Eric Denécé (*), directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, revient sur les conditions dans lesquelles s’est déroulé l’assaut final contre la résidence présidentielle où était réfugié Laurent Gbagbo.
Bien qu’à Paris, à l’état-major des armées, on veille à la fierté nationale ivoirienne, en assurant qu’à « aucun moment les forces françaises n’ont pénétré dans les jardins ou la résidence présidentielle », il est presque certain que ces dernières ont joué un rôle prépondérant dans l’arrestation de Laurent Gbagbo et de ses proches. Notamment les forces spéciales présentes au sein de Licorne. Autant que l’on sache, les soldats d’Alassane Ouattara ne sont pas en mesure de lancer des opérations sensibles qui réclament professionnalisme et doigté. Une demi-douzaine de pays dans le monde en sont capables. La France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne étant les seuls à pouvoir les entreprendre hors de leur territoire national. « Dans un cas comme celui de Gbagbo où, dans un premier temps, il est nécessaire de neutraliser les défenses (autour et à l’intérieur de la résidence présidentielle, NDLR) tout en préservant l’intégrité physique des personnes que l’on veut atteindre, il est probable que ce soit le 1er RPIMa (régiment de parachutistes d’infanterie de marine) qui soit entré dans le bâtiment », explique Eric Denécé (*), ancien officier et directeur du Centre français de recherche sur le renseignement. En principe, pour décider du moment opportun de l’intervention, les soldats disposent d’informations récoltées auparavant par d’autres unités, comme le 13e RDP (régiment de dragons parachutistes), spécialisé dans le renseignement. « En l’occurrence, on peut supposer que les hommes de Ouattara ont apporté des indications qui permettaient de déterminer les modalités et le moment de l’assaut », précise Eric Denécé. Dans les années 1990, la recherche des criminels de guerre en Bosnie a donné l’occasion aux forces spéciales françaises d’affiner leurs procédures d’engagement : planques, camouflage, surveillance, repérage d’itinéraire, envoi de données et de photos au COS (commandement des opérations spéciales, qui dépend directement de l’état-major des armées), qui permettent de préparer au mieux les opérations. « C’est ensuite aux forces d’intervention (comme le 1er RPIMA) de faire le travail. Elles sont prépositionnées et peuvent donc arriver rapidement sur les lieux. Par hélicoptère notamment. Le nombre des hommes engagés peut aller jusqu’à 30 ou 40. Tout dépend de l’adversité. On travaille alors l’effet de surprise et la force brute, ce sont des opérations violentes. »
(*) Forces spéciales, l’avenir de la guerre ? éd. du Rocher, 2011, 22 €.
Par Jean-Claude Galli
France Soir
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