Expatriés de leur pays par les guerres intestines souvent sanglantes, les Libanais de Côte d’Ivoire vivent un drame avec le durcissement du conflit armé Ouattara-Gbagbo… Les rebelles, qui accusent le Liban officiel, le ministère des AE notamment, de complicité avec le président illégitime (Gbagbo), leur mènent une vie très dure, les agressent parfois physiquement et détruisent leurs entreprises.
Personne ne les aide et le ministère libanais des AE s’est déchargé de cette mission en demandant notamment aux Français de leur prêter main forte. Ce que les Français ont fait dans plusieurs cas, là où il le pouvaient
Ce sont de véritables appels au secours que la colonie libanaise lance tous azimuts à travers notamment des appels téléphoniques aux chaînes de télévision libanaises pour que leur SOS soit relayé auprès des responsables. Mais rien n’y fait. En effet, plusieurs témoignages font état d’exactions physiques contre des compatriotes dont beaucoup se sont réfugiés dans les centres de l’ONU, à l’ambassade de France ou dans les locaux d’autres chancelleries. Mais point d’aide active de la part des autorités libanaises, selon ces témoignages, malgré leurs réclamations répétées auprès de notre ambassade sur place.
« Aucun Libanais n’a été physiquement agressé ou blessé. Tous les Libanais se portent bien », assure, pour sa part, l’ambassadeur Ali Ajami, contacté par téléphone par L’Orient-Le Jour. Il note toutefois que tous les civils sont encerclés à Abidjan, au même titre que les Libanais, parce que « la situation est désormais incontrôlée ». « Mais nous sommes en connexion permanente avec la force française Licorne déployée sur le terrain, qui nous porte assistance, et avec le représentant du Liban à l’ONU, Nawwaf Salam », tient-il à dire.
L’ambassadeur affirme assister « depuis trois jours à un effondrement total du pouvoir sécuritaire ». « Il n’y a plus aucune autorité sur le terrain », explique-t-il. Et d’ajouter que des bandes de brigands, de pillards, de voyous volent tout ce qui leur passe sous la main, les voitures, les maisons et les commerces. « Ils arrêtent aussi les civils dans les rues et prennent leur argent, dit-il. C’est le chaos. »
Face à cette détérioration rapide de la situation, la panique gagne la diaspora libanaise de Côte d’Ivoire. « Une population estimée à 100 000 personnes », selon l’ambassadeur Ajami. « Depuis le début des événements, 6 000 Libanais sont rentrés au pays, observe-t-il. Mais depuis trois jours, nombreux sont ceux qui veulent rentrer au plus vite au Liban. » M. Ajami affirme avoir contacté la MEA, afin qu’elle assure les vols nécessaires. « Mais nous craignons que l’aéroport ne ferme, car la rumeur court que les forces d’Alassane Ouatara ont pris possession de l’aéroport, mais aussi de la télévision et de la radio », indique-t-il.
Selon l’ambassadeur Ali Ajami, cette situation pourrait ne pas s’éterniser. « Il est possible que les choses prennent fin d’ici 24 à 48 heures, d’autant que la rumeur court que Laurent Gbagbo s’est réfugié à l’ambassade d’Afrique du Sud. Nous attendons d’avoir confirmation de cette information », conclut-il.
De son côté, le président du Parlement, Nabih Berry, a annulé ses réunions pour suivre de près la situation en Côte d’Ivoire. Il a effectué des contacts avec le ministère des Affaires étrangères, avec les membres de la diaspora libanaise, mais aussi avec les autorités françaises, leur demandant de porter assistance aux ressortissants libanais.
Après s’être entretenu à plusieurs reprises avec l’ambassadeur du Liban en Côte d’Ivoire, le ministre des Affaires étrangères, Ali Chami, s’est fait rassurant, précisant que les Libanais d’Abidjan se portent bien. Il a également demandé au président du conseil d’administration de la MEA, Mohammad el-Hout, de continuer à assurer des vols quotidiens à destination de Beyrouth.
À ce sujet, il est à noter qu’un Airbus 332 de 240 passagers qui devait quitter l’aéroport international Rafic Hariri hier en soirée pour Abidjan est resté au sol : le vol est en principe prévu pour ce matin aux alentours de 8h30. Et dans une intervention à la chaîne de télévision LBCI, Mohammad Hout a indiqué que tout sera décidé « au jour le jour : nous n’enverrons pas de nouveaux avions avant d’être au courant de ce qui se passe là-bas », a-t-il dit, précisant que chaque vol pour Abidjan équivaut à une perte sèche de 50 000 dollars pour la MEA. « Mais nous ne recherchons aucun profit et nous n’augmenterons pas les prix », a-t-il assuré.
Les événements semblent s’accélérer. Il reste à espérer que les Libanais en sortiront indemnes.
lorientlejour.com
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