Par Europe1.fr avec François Clauss, envoyé spécial à Abidjan
L’opération réclamée par Nicolas Sarkozy s’annonce compliquée pour les militaires français.
Les heures passent, et la France est de plus en plus inquiète pour ses ressortissants installés à Abidjan. Dimanche en fin d’après-midi, Nicolas Sarkozy a réclamé le regroupement « sans délai » de tous les Français installés dans la capitale économique de Côte d’Ivoire, « afin d’assurer leur protection ». Leur rapatriement pur et simple est à l’étude, et la question devrait être tranchée dans les prochaines heures, a précisé Gérard Longuet, le ministre de la Défense à l’issue d’une réunion à l’Elysée.
Patrouilles d’exfiltration
Sur le terrain l’opération, qui concerne près de 12.000 français, s’annonce compliquée. Les rotations des blindés sur la base de la force Licorne, dans le sud d’Abidjan, se multipliaient, déjà depuis le début de l’après-midi, selon l’envoyé spécial d’Europe 1 sur place. Chacun des blindés arborent un drapeau tricolore très identifiable.
L’armée française patrouille systématiquement à trois véhicules en file indienne, qui sillonnent à peu près tous les quartiers de la ville. Dans chacun des véhicules se trouvent quatre soldats en arme au poing debout, très visible, dissuasif. Quatre autres militaires sont dans l’habitacle, dissimulés, avec leur arme. Et dans chacun des blindés, il y a plusieurs places disponibles pour les ressortissants français qui lancent des SOS terrés, dans leur cave ou cloitrés dans leur appartement depuis trois jours. Les soldats français vont poursuivre et multiplier ces patrouilles d’exfiltration Lors des prochaines heures.
Une base saturée
Mais l’armée française va rapidement être confrontée à un double problème. D’abord, après avoir visité pendant deux jours les quartiers sud, sillonnés par des vandales armés, ils vont devoir dans les prochaines heures se rapprocher des quartiers nord qui sont eux en état de guerre. Trois hélicoptères de l’armée de terre sont en alerte sur la base, près à hélitreuiller éventuellement des civils qui seraient en très grande difficulté.
Le deuxième problème vient de la base elle-même. Même si dans la nuit de samedi à dimanche, plusieurs dizaines de ressortissants libanais, français ont été évacués et ont libéré quelques places, le site est quasiment saturé. Plus de 2.500 personnes campent sur des lits de fortune dans des bâtiments provisoires. Il faudra peut-être dans les jours à venir rationner les aliments, le café, les cigarette dans les prochaines heures.
« Il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps », résume d’une formule ce chef d’entreprise français réfugié sur la base, et qui a été sauvé in extremis samedi d’un véritable lynchage public.
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