Droit à la vie Exécutions sommaires des personnalités politiques et militaires – le cas du Général Robert GUEI ?

Au moment ou ce qui reste encore de la Refondation tente de créer la polémique sur les traitements infligés à Laurent Gbagbo, sa première épouse Simone et leurs proches, nous vous repassons le rapport d’enquête sur le massacre du clan Guéi par les hommes armés de Simone Gbagbo et de Laurent Gbagbo. Nous étions le 19 septembre 2002. A l’analyse donc, les pro-Gbagbo n’ont pas à trop se plaindre du traitement infligé au mauvais perdant du 28 novembre dernier. Moussa Dadis est parti du pouvoir avec une balle dans la tête, Samuel Doe torturé et mort vidé de son sang, Nino Viera découpé à la machette pour ceux qui ont vu les photos de son autopsie, Thomas Sankara carrément abattu certes au combat…Choisir la voie de la justice pour Gbagbo et les siens, malgré les brimades, humiliations et bastonnades n’est rien comparé aux sorts subis par nombreux dictateurs. «Si Gbagbo et Simone avaient attrapé Ouattara, Hamed, wattao etc…, ils les auraient tous fait tuer , on connait les refondateurs pour ça » Propos d’un badaud tenu ce matin à Abidjan.
Connectionivoirienne.net

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Rapport sur la situation des droits de l’homme en République de Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002 jusqu’au 15 octobre 2004 conformément aux dispositions de l’annexe VI de l’Accord de Linas Marcoussis et à la déclaration du Président du Conseil de Sécurité du 25 mai 2004 (PRST/2004/17)

(…)Les droits civils et politiques

Exécution du général Robert Gueï, de son épouse et de sa garde rapprochée

Des témoignages concordants établissent que dans la journée du 18 septembre 2002, un mouvement suspect a été observé dans le camps militaire d’Akouedo à Abidjan comme si quelque chose se préparait. Un témoin a déclaré à la Commission que ces préparatifs concernaient Robert Gueï qui allait connaître des problèmes dans les heures suivantes. D’autres témoins ont indiqué à la Commission le nom du conducteur ainsi que l’identité du char « Comoé », le même qu’on retrouvera chez Alassane Ouattara et Adama Tongara (Maire d’Abobo) la nuit du 18 au 19 septembre 2002. Le 19 septembre 2002 vers 3 heures du matin, lorsque les premières attaques ont été lancées sur la ville d’Abidjan, le personnel de maison qui était en service ce jour a contacté le général Gueï pour l’informer des tirs. Vers 4 heures 30 du matin, le général Gueï est descendu de sa chambre en compagnie de son épouse et a demandé à son chauffeur d’apprêter la voiture, une Toyota Camry. Selon des témoins, le général Gueï était habillé d’un survêtement jogging de couleur blanche et de babouches. Le général a ensuite dit à son chauffeur que comme on ne sait pas qui tire et sur qui on tire, cela ne valait pas la peine de sortir. Les tirs se rapprochant de plus en plus du portail de la maison, le général Gueï et son personnel se sont réfugiés au garage. Le général a ensuite envoyé son gardien chercher une échelle à l’aide de laquelle son épouse et lui ont escaladé le mur de clôture de la résidence. Une fois descendus, ils se sont cachés derrière la clôture. Ils y sont restés jusqu’aux environs de 6 heures du matin puis le général Gueï a demandé à son épouse de retourner à la maison. Resté seul dans sa cachette, il a appelé sa femme vers 9 heures du matin pour lui dire qu’il était en train de se rendre à la cathédrale et qu’il fallait qu’elle avertisse les gens de la cathédrale afin qu’on puisse lui ouvrir le portail. Selon des sources concordantes, Robert Gueï s’est effectivement rendu à la Cathédrale d’Abidjan située non loin de sa résidence en vue d’y trouver refuge. Il a été accueilli par un membre du clergé dont la haute hiérarchie de l’église catholique en Côte d’Ivoire a refusé de révéler l’identité à la Commission. Ce membre du clergé a informé ses supérieurs de la présence de Robert Gueï à la Cathédrale. Le ministre d’État, ministre de la défense et de la protection civile, Moïse Lida Kouassi, qui était en charge de la gestion de la crise du 19 septembre 2002 jusqu’au retour de Rome du chef de l’État, a reconnu devant la Commission avoir reçu un coup de fil de la Cathédrale. Il s’agissait selon lui d’une personne, dont il ignore le nom, se présentant comme le Secrétaire général de l’archevêché qui l’a appelé dans la matinée du 19 septembre (il ne se souvient pas de l’heure exacte), pour l’informer qu’un groupe de militaires s’était rendu devant la cathédrale et, exigeaient d’entrer afin de rechercher le général Gueï. Le Secrétaire général de l’archevêché a demandé à Lida Kouassi d’ordonner aux militaires de quitter les lieux et de ne pas violer les locaux de la cathédrale. Le ministre d’État chargé de la défense a affirmé devant la Commission avoir ensuite appelé le colonel major Kasarate pour lui demander d’intervenir. Lida Kouassi a déclaré devant la Commission avoir appris la mort du général Gueï le 19 septembre 2002 vers 9 heures 30 ou 9 heures 45, par l’intermédiaire d’un groupe de soldats. Ces derniers ainsi que des journalistes qui étaient avec lui, parmi lesquels Paul Dokui, se sont rendus sur les lieux et ont contacté Lida Kouassi pour confirmer la mort du général Robert Gueï. Le ministre d’État a fait son premier discours à la nation le 19 septembre 2002 vers 10 heures du matin dans lequel il affirmait que le général Gueï était l’instigateur de la tentative de coup d’État et qu’il avait été tué au cours des combats. De nombreux témoins qui ont été avec le général Gueï juste avant le jour de sa mort, ou qui connaissaient son emploi du temps les semaines précédant les événements du 19 septembre 2002, ont réfuté la thèse officielle de l’implication du général dans l’organisation du coup d’État. D’après des témoignages concordants, le général Gueï était occupé à réorganiser son parti politique et préparait notamment les élections des bureaux des femmes de l’UDPCI. Il comptait ensuite quitter Abidjan pour retourner dans son village. À la vue des images du corps du général Gueï qui ont été présentées sur les écrans de la télévision ivoirienne le 19 septembre 2002, l’observateur a difficilement l’impression qu’il commandait des opérations militaires. Des témoins qui ont également regardé à la télévision ce jour là ont déclaré avoir remarqué que les souliers que le général Gueï portait étaient différents des babouches qu’il avait lorsqu’il a quitté la maison pour aller trouver refuge à la cathédrale. Le survêtement était également différent car celui qu’il portait en sortant de la résidence avait des manches longues contrairement à ce qu’il avait sur lui à la télévision. Le 19 septembre 2002 vers midi, l’aide de camp du général Gueï, Fabien Coulibaly avait été informé par un de ses éléments de la présence d’un char et d’une voiture 4X4 devant le domicile du général Robert Gueï et en avait fait part à l’un de ses cousins au téléphone. Le char était positionné devant le portail d’entrée. Deux hommes en treillis militaires seraient sortis du char et auraient commencé à tirer vers la résidence du général Gueï. Ils ont ensuite demandé à ceux qui se trouvaient de s’y rendre. Le capitaine Fabien Coulibaly, l’aide de camp du général Gueï, et les autres gardes se sont rendus sans résistance en obtempérant à l’ordre de l’équipe du «commando» identifiée comme étant des gendarmes dont certains appartenaient à la garde présidentielle. Selon un témoin, Fabien Coulibaly avait en effet confiance en l’officier qui leur avait intimé cet ordre car il le connaissait. Mais après s’être rendu, Fabien Coulibaly et ses compagnons ont été emmenés et tués. Des témoignages concordants font état de violences commises sur madame Gueï ainsi que sur une autre femme qui se trouvait à la résidence au moment de l’attaque. Madame Gueï aurait ensuite été abattue par l’un des militaires qui se seraient livrés à des scènes de pillage de la résidence de Robert Gueï, emportant tous les objets de valeur. L’un des éléments ayant pris part à cette opération a utilisé la voiture de madame Gueï, une Toyota Camry, pendant près de deux ans, sans plaque d’immatriculation, après l’avoir repeinte en bleu (alors qu’elle était grise à l’époque où elle était entre les mains de Madame Gueï). La Commission a eu l’occasion de voir les dépouilles de Robert Gueï et de son épouse Rose Gueï qui se trouvent encore à la morgue de Treichville, à Abidjan. Elle a pu constater que Robert Gueï et sa femme portaient de traces des balles dont les détails sont consignés dans le rapport d’autopsie du médecin légiste qui a assisté la Commission. Rose et Robert Gueï ont été abattus de balles notamment tirées à la tête et logées dans leur corps à partir d’une position qui indiquerait que les deux victimes se trouveraient par terre ou accroupies. Le médecin légiste qui a accompagné la Commission lors de cette visite à la morgue, a confirmé cette version.

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