VÉRITÉ ET RÉCONCILIATION
EN CÔTE D’IVOIRE
le mythe de la paix des porcs- épics
Quand vint dans la jungle, après un grand cataclysme généralisé, le temps pour les animaux de faire la paix, d’abord entre espèces de même nature avant la grande fusion, tous s’assemblèrent harmonieusement et très facilement, sauf les porcs-épics. Mammifères rongeurs couvert de piquants, ces derniers eurent toutes les peines à se rassembler pour édifier leur union, gage de toute future sécurisation de la race. Difficile, franchement, de se retrouver dans un même cercle, quand leurs piquants transperçaient les uns, crevaient les yeux des autres. Mâles et femelles, petits et grands, tous manifestaient un vrai mal de vivre, tous étant dangereux à leur manière et à des degrés divers. Mais c’était sans compter avec la sagesse de ces animaux en fin de compte, qui ont su trouver en leur sein, les fondements nécessaires à leur union, puisque, non unie, l’espèce était appelée à disparaitre, immanquablement. Ainsi, par convention collective, les porcs-épics décidèrent de se rassembler, mais tout en le faisant, chacun devait se tenir à une distance respectable de son voisin immédiat, et ainsi de suite, ils sont parvenus à contenir dans un même cercle où la sécurité de l’espace était garantie vis-à-vis des autres espèces, mais aussi pour leur bonne cohabitation.
Aucune alternative, il s’agit de faire comme les porcs-épics, en Côte d’Ivoire!
A l’instar d’autres peuples sur les autres portions de terres dites nations, le hasard a fait des hommes et des femmes se retrouver sur un petit carré d’une superficie totale de 322 462 km2 en Afrique de l’ouest. Baptisée par l’explorateur, CÔTE D’IVOIRE, gérée comme telle par le colonisateur, les habitants de cette portion de terre n’avaient d’autres solutions que de vivre ensemble jusque-là. Mais voilà que le syndrome des porcs-épics vient d’éprouver ce peuple, montrant leur incapacité à s’accepter pour vivre ensemble. Avec la fin des soleils gbagbo, nous voici face à la métaphore du mythe de ces animaux à piquants pointus. L’unité nationale est cassée, l’adversité est dure comme du granite, les relations interhumaines sont tendues comme des nerfs de buffles bicentenaires, les murmures sont devenus des cris de guerre, nos mains suintent de notre sang, notre légendaire cordialité brûle dans les flammes du supplice du collier, et, pendant ce temps de grande ivresse colérique, la famine nous talonne au quotidien. Se faire un demi-repas par jour est devenu une épouvantable et insurmontable épreuve pour certaines familles. Mais alors, et si nous faisions comme les porcs-épics, nous accepter tels que nous sommes ? De toute façon, on n’a pas d’autres choix ! Mais avant, tuons dieu !
Les obsèques de dieu en CÔTE d’IVOIRE, pour une laïcité républicaine !
La légende ne rapporte pas que les porcs-épics respectaient un dieu, ce peut-être la cause de leur réussite sociale, quant à l’acceptation des uns par les autres, cela, malgré leurs défauts. Aucun porc-épic, en tout cas le texte fondant le mythe ne le mentionne pas, n’a eu à changer de nature avant que n’intervînt la grande paix entre eux. Bien au contraire, le seul préalable fut que chacun soit accepté dans le cercle avec ses piquants, quelle qu’en fût la longueur ou l’épaisseur. Et si nous tuions dieu chez nous pour aller à l’essentiel, c’est-à-dire l’édification définitive de Notre-Vivre-Ensemble. Et si nous étouffions la scabreuse litanie, celle qui, macabrement, divise le pays entre musulmans et chrétiens, sans même tenir compte de la présence des autres confessions, animistes (la première religion du pays !!!), bossonistes, bouddhistes, athées, adorateurs de grottes et d’arbres tordus… ? Et si, à défaut de tuer notre dieu, nous le minimalisions au maximum, cela au nom de notre laïcité républicaine? Dans ce cas nous n’aurons qu’à nourrir notre liberté de vivre ensemble, dans un premier temps, avant d’adhérer librement aussi à la religion qui nous convienne ? En ce moment là, dieu ne jouant que le dernier des rôles en CÔTE D’IVOIRE, nous aurons la force nécessaire de construire Notre-Vivre-Ensemble. Cessons de tomber dans les abîmes de nos fantasmes, Jésus ne ressuscitera pas chez, il n’a donc aucune main sur nous et ne nous a jamais connus! Mahomet ne surgira pas en CÔTE D’IVOIRE pour nous sauver de nos misères, parce qu’il n’a jamais connu ce pays et n’en a jamais entendu parler ! Le pouvoir au 21ème siècle ne descend ni de Jésus, ni de Mahomet, ni d’autres divinités fantasmagoriques, c’est le peuple qui l’offre en toute légitimité, donc en toute liberté. Et celui à qui on le lègue n’a pas à le gérer selon les supposées humeurs de Jésus, ou de Mahomet, encore moins de Bouddha.
Nous sommes donc des porcs-épics actuellement en CÔTE D’IVOIRE, chacun constituant un danger permanent pour son voisin immédiat et pour la collectivité. C’est pourquoi, aux assises de la prochaine séance de réconciliation nationale, il faudra inscrire en lettres d’or, comme un préalable, la redéfinition et le recadrage de notre laïcité républicaine. Là-dessus, nous n’allons pas badiner : la Liberté du citoyen d’abord, avant le religieux ! Si cela s’appelle diffamer, nous allons l’assumer, au nom de notre-vivre-ensemble ! Grosse parenthèse ouverte donc pour mes concitoyens….adore ton dieu dans ta case, mais célébrons notre grandeur de vivre ensemble sur la place publique !
Au nom de ma liberté de dire ce que j’ai entre le cou et la bouche !
Amidou Konaté
Homme de lettres, écrivain Ivoirien, président de la Coordination des Travailleurs de la Fonction Publique Ivoirienne en Exil, (C.T.F.P.I.E)
Amidoukonate2003@yahoo.fr
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