Sériba Koné, envoyé spécial à Bouaké pour connectionivoirienne.net
Bouaké, localité située à plus de 400 Km d’Abidjan capitale économique de la Côte d’Ivoire, reste la capitale des Forces nouvelles, bastion imprenable et entièrement contrôlé par les hommes du Commandant Chérif Ousmane depuis septembre 2002.
Avec la crise qui s’enlisait à Abidjan depuis les affrontements militaires du jeudi 7 mars 2011 entre les Forces de défense et de sécurité pro-Gbagbo et les Forces républicaines du Président Alassane Dramane Ouattara, la commune de Bouaké accueille chaque jour un exode massif de populations en provenance d’Abidjan. Du coup, cette localité vit l’inverse de ce qu’elle a vécu en septembre 2002. Fanny Ibrahima, maire élu sous la bannière du Rdr (Rassemblement des républicains) est l’un des témoins de la récente histoire qui s’écrit sur la Côte d’Ivoire en lettre de sang. Par la faute de Laurent Gbagbo qui refuse de céder le pouvoir à Alassane Dramane Ouattara, élu à la majorité depuis le second tour de la présidentielle de novembre 2010. Très préoccupé par le problème des déplacés d’Abidjan à Bouaké, nous avons eu un bref échange avec lui…
Pour le premier magistrat de la commune de Bouaké Fanny Ibrahima, « l’espoir » est permis, pour la « relance des activités économiques » de la Côte d’Ivoire et particulièrement de Bouaké.
A l’en croire, c’est « une fausse crise » que l’ex-Président Laurent Gbagbo a créée depuis le 2nd tour de la Présidentielle de novembre 2010. « Il faut respecter la loi de la majorité des urnes qui donne Alassane Ouattara vainqueur à plus de 54%. Gbagbo a mis le pays dans le désarroi total », s’est indigné le maire Rdr de Bouaké.
Développant les derniers instants de l’actualité brulante en Côte d’Ivoire relative au déluge de feu depuis Jeudi 31 à Abidjan, entre les forces restées fidèles à Gbagbo et les Frci, notre interlocuteur reste abattu. « Il y aura encore des morts dans cette guerre qu’Alassane Ouattara n’a jamais voulue, à cause de l’entêtement de Gbagbo à céder le pouvoir pour amoindrir la souffrance du peuple Ivoirien ». Avant de conclure, « dès lors que les Forces républicaines de Côte d’Ivoire vont se débarrasser de lui, la Côte d’Ivoire va retrouver son calme et renouer avec la dynamique de développement».
En revanche, le maire de Bouaké reste confus sur le comportement de Gbagbo.« Gbagbo qui est un intellectuel devrait reconnaitre que Alassane n’a rien contre lui et que tout ce qu’il subit n’est que la conséquence directe de ce qu’il a créé après le second tour des élections. Nous, nous connaissons Ouattara c’est quelqu’un qui ne peut pas faire du mal à une mouche (…) Gbagbo l’a emmené à faire des choses dont il n’a jamais rêvé et il y a eu des morts sous son mandat. Gbagbo ne devrait pas souhaiter autant de morts aux Ivoiriens avant de partir s’il aimait réellement el peuple Ivoirien ». A l’en croire, la Côte d’Ivoire a besoin d’un Président comme Alassane Ouatara qui est à « la hauteur de la mission que le peuple lui confie ». Et de citer entre autres, les valeurs intrinsèques qui caractérisent le Président légitimement élu, Alassane Dramane Ouattara. « Directeur du département Afrique à la Banque mondiale, directeur général adjoint du Fonds monétaire, Gouverneur de la Bceao, Premier ministre d’Houphouët Boigny» a rappelé Fanny.
L’exode massif des populations à Bouaké
L’actualité brulante à Bouaké c’est l’exode massif des populations qui ont fui la guerre d’Abidjan et qui ont trouvé refuge à Bouaké. Il explique comment de façon urgente ils ont pu trouver une solution « humaine». « Effectivement, monsieur le préfet et moi-même avons immédiatement mis en place un « comité d’accueil », dont il est le président et moi, le vice-président. Nous avons fait appel à toutes les dynamiques pour nous venir en aide. Grace aux personnes de bonnes volonté, qui ont accueilli ces personnes dans leurs ménages nous n’avons pas été obligé d’ouvrir une structure d’accueil. Les vivres qu’on nous a données, le comité les donne au prorata de ce qu’on a en tenant compte des difficultés des uns et des autres. Écoutez, personne n’est tenu de nourrir quelqu’un, on le fait par humanisme et c’est ce genre de peuple que la Côte d’Ivoire a besoin. C’est vrai qu’ils sont des réfugiés mais, ils ne sont pas malheureux puisque nous sommes constamment à leurs côtés», a soutenu le premier magistrat de Bouaké qui tient à relever le défi « des projets ambitieux pour la commune de Bouaké ». En effet, a-t-il dit, « j’ai des projets ambitieux pour Bouaké. Les quatre grands projets que j’avais promis, je pense les avoir réalisés pour deux raisons fondamentales. La première, c’est la création de l’abattoir moderne qui a été stoppé par la crise qui a frappé la Côte d’Ivoire dont particulièrement Bouaké. Je n’ai pas eu les mains libres sur la gestion de la ville pendant près de six ans. Dès que nous allons faire notre nouveau mandat dans des conditions meilleures, nous allons nous atteler à terminer nos projets pour le bonheur des administrés qui nous ont élu».
Les premiers rapports avec les Forces nouvelles
Avant que les choses ne rentrent dans « l’ordre », le conseil municipal de Bouaké à eu maille à partir avec les Forces nouvelles en septembre 2002. » Nous avons eu des relations tendues avec les Forces nouvelles au début mais, au fur et à mesure nous sommes compris et nos rapports sont devenus normaux », a rassuré le maire.
Plus de huit ans sans salaire pour le personnel de la mairie
Toutefois, le conseil municipal reste confronté à plusieurs difficultés. Notamment, celle de la trésorerie. Fanny Ibrahima présente Bouaké comme « une commune sinistrée », parce qu’au moyen financier pour travailler. « Cela fait au moins cent mois (ndlr : plus de 8 ans) que le personnel n’a pas son salaire». Une situation qui se présente au maire comme une véritable «douleur». En outre, ce qui est « embêtant », selon lui, c’est l’état de salubrité de la ville.
Alassane Ouattara, l’espoir…
Il souhaite que ces administrés vivent dans un environnement sain, « dépourvu d’ordures ». Par ailleurs, il salut l’acte du Président Alassane Ouattara qui vient de prendre un Programme présidentiel d’urgence de 45 milliards, couvrant cinq secteurs: eau potable, santé, éducation, électricité et salubrité urbaine. Les projets démarrent en avril, pour une durée de 6 mois. Si cela se présente comme une bouffée d’oxygène, le réel problème de Bouaké à ce jour a-t-il soutenu, « c’est le non virement des salaires et la salubrité». Non sans négliger les autres défis que son conseil municipal doit relever. Aussi, a-t-il reçu un don de l’Ue (Union européenne) grâce à des « démarches personnelles ». Il s’agit de quatre bennes toutes neuves d’une valeur de 500 000 000 FCFA et d’une chargeuse offerte par l’association des maires francophones dont il est membre.
En revanche, Fanny Ibrahima ne reste pas les bras croisées. Il est en « pourparler » avec l’Agence française de développement, « pour terminer l’hôtel de ville de Bouaké », dont le coût tourne autour de 8,6 milliards FCFA. Cet autre défi qui doit être financé par les partenaires au développement est confronté à la crise qui secoue la Côte d’Ivoire depuis plus de dix ans. « Ils (partenaires) n’attendent pas prendre d’engagement tant que la crise n’est pas classée », a dit le maire. Il a promis créer une société de transport urbain, il l’a fait. « J’ai fais venir 20 autobus », a indiqué Fanny Ibrahima. Et, le quatrième projet, c’était surtout la construction d’un abattoir.
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