Note éditoriale – La Rédaction | Connectionivoirienne.net
Depuis quelques heures, des informations nous parviennent de certaines villes et localités fraîchement reprises aux forces militaires et milices pro-Gbagbo qui n’honorent pas le combat des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Des habitants de Duékoué, Guiglo, Saïoua, Soubré, Oumé, Issia, Daloa… ont joint la rédaction au téléphone ou par mail pour l’informer d’exactions que commettraient des éléments des FRCI sur les populations civiles. Ainsi, nous signale-t-on, des personnes reconnues ou soupçonnées d’appartenir au Front populaire ivoirien (FPI) ou plus globalement à La Majorité présidentielle (LMP, coalition ayant soutenu la candidature du Président sortant Laurent Gbagbo lors des élections présidentielles des 31 octobre et 28 novembre 2010) sont violentées, publiquement passées à tabac, violées, brûlées vives, tuées, enlevées ou portées disparues… Et leurs biens pillés, emportés, saccagés, détruits.
Certes, le désir de vengeance né des humiliations et frustrations endurées par les militants et sympathisants du RDR et du RHDP en général peut pousser certains à commettre l’irréparable. Certes aussi, le fait que le régime du Président sortant Laurent Gbagbo a longtemps malmené ses adversaires politiques et leurs soutiens, pourrait faire naître certains sentiments d’inimitié. Certes encore, les longs mois – au moins quatre mois – de bras de fer mortel engagé et de stress endurés pour arriver si prêt du but – chasser Gbagbo du pouvoir, de gré ou de force – peuvent amener certains à être animés d’instincts grégaires.
Toutefois, il ne faudrait pas perdre de vue l’essentiel. Et l’essentiel, c’est que le nouveau Président porté au pouvoir par 54% d’Ivoiriens – et reconnu par toute la communauté internationale – aura besoin de toutes les filles et de tous les fils de la Côte d’Ivoire pour gouverner. Alassane Ouattara aura besoin aussi bien des militants du RHDP que ceux de LMP pour rebâtir ce pays. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si lors du face-à-face télévisé du jeudi 25 novembre 2010, le candidat du RHDP a clairement indiqué que l’un de ses chantiers prioritaires une fois au pouvoir, sera de restaurer l’unité nationale et d’engager la réconciliation, la vraie, entre Ivoiriens du Nord, du Sud, du Centre, de l’Est et de l’Ouest. Afin que la Côte d’Ivoire redevienne «comme avant», c’est-à-dire le pays que le Président Félix Houphouët-Boigny, le Père fondateur, nous a légué. Pour cela, Alassane Ouattara (ADO pour ses supporters) a insisté sur la création d’un organisme indépendant calqué sur le modèle sud-africain (Vérité et Réconciliation) pour recoller les menus morceaux de la gestion calamiteuse de dix (10) ans de pouvoir de l’ex-Président ivoirien.
Alors si aujourd’hui, certaines populations, parce qu’elles ont voté Laurent Gbagbo à 90 ou 95% ; ou parce qu’elles sont originaires de la région ou de l’ethnie du président sur le point de fuir, devraient subir le courroux de soldats FRCI déchaînés ; cela risquerait de compliquer la tâche du nouveau Président élu dans sa quête de la réconciliation et de l’unité nationale. Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire, à moins qu’elles n’aient abusé les populations et leurs soutiens sur les objectifs de leur combat, ont d’emblée fait savoir qu’elles ne s’en prendraient pas aux civils. Les FRCI ont même expliqué que leur avènement venait mettre fin à toutes les tracasseries et les injustices de toutes sortes (racket, …) exercées par leurs «collègues» des Forces de défense et de sécurité (FDS, pro-Gbagbo) sur les populations. Par conséquent, si à peine installées dans les régions, les FRCI doivent se transformer en bourreaux sanguinaires et impitoyables de ces populations, dont le seul tort n’a été que de mettre un bulletin de vote dans l’urne par pure conviction militante ; ces actes ne les honorent pas. Au contraire, ils se dégradent aux yeux de toute l’opinion nationale et internationale qui a soutenu leur combat jugé noble face à un Laurent Gbagbo réfractaire à céder le pouvoir de façon pacifique. En agissant de cette façon qui suscite la plus vive réprobation, les FRCI pourraient jeter l’anathème sur le nouveau Président, qui pourrait être tenu responsable par des esprits malveillants de ces agissements d’un autre âge d’hommes en armes sur de simples citoyens. Il est donc temps que le Président Alassane Ouattara, son Premier-ministre et ministre de la Défense Soro Guillaume, le porte-parole du gouvernement Patrick Achi ou toute autre voix autorisée de l’ex-République du Golf – un intermède qui sera très bientôt rangé dans les archives de la République – donne de la voix et appelle les Forces républicaines de Côte d’Ivoire à se ressaisir. Afin de ne pas dévoyer la lutte issue de la «Révolution orange».
Recrutement de «jeunes patriotes» dans l’armée: Pourquoi Gbagbo doit éviter le suicide collectif
De son côté, Laurent Gbagbo doit pouvoir savoir raison garder. Appeler des milliers de jeunes civils à se faire enrôler dans l’armée pour les conduire résolument à une extermination certaine, à une boucherie est une démarche suicidaire de sa part. M. le Président sortant, ressaisissez-vous ! Vous imaginez-vous un seul instant, que là où des officiers généraux, supérieurs, subalternes et soldats du rang aguerris au métier des armes depuis de longues années n’ont rien pu faire face à la marche inexorable de l’Histoire de notre Nation ; sont-ce des «sodjagettes» qui y pourront quelque chose ? Veuillez épargner, Monsieur le Président, ces milliers de jeunes innocents de votre destin chrysalide.
Anassé Anassé, Rédacteur en Chef
avec
Gbansé Douadé Alexis, Directeur de Publication
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