voit, de faire la part des choses. Qui a fait quoi ? Qui contrôle où ? Que veulent les uns et les autres ? Alors que le patron du commando armé, né à Anyama au lendemain de la marche avortée du 16 décembre 2010, lui, multiplie les contacts pour rencontrer le Président de la République, Alassane Ouattara, en vue de discuter sans doute des conditions de son ralliement, ses positions ont été attaquées, selon lui, mercredi dernier, par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire. La commune d’Abobo a donc renoué, ce jour là, avec les tirs à l’arme lourde après une période de relative accalmie. L’objectif de cette attaque était clair. Il s’agissait de
déloger Ibrahim Coulibaly et ses hommes d’Abobo et d’Anyama en vue de pacifier ces deux communes. Mais l’assaut, selon des sources, s’est heurté à une farouche résistance de ce commando qui a fait reculer les Frci, conservant intacte ses positions. Du coup, la réconciliation entre les deux forces prend du plomb dans les ails et devient une vue de l’esprit pour l’heure. Désormais, Ibrahim Coulibaly et sa troupe sont sur leurs gardes. Interrogé récemment par «La Tribune de Genève», le Général Ibrahim Coulibaly s’était certes montré ouvert à la discussion, mais avait émis de sérieuses réserves quant à son ralliement aux forces régulières: «J’ai eu Alassane Ouattara (Ndlr : le Président de la République) au téléphone mais il n’y a pas eu de suite. Avec les FRCI, nous n’avons aucun rapport. Je suis dans ma base avec ma troupe. Le «Commando invisible» ne veut pas intervenir dans une cacophonie pareille. Nous
sommes prêts à discuter mais avec des règles. Pour l’instant, à qui pourrions-nous nous rallier? Qui commande quoi? L’armée de Ouattara est une milice, il n’y a pas de chef, mais des chefferies. C’est un pouvoir hybride et tout pouvoir hybride est dangereux. Si Alassane Ouattara veut aller à la paix, alors il faut qu’il vienne discuter avec nous. Il est grand temps de s’asseoir et de parler» dixit Ibrahim Coulibaly. Le fossé entre le camp d’IB et l’armée régulière se creuse profondément d’autant que celui qui revendique la paternité de la rébellion ivoirienne se montre très critique à l’égard de ses frères d’armes appartenant aux Forces républicaines : «J’ai mal au cœur et j’ai peur pour l’avenir. La ville a été pillée et ça continue. Tous les jours il y a des camions remplis de butins qui partent vers le nord. C’est le désordre total. Aucun militaire n’est retourné dans les casernes. Seuls les
officiers de l’armée qui cherchent des postes se sont ralliés à Ouattara. Mais aucun ne s’est rendu avec sa troupe. Les hommes sont armés dans les rues et représentent un danger pour la nation. S’ils sont rassurés, s’ils ont des personnes dignes pour les diriger, ils y retourneront. Mais ils ne se mettront jamais sous le commandement de types comme Wattao ou Shérif Ousmane (ndlr: ex-chefs rebelles ralliés aux FRCI aujourd’hui). Ils craignent pour leur vie. Ils veulent bien rentrer dans les casernes mais en s’assurant qu’il n’y aura pas de représailles» souligne-t-il à «La Tribune de Genève» confirmant la profonde mésintelligence entre son camp et les Frci. Cependant, Ibrahim Coulibaly reconnait que «Alassane Ouattara a été élu démocratiquement ». Il appelle pour ce faire les Ivoiriens à «lui faire confiance pour cinq ans et lui doit mériter la confiance que le peuple lui a donnée».
COULIBALY Vamara
Soir Info
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