Compaoré limoge le gouvernement burkinabé et le chef de l’armée

OUAGADOUGOU (Reuters) –

Par Mathieu Bonkoungou –

Le président burkinabé Blaise Compaoré a limogé vendredi son gouvernement et son chef d’état-major, rapporte la radio nationale, à la suite d’une mutinerie dans les rangs de l’armée.

Selon un communiqué de la présidence diffusé par la radio, Blaise Compaoré a prononcé la « dissolution du gouvernement ». « Les secrétaires généraux des départements ministériels assurent l’expédition des affaires courantes », précise le communiqué.

Il a également nommé le colonel Nabéré Honoré Traoré au poste de chef d’état-major général des armées en remplacement du général Dominique Djindjeré.

Ces décisions font suite à la plus sérieuse manifestation de la colère qui secoue l’armée burkinabée depuis un mois. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des soldats du régiment de sécurité présidentielle ont fait usage de leurs armes aux abords du palais présidentiel à Ouagadougou.

Selon un responsable militaire, ces jeunes soldats protestaient contre le non-versement de leur solde.

La même source a rapporté que des soldats venus de trois autres casernes avaient rejoint les protestataires et attaqué les lieux de résidence de chefs militaires responsables de la sécurité du président.

Avant le retour au calme, en début d’après-midi, les tirs ont continué dans certains quartiers de Ouagadougou, tandis que des soldats pillaient des magasins et réquisitionnaient des voitures.

TENSIONS LATENTES

Blaise Compaoré, porté au pouvoir par un coup d’Etat en 1987, fait face depuis le mois de mars à des soulèvements de membres de l’armée, qui protestent, entre autres, contre la condamnation à des peines de prison de cinq des leurs, jugés coupables d’agression sur un civil.

Une source militaire a indiqué que les demandes des mutins ont été satisfaites. « Nous avons trouvé de l’argent pour répondre à leurs attentes, donc ça doit être la fin du problème. Mais on ne sait jamais avec ces gamins », a déclaré cette source, ajoutant que 40 voitures avaient été volées par les soldats.

Plusieurs casernes du Burkina Faso ont été secouées par des mutineries depuis le mois dernier, occasionnant des morts et de nombreux pillages de commerces.

Selon plusieurs sources au sein de l’armée, le président Compaoré, qui a entrepris ces derniers jours une série de concertations pour tenter de faire baisser la tension, aurait quitté Ouagadougou pour sa ville natale de Ziniare, à une quarantaine de kilomètres de la capitale, pour des raisons de sécurité.

Mais vendredi après-midi, il a reçu le chef de la mission de l’Onu en Côte d’Ivoire (Onuci) dans son palais de Ouagadougou. Si Compaoré a eu l’air détendu et a posé pour les photographes, il n’a en revanche pas participé à la conférence de presse.

Pour Lydie Boka, analyste chez Strategico, « une mutinerie est à craindre, les soldats de la garde présidentielle étant mieux payés que les autres ».

« Ces dernières semaines, les étudiants, la population d’une manière générale et l’opposition sont descendus dans les rues du Burkina Faso pour manifester contre le régime », rappelle-t-elle.

Pays de 15 millions d’habitants enclavé dans l’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso a été relativement épargné par l’instabilité régionale, même si les autorités ont fait fermer les universités en mars à la suite de violentes manifestations étudiantes.

Producteur de coton, le pays a bénéficié ces dernières années de la hausse des prix des matières premières.

Avec Richard Valdmanis à Dakar; Clément Guillou, Olivier Guillemain, Benjamin Massot, Philippe Bas-Rabérin et Henri-Pierre André pour le service français
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