Ouestafnews – L’affaire « Probo Koala » du nom de ce cargo qui avait déversé en 2006 d’énormes quantités de déchets toxiques dans la capitale économique ivoirienne, Abidjan, vient de refaire surface à la faveur d’une décision controversée de la justice néerlandaise.
La Cour d’appel de La Haye, dans une décision en date 13 avril 2011, a rejeté une plainte déposée depuis septembre 2009 par l’organisation écologique Greenpeace qui avait intenté un procès contre « Trafigura », la multinationale qui avait affrété le bateau à l’origine des faits.
Dans un communiqué motivant sa décision, et rapporté par plusieurs médias, la Cour a indiqué que « la possibilité de mener des poursuites est incertaine » car « aucun des suspects n’a la nationalité néerlandaise ou ne vit aux Pays-Bas ». par ailleurs poursuit le texte, « les activités des sociétés mises en cause sont pour l’essentiel localisées hors des Pays-Bas ».
En provenance d’Amsterdam où une société devait s’occuper de la décontamination le « Probo Koala » affrété par Trafigura avait au mois d’août 2006 déversé nuitamment d’importantes quantités de déchets toxiques (581 tonnes, selon plusieurs sources) à travers la ville d’Abidjan, causant la mort de 17 personnes et des milliers de cas d’intoxication, selon la justice ivoirienne.
Pour Marietta Harjono, responsable de la section « déchets toxiques » au sein de Greenpeace la décision de la justice néerlandaise constitue « une énorme erreur et une journée noire pour les victimes et l’environnement en Côte d’Ivoire ».
« Par conséquent, Trafigura ne sera pas obligé de justifier du fait d’avoir mis en danger des vies humaines et d’avoir pris le risque de polluer l’environnement en Afrique », a-t-elle notamment regretté, citée par un communiqué de son organisation.
L’affaire Probo-Koala, qui avait fait grand scandale en Côte d’Ivoire et à l’étranger, fut un des chapitres noirs du régime du président Gbagbo, arrêté le 11 avril 2011, pour avoir refusé de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara après avoir perdu le second tour de la présidentielle organisée quarre mois plus tôt.
A la suite de ce scandale, la Côte d’Ivoire avait en février 2007 accepté le principe d’une indemnisation à hauteur de 152 millions d’euros (100 milliards de FCFA dont 22 milliards supposés distribués aux victimes) en contrepartie d’un abandon de toutes poursuites judiciaires. La démarche avait fait l’objet de vives critiques à l’époque de la part de plusieurs organisations.
Pour l’heure Trafigura, une multinationale qui se définit d’après son site internet comme le « troisième groupe mondial parmi les plus actif dans le négoce pétrolier » n’ a été condamnée que pour exportation illégale de produits toxiques en juillet 2010, avec une amende d’un million d’euro (plus 655 millions FCFA) par la justice hollandaise.
Pourtant, selon Greenpeace, la justice disposait de « suffisamment de preuves, et de témoignages, pour condamner la société en raison du déversement illégal (des déchets) en Côte d’Ivoire, et non seulement pour l’exportation illégale ».
D’autres entreprises occidentales, comme la française Areva, active dans l’exploitation de l’uranium au Niger et au Gabon, ainsi que plusieurs autres grandes sociétés pétrolières ou minières, sont souvent pointées du doigt par les organisations de défense de l’environnement, comme portant atteinte à la santé des populations locales et à l’environnement, sans jamais avoir faire face à leurs responsabilités.
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