Alassane et dominique ouattara, le président de Côte d’Ivoire et son épouse
Contrairement à une légende tenace, Nicolas Sarkozy n’a jamais marié Alassane et Dominique Ouattara à Neuilly. Le nouveau président de Côte d’Ivoire — qui était alors Premier ministre — et son épouse — une Française née en Algérie — se sont en réalité unis le 24 août 1991 à la mairie du XVIe arrondissement de Paris, et l’actuel locataire de l’Elysée n’était même pas présent.
Il est vrai, en revanche, que Sarkozy et Ouattara se connaissent bien et s’apprécient. « Nous nous parlons à chacun de mes passages en France. Nicolas Sarkozy est un ami », confiait Ouattara, juste au début de sa campagne présidentielle. « Depuis son élection, le 28 novembre — et durant les quatre mois pendant lesquels le président a été reclus comme dans une prison au Golf Hôtel d’Abidjan —, les deux hommes se sont parlé très souvent au téléphone, parfois plusieurs fois par jour au plus fort de la crise », assure son conseiller diplomatique, Ally Coulibaly, aujourd’hui ambassadeur de Côte d’Ivoire à Paris.
Mais l’homme qui va présider pour cinq ans aux destinées de la Côte d’Ivoire n’est pas le premier chef d’Etat africain noir et musulman à avoir épousé une Française, blanche et chrétienne. « Avant lui, rappelle un spécialiste de l’Afrique, le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, avait bien épousé Viviane et le président gabonais, Ali Bongo, la belle Sylviane. »
Entre ADO, comme tous les Ivoiriens appellent Alassane Dramane Ouattara, et son épouse, Dominique, c’est non seulement une histoire d’amour, mais aussi d’affaires et d’intérêts car « Ouattara doit toute sa carrière à son épouse », comme l’explique un politique ivoirien peut-être un jeu jaloux .
Femme d’affaires et de réseaux, la belle Dominique l’impose comme Premier ministre au « vieux », le président Félix Houphouët-Boigny, qui l’avait prise sous son aile et dont elle était très proche. De fait, Dominique, alors épouse Folloroux, va gérer toutes les affaires et biens immobiliers de la famille Houphouët-Boigny.
« Notre première rencontre fut professionnelle, raconte la nouvelle première dame. Alassane était alors directeur Afrique du FMI à Washington et il est venu me confier à Abidjan la gestion de ses affaires. » C’était au milieu des années 1980, mais ils ne tomberont amoureux que quelques années plus tard.
Entre-temps, le groupe Aici, qui s’occupe de gestion et de transactions immobilières prospère et s’implante à Paris, à Cannes puis à Libreville et à Ouagadougou. Elle rachète également la licence des salons de beauté Jacques Dessange et en fait un véritable business aux Etats-Unis.
Avant de rentrer ce week-end à Abidjan, Dominique Ouattara s’est cependant séparée de toutes ses affaires pour tenir un engagement pris par son époux pendant la campagne. « Mon mari est un homme de parole. Je suis triste de quitter les affaires et mon indépendance économique, mais c’est la vie! » confie-t-elle.
« Je la connais depuis dix-huit ans. Si elle a fait beaucoup d’affaires, que je vais désormais reprendre et gérer, c’est avant tout une femme de cœur », assure Mme Gandon, en soulignant que sa patronne « va se consacrer à son rôle de première dame ». Avant d’ajouter : « Comme Carla Bruni-Sarkozy, elle parle très bien anglais et, comme Michelle Obama, elle sera très impliquée auprès de son mari. »
Catholique pratiquante, Mme Ouattara va aussi se consacrer à sa fondation, Children of Africa, lancée en 1998. « En Côte d’Ivoire même, où tout est à reconstruire, nous allons être beaucoup sollicités », reconnaît Nadine Sangare, sa fondée de pouvoir à Abidjan.
« Elle aime beaucoup l’argent et tout ce qui brille, c’est sans doute ce qui la rapproche de Nicolas Sarkozy et de Cécilia, dont elle est restée très proche », nuance une connaissance, en rappelant que, pour un dîner de gala de sa fondation au palais de Chaillot, elle avait même invité Johnny Hallyday et Naomi Campbell.
Le couple, qui devrait s’installer à la mi-mai au palais présidentiel de Yamoussoukro, ne manque pas de moyens. « Pendant toute la campagne, j’ai eu ainsi un jet privé et deux hélicoptères pour me déplacer à l’intérieur du pays », reconnaît Ouattara, qui nous confiait en novembre : « Mon épouse et moi, nous avons des moyens et des affaires qui marchent. J’ai un institut de conseil qui a des contrats importants de plusieurs millions de dollars avec des pays africains comme le Congo et le Gabon. Et mon épouse a son agence immobilière. Contrairement à Gbagbo, moi, j’ai travaillé pendant trente ans. Au FMI, où j’étais directeur général adjoint, j’étais mieux payé que le président Clinton. » Accusé d’« ivoirité douteuse », Ouattara est exclu de la campagne pour la présidentielle d’octobre 2000, que Laurent Gbagbo remportera dans des conditions « calamiteuses », selon sa propre expression. Dix ans plus tard, celui qui échappa de peu à la mort en septembre 2002 — lorsque sa superbe propriété de Riviera Golf, sur les bords de la lagune Ebrié, fut incendiée et pillée — prend une belle revanche sur le destin et sur le « boulanger d’Abidjan », comme les Ivoiriens ont surnommé Gbagbo pour avoir roulé tout le monde dans la farine.
Le Parisien
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