Par armees.com
L’opération Licorne est le nom de la participation des forces armées françaises, sous commandement français, au maintien de la paix en Côte d’Ivoire. Elle est distincte mais complémentaire de l’ONUCI.
Mission
La « Force Licorne [1] », commandée par un officier général (COMANFOR), assisté d’un général adjoint opérations, est organisée autour d’un PCIAT (poste de commandement interarmées de théâtre), stationné à Port-Bouët, dans le quartier du 43e BIMa (force prépositionnée, qui forme actuellement un GTIA).
Elle fut longtemps composée de groupements tactiques interarmes (GTIA), répartis sur le territoire de la Côte d’Ivoire, comprenant des unités de différentes armes ou services (infanterie, cavalerie, train, service de santé, actions civilo-militaires, etc.), d’un bataillon de l’aviation légère de l’armée de terre (BATALAT), d’un bataillon logistique (BATLOG), d’escadrons de gendarmerie mobile et d’unités prévôtales, et d’un groupement de transport opérationnel (GTO) de l’armée de l’air.
Depuis mars 2008, les structures ont changé, le bataillon logistique et le GTIA43 ont été dissous et l’ensemble des fonctions logistiques et du soutien sont assurés par la BSVIA, base de soutien à vocation interarmées stationnée à Port-Bouët.
La principale mission de la force Licorne est de soutenir l’ONUCI : la force française constitue une force de réaction rapide de troisième rang susceptible d’agir au profit de la force onusienne, celle-ci intervenant en soutien à l’action des forces armées ivoiriennes. Par ailleurs, Licorne peut, si besoin est, assurer la sécurité des ressortissants français et étrangers.
La force Licorne et l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire sont désignées en Côte d’Ivoire par les pro-Gbagbo par le terme de « Forces impartiales »
Le coût de cette opération est estimé à environ de 200 millions d’euros par an.
Historique
Cette opération militaire débute en septembre 2002 (début des événements de Côte d’Ivoire), indépendamment de l’opération des Nations unies, dans le cadre des accords de défense signés entre les deux pays le 24 août 1961. La France, puis la CEDEAO (Communauté des États d’Afrique de l’Ouest), envoient d’importants contingents militaires pour séparer les belligérants (forces d’interposition) [2]. Selon les autorités françaises, soutenues par une résolution des Nations unies, cette interposition aurait permis d’éviter une guerre civile et de nombreux massacres.
Un accord entre toutes les forces politiques est signé en France, à Marcoussis, le 24 janvier 2003. Il prévoit simultanément le maintien du chef de l’État en exercice, le président Laurent Gbagbo, la mise en place d’un gouvernement de réconciliation nationale intégrant des représentants de la rébellion et la mise en œuvre d’un programme abordant les principaux sujets de fond à l’origine de la crise ivoirienne (nationalité, propriété foncière rurale, éligibilité, restructuration de l’armée, désarmement de la rébellion).
L’objectif en est la tenue d’élections démocratiques fin de l’année 2005 (fin octobre), mais celles-ci seront repoussées. Le Conseil de sécurité des Nations unies fait sien cet accord. Le 4 avril 2004, l’ Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire(ONUCI, 6 240 hommes) prend le relais des contingents de la CEDEAO, aux côtés de la force Licorne qui reste en soutien sous commandement français (4 600 hommes).
Le 6 novembre 2004, l’aviation gouvernementale ivoirienne effectue un raid aérien sur la position française de Bouaké. On déplore 9 morts et 37 blessés parmi les soldats français (2e régiment d’infanterie de marine, régiment d’infanterie-chars de marine, 515e régiment du train). Les forces françaises ripostent, quinze minutes après l’attaque, en neutralisant, sans les détruire, l’ensemble des forces aériennes ivoiriennes : deux Soukhoï Su-25 et des hélicoptères de combat sur la base de Yamoussoukro.
Le président français Jacques Chirac donne l’ordre de destruction de tous les moyens aériens militaires ivoiriens, afin d’empêcher toute nouvelle attaque des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) contre les « rebelles » des Forces armées des forces nouvelles, qui serait contraire aux Accords de Marcoussis, et d’interdire d’autres agressions contre les positions françaises.
Les évènements de novembre 2004, pendant lesquels l’armée française ouvre le feu sur des manifestants ivoiriens hostiles, mettent la force Licorne en position délicate vis-à-vis des populations civiles. La mort suspecte d’un ivoirien [3], en mai 2005, provoque la suspension, puis le blâme et la mutation, du général de division Henri Poncet et de son adjoint opérations, le général de Malaussène, ainsi que la suspension du colonel Éric Burgaud, chef de corps du 13e bataillon de chasseurs alpins et d’un sous-officier de ce bataillon par le ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie.
L’opération Licorne a impliqué plus de 5 000 hommes et femmes au plus fort de la crise en novembre 2004 [4]. Les troupes françaises ont été ramenées à 2400 militaires depuis août 2007, puis à 1800 hommes à partir de mars 2008 [4].
Le 31 juillet 2008, le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé, pour six mois, les mandats de l’ONUCI et de l’opération Licorne. Ceux-ci sont ainsi prolongés jusqu’au 31 janvier 2009, dans le but de sécuriser l’élection présidentielle qui doit se tenir le 30 novembre 08.
Les légionnaires et marsouins dans l’opération
Dès le 22 septembre, le 43e bataillon d’infanterie de marine stationné à Port-Bouët, est renforcé par des éléments des forces françaises pré-positionnées dans la région (Gabon, Sénégal, Djibouti et Tchad) et la 11e BP dont le 2e REP, pour assurer la sécurité des ressortissants français et ceux de la communauté internationale.
Le 1er octobre, un état-major tactique (EMT) français est mis en place. Le Président Laurent Gbagbo demande à la France de contrôler le cessez-le-feu qu’il réussit à instaurer. Le 1er décembre, ont lieu les premiers affrontements meurtriers entre militaires français et rebelles à Man. Les effectifs français passent à 2.500 hommes. C’est l’opération Licorne.
En février 2003, 1500 hommes supplémentaires seront acheminés. Le 19 mars 2003 , le 2e régiment étranger d’infanterie, (2e REI relève le 2e REP et occupe les postes du groupement tactique interarmes ouest (GTIAO). Ce groupement, appuyé par l’arrivée des AMX 10 RC du 1er REC, réussit à ouvrir une brèche vers l’ouest, alternant négociations et intimidation. Après avoir implanté des unités sur Duekoue et Guiglo, des patrouilles effectuent des reconnaissances jusqu’à Toulepleu puis Hangolo.
Afin de faire évoluer la situation et accélérer le mouvement vers la paix, le groupement a été engagé dans l’opération Promontary. Elle a permis en effectuant une reconnaissance offensive sur deux axes, de s’implanter enfin dans le grand ouest à Teapieu et de dégager une zone de confiance. L’ensemble des unités du groupement ouest est réparti sur un front de plus de 200 km, de Daloa à Teapleu.
En mai, un cessez-le-feu général est signé, mais le 23 juillet, deux soldats français sont tués par des éléments incontrôlés des FAFN. Divers troubles perdurent, contrôlés par les troupes ivoiriennes épaulées par les Français. L’ONU déploie des troupes bénéficiant du soutien de la force Licorne. Le 24 juin, les postes militaires français de Gohitafalan sont attaqués et un militaire du 40e régiment d’artillerie est tué.
En novembre, la situation se dégrade. Le Samedi 6 novembre 2004, à 13 heures 05 (heure locale), l’un des Soukhoï Su-25 des forces armées de Côte d’Ivoire largue une bombe de 250 kg sur le camp français de Bouaké, l’ancienne école Descartes transformée en base de soutien à 1500 mètres de la position rebelle la plus proche. Le bilan est lourd : 9 militaires français tués ainsi qu’un humanitaire américain appartenant à une ONG, et trente sept autres blessés, dont plusieurs très grièvement. Les victimes sont pour l’essentiel des marsouins du RICM et du 2e R.I.Ma. Le général Bentégeat, chef d’état-major de l’armée française, ordonne la destruction des chasseurs. À 14 heures 20, une section du 2e RIMa met hors-de-combat les deux Sukhoi SU-25 avec des missiles Milan, alors qu’ils sont en train d’être ravitaillés en armes et carburant sur l’aéroport de Yamoussoukro. Un mécanicien est tué. Attaqués par un hélicoptère MI-24, les Marsouins le repoussent par des tirs de mitrailleuse.
La force Licorne s’empare de l’aéroport d’Abidjan. Des mouvements de foule violents éclatent dans la capitale. La force Licorne, renforcée par des moyens terrestres, aériens et navals se redéploie sur la capitale pour sécuriser les ressortissants français et étrangers puis permettre le départ des volontaires.
Environ 8.000 ressortissants quittent le territoire ivoirien, en utilisant pour la majorité d’entre eux les moyens aériens civils réquisitionnés par le ministère des Affaires étrangères.
Le 7 novembre, une colonne de blindés du RICM fait route de Man vers l’ancienne capitale, en prévenant rebelles et FANCI de ce déplacement. Les FANCI dressent cependant plusieurs embuscades et ouvrent le feu sur le convoi français. Huit soldats ivoiriens sont tués et 15 blessés à Douékoué ; à l’entrée d’Abidjan, d’autres combats ont pu faire des victimes.
La colonne française met environ 24 heures pour faire les 850 km de route, car elle a quand même accepté de discuter à certains barrages.
Un hélicoptère français mitraille la résidence du chef de l’état ivoirien à Cocody. L’artillerie ivoirienne présente en ces lieux riposte mais un hélicoptère français la neutralise d’un missile Hot.
Au total, 5 200 militaires français sont désormais en Côte-d’Ivoire, Presque dix fois plus qu’en 2002. Trois Mirage F1 CR de reconnaissance et d’attaque au sol ont également été dépêchés au Gabon. Près de 700 militaires dont un escadron de gendarmerie mobile sont arrivés à Abidjan, en provenance de Libreville (Gabon) et de France, pour protéger les ressortissants français et étrangers.
En 2006, la situation devenue plus calme est toujours sous contrôle de force de l’ONU et de Licorne. Calme apparent émaillé de troubles d’éléments incontrôlés.
La Force Licorne en 2011
La Force Licorne compte habituellement environ 900 militaires.
Au mois de février 2011, la Force Licorne a été renforcée et passe à 1 100 hommes [5].
En avril 2011 suite à la résolution 1975 du Conseil de Sécurité de l’ONU, la Force Licorne est redéployée dans le but de protéger les ressortissants français, d’apporter un soutien à l’ONUCI [6] et de détruire les armes lourdes des forces pro-Gbagbo utilisées contre des civils. Depuis le 2 avril, des éléments de commandement et trois compagnies, issues du 2e REP, du RMT et du 3e RPIMa, ont été projetées afin de renforcer les effectifs de la Force Licorne. Ils sont désormais 1 650 militaires français à Abidjan [7]. Le 11 avril 2011, grâce à l’aide de la Force Licorne, Gbagbo a été arrêté [8].
Commandants de l’opération Licorne
1er octobre 2002 – 30 mai 2003 : général Emmanuel Beth (ancien officier parachutiste de la légion étrangère, commandant jusqu’alors la 11e brigade parachutiste à Balma).
1er juin 2003 – 3 juin 2004 : général Pierre-Michel Joana (ancien officier parachutiste des troupes de marine, sous-chef d’état-major opérations-logistique (OPS-LOG) de l’état-major de l’armée de terre (EMAT).
4 juin 2004 – 14 juin 2005 : général de division Henri Poncet (ancien officier parachutiste des toupes de marine).
14 juin 2005 – juin 2006 : général de division Elrick Irastorza (ancien officier parachutiste des troupes de marine qui succède au général de division Henri Poncet comme conseiller militaire au Comité de suivi des accords de Marcoussis).
Juin 2006 – 9 juillet 2007 : général de division Antoine Lecerf (ancien officier de légion et ancien commandant de l’état-major de force n° 4 (Limoges).
10 juillet 2007 – 12 juillet 2008 : général de division Bruno Clément-Bollée (ancien officier des troupes de marine spécialité blindée).
12 juillet 2008 – 5 juin 2009 : général Philippe Houbron (ancien officier du génie de l’air)
5 juin 2009 – 10 décembre 2009 : général de brigade Jean-François Hogard (officier des troupes de marine spécialité blindée).
10 décembre 2009 – 10 juin 2010 : général de brigade Francis Autran (ancien officier du génie de la légion étrangère)
10 juin 2010 – : général de brigade Jean-Pierre Palasset commandant la 1re brigade mécanisée délégué militaire départemental de la Marne et commandant d’armes de la place de Chalons-en-champagne (ancien officier de l’infanterie chasseur alpin)
L’ONUCI (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire) est d’abord commandée par deux généraux sénégalais, Papa Khalilou Fall, de 2003 à 2004 puis Abdoulaye Fall, de 2004 à 2006 suivis de 2006 à 2010 par le général de division béninois Fernand Marcel Amoussou, puis par le général bengali Abdul Hafiz. Depuis le 22 mars 2011, l’ONUCI est commandée par le Major General Gnakoudè Béréna (Togo).
Notes et références
1.Le nom de baptême de cette opération proviendrait du nom d’un établissement à Libreville (Gabon), d’où sont partis les premiers contingents dès septembre 2002.
2.Les flottilles 21F et 23F de la Marine Nationale ont également participé à l’opération Licorne avec l’avion de patrouille maritime ATL2.
3.L’affaire Firmin Mahé
4.a et b Les troupes françaises présentes en Côte d’Ivoire vont être à nouveau allégées dans Le Monde du 20 janvier 2008.
5.http://www.defense.gouv.fr/operations/cote-d-ivoire/dossier/les-forces-francaises-en-cote-d-ivoire
6.http://www.defense.gouv.fr/operations/cote-d-ivoire/actualites/cote-d-ivoire-accueil-de-ressortissants-sur-le-camp-de-port-bouet
7.http://www.defense.gouv.fr/operations/cote-d-ivoire/actualites/cote-d-ivoire-point-de-situation-du-5-avril-2011
8.http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/04/11/les-forces-francaises-nient-avoir-procede-a-l-arrestation-de-gbagbo_1506101_3212.html#ens_id=1476585
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