Côte d’Ivoire / Fin de la crise postélectorale
Ouattara le dernier vainqueur de la bataille des héritiers d’Houphouët
Alassane Ouattara ferme un cycle : la guerre des héritiers du premier Président de la Côte d’Ivoire moderne. Acteur décisif de la vie politique ivoirienne depuis 1990, le nouveau Président de la République est le dernier des trois ou grands de la vie politique ivoirienne, à accéder à la magistrature suprême (Bédié, Guéi, Gbagbo). Laurent Gbagbo parlait de la bataille des héritiers. Une bataille dont il avait su tirer profit à sa façon. L’ancien président s’était lui posé, non en héritier, mais en successeur d’Houphouët. Même si vers la fin, Laurent Gbagbo avait fini par faire de l’houphouetisme à sa façon, rendant un hommage posthume et indirect au «Vieux», le FPI au fond n’a jamais revendiqué l’héritage du «Vieux». Alassane Ouattara a donc mis fin à la parenthèse ouverte par feu le général Guéi avec le coup d’Etat de Décembre 1999. Une parenthèse poursuivie bon an mal an avec les années Gbagbo. Sa fermeture avec la victoire d’Alassane Ouattara sonne le glas de la guerre des héritiers de Félix Houphouët-Boigny. Une bataille terrible qui a entraîné le pays dans tant de tourbillon. Un cycle se ferme, mais un autre s’ouvre : l’avènement du Président Ouattara qui a su attendre son heure, et le temps de son destin. Laurent Gbagbo, a surgi et pris le pouvoir avant le président Ouattara. Tel était le destin… Et cette situation confirme un peu l’adage qui dit que c’est Dieu qui donne le pouvoir. Dieu, d’une manière ou d’une autre, a voulu éprouver Ouattara. C’est ainsi que le pouvoir était tombé entre les mains de Laurent Gbagbo, avant lui.
5 présidents, 2 Akans, 2 ressortissants de l’Ouest et 1 ressortissant du Nord
La Côte d’Ivoire vient donc de connaître le cinquième président de son histoire, à 50 ans ! Cinquième président mais premier ressortissant du Nord, et premier président musulman. Houphouët et Bédié étaient Baoulé et du Centre. Le règne cumulé des deux chefs d’Etat a duré 39 ans. Robert Guéi(Yacouba), et Laurent Gbagbo(Bété), étaient de l’Ouest. Les deux ont passé onze années au pouvoir. Bien entendu ce survol à grands traits, pour ne pas dire ce raccourci de l’histoire de notre pays, ne tient pas compte des spécificités ni des particularités des années Houphouët, des années Bédié. Tout comme Robert Guéi a été bel et bien différent de Laurent Gbagbo. Toutefois ce survol donne des indications sur l’exigence de se pardonner et de se réconcilier. Alassane Ouattara est du Nord. La géopolitique à l’Ivoirienne montre bien que la République sait être généreuse pour ses fils et ses filles, quand ceux-ci, acceptent de se mettre à sa disposition. Certes notre histoire a été émaillée de sang et de crimes, certes nous aurions pu arriver à l’avènement de Ouattara au pouvoir. Mais tout cela est arrivé. Alors on fait comment ? Doit-on continuer de palabrer et de faire parler les armes ? Notre histoire, nous devons l’assumer. Ces réalités du jour peuvent bien déranger, mais il faut faire avec. La géopolitique s’est imposée à nous, par la force des armes, du destin mais surtout à travers le choix des Ivoiriens. Homme de transition, Alassane Ouattara devra aider à renforcer et raffermir le sentiment d’appartenance à la Nation ivoirienne. Le conglomérat d’ethnies autochtones et de populations étrangères, formera désormais un grand bloc, dans lequel personne ne se souciera de l’ethnie de tel ou tel autre. Les années Ouattara et ensuite l’après Ouattara devront signer la fin de la politique d’exclusion et de division. Etre ivoirien et être fier de l’être, sans considération de l’origine ni de la manière dont on est, (devenu) Ivoirien.
Charles Kouassi
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Ouattara en transition entre deux générations
Fermer un cycle mais ouvrir un autre. Voici Ouattara en train de devenir un homme de transition. Qui va faire passer d’une Côte d’Ivoire à une autre. Qui va aussi faire passer à une autre génération. Le Président Ouattara a 68 ans. Dans cinq ans, ou dans dix ans, on devra voir de nouveaux visages. En vérité le nouveau chef de l’Etat est le dernier des Mohicans. Il ferme la marche au pouvoir des hommes de sa génération. Alassane Ouattara étant âgé de trois ans de plus que Laurent Gbagbo, il faut estimer que le FPI voudra conjuguer l’avenir sans l’ancien chef de l’Etat. Affi N’Guessan, Mamadou Koulibaly et bien d’autres devraient pouvoir jouer leurs cartes.
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