Sous le pseudonyme de Rudolph Dial Rosenberger, j’avais écrit dans ce journal à l’occasion de la révolution tunisienne une contribution intitulée « La différence entre le Général Rachid Ammar et le Général Mangou ou la différence entre l’esprit républicain et la servilité ». J’aurais pu l’écrire directement à l’adresse de votre complice. Des plumes beaucoup plus talentueuses que la mienne l’on fait avec des mots qui auraient dû attendrir son cœur de pierre et le conduire au choix raisonnable. Vous êtes resté sourd à l’appel solennel du Président de la république vous demandant de rallier la légalité républicaine. Vous avez choisi de rester sourd à l’appel de détresse surgi du cœur du peuple. Vous avez ensemble prêté vos armes à son martyre. Et le monde entier a assisté médusé à votre trahison, à votre surdité, et à votre indifférence. Au moment où l’Afrique du Nord amorçait sa révolution démocratique vous auriez pu entrer dans l’Histoire par la grande porte en aidant à inaugurer en Afrique sub-saharienne le changement salutaire attendu par les peuples africains qui savent que leur malheur provient en grande partie de la mal gouvernance des dictateurs. En bonne entente avec votre complice, le dictateur Gbagbo, par lequel vous avez été assermentés sous la maxime de comploteurs du « si je tombe, vous tombez », vous avez au contraire choisi de fermer la porte à la Démocratie et de supplicier le peuple. Eh bien ! Le peuple ivoirien a choisi, lui-même d’ouvrir la porte à la Démocratie et de se libérer de la dictature par ses propres forces. Quoique vous puissiez encore jouer un rôle pour vous racheter, si vous le voulez, et c’est l’objet de lettre que je vous adresse, vous n’êtes plus indispensable.
Monsieur Dogbo Blé Brunot, je me refuse donc à vous appeler Général, car vous ne méritez pas cette dénomination. Je me rappelle de la fanfaronnade que vous claironniez au moment où vous faisiez installer en complicité avec Mangou, ce barrage de coupeurs de route et de brigands sur le chemin menant à l’hôtel du Golf pour empêcher le Président de la république d’exercer effectivement son mandat et où vous faisiez mitrailler la manifestation pacifique des Ivoiriens en marche vers la RTI : « Si la bataille doit avoir lieu, qu’elle fasse rage !» éructiez-vous. Cette phrase idiote venant d’un Général qui aurait dû se ranger sous la légalité républicaine, mais qui avait choisi de se mettre au service d’un compère pour agresser la souveraineté de la Nation ivoirienne, a été abondamment relayée par la presse nationale. Certains y voyaient l’expression de la brutalité d’un militaire écervelé, d’une tête brûlée prête à exécuter les ordres quoiqu’il en coûte. D’autres y voyaient une trahison gravissime de l’honneur militaire et du sacro-saint respect de la légalité républicaine par un arriviste prêt à tout pour défendre un clan et garantir les prébendes qui lui sont gracieusement octroyées par un commanditaire de basses œuvres au sein de l’armée. Ce dernier jugement constitue la bonne appréciation de votre fanfaronnade. Effectivement, vous étiez prêt à tout pour garantir la continuité de vos avantages matériels. Mais ce choix de la garantie de vos intérêts matériels au détriment de votre honneur militaire et de votre devoir envers la nation me dit que vous n’êtes pas prêt à mourir. La conservation de la vie est la condition sous laquelle vous pouvez continuer à jouir de vos avantages matériels, biens absolus pour lesquels vous avez si gravement trahi l’esprit militaire et l’esprit de la République. Et c’est pour cela que vos propos sont une fanfaronnade.
Mais ils sont une fanfaronnade pour une autre raison. Il n’y aura tout simplement pas de bataille lors de la prise très prochaine d’Abidjan comme le Président de la République Alassane Dramane Ouattara l’avait prédit. Il n’y aura pas de bataille parce que vous servez une mauvaise cause pour laquelle il ne vaut pas la peine de mourir ! Il n’y aura pas de bataille parce que vous êtes déjà moralement vaincu. La bataille ne fera pas rage parce qu’elle n’aura pas lieu. Il n’y aura pas de bataille parce que vos mercenaires aussi bassement intéressés par le fric que vous auront tout simplement décampé à l’approche dès Forces Républicaines de Côte d’Ivoire. Prompts à agresser les civils aux mains nues, les femmes et les enfants, vos milices ethniques et vos mercenaires commandés par le prétendu général que vous êtes ne sont pas de taille à affronter de vrais militaires. Mis en échec à Abobo par les forces faiblement armées du commando invisible, vous savez que la combativité de vos mercenaires et miliciens ne vaut pas un clou. Et l’enrôlement de ces jeunes gens que vous vous apprêtez, de manière irresponsable, à envoyer à la mort après un entraînement sommaire et sans formation militaire donne à voir le spectacle du crépuscule de Hitler et de ses complices raclant les fonds de tiroirs dans les civils et dans la jeunesse du peuple allemand pour défendre les derniers râles de leur folie sanguinaire. Soyez-en averti dès maintenant : vous aurez à répondre judiciairement de la mort de ces jeunes gens endoctrinés et fanatisés que vous utilisez pour atteindre vos fins personnelles égoïstes : Tentez de vous échapper à la dérobée pendant qu’ils offrent leur corps d’adolescents inconscients aux balles de mitrailleuses et de canons. Leur mort ne fera qu’alourdir les charges que vous avez accumulées sur vos galons mal acquis et déshonorés par vos capitulations devant les devoirs que l’Armée et le peuple Ivoiriens attendaient de vous.
J’ai ici un conseil à vous donner parce que vous tenez, sommes toute, à la vie et à ses jouissances matérielles pour lesquelles vous avez sacrifié votre honneur militaire: Ne vous avisez surtout pas de faire un tour à l’hôtel du Golf ou d’y envoyer vos troupes. Vous risquez de perdre brutalement votre précieuse vie ou d’être promptement capturé. Vous avez cependant une dernière carte à jouer pour atténuer la lourdeur et la rigueur des comptes que vous allez devoir rendre bientôt au peuple souverain de Côte d’Ivoire : céder sans effusion de sang inutile la place forte que vous gardez, la Présidence de la République à son locataire légitime.
Cette solution de sagesse est celle qu’apparemment l’un de vos complices en forfaiture, Mangou, qui savait sa vie menacée par vos sbires et qui se méfiait de vous et de votre clan comme de la peste, semble avoir choisi. L’attentisme de vos milices et de vos mercenaires devant la progression fulgurante des Forces républicaine de Côte d’Ivoire vers Abidjan n’est guère un choix de tactique et de stratégie militaires. C’est le choix pragmatique de criminels intelligents qui se savent menacés par une mort prochaine et qui veulent sauvegarder leur misérable vie au moyen de leur reddition.
Les plumitifs serviles de votre journal nauséabond « Notre voie », qui ont systématiquement pratiqué de la désinformation en déformant la réalité des faits, et qui s’interrogent maintenant bruyamment devant la progression rapide des Forces républicaines de Côte d’Ivoire vers vos repaires respectifs dans Abidjan, devraient savoir que cet attentisme n’a rien de rassurant sur la combativité réelle de vos troupes. « Jusqu’à présent, les hommes du général Philippe Mangou n’ont lancé aucune offensive sur aucune localité tenue par la rébellion. Mais, pendant combien de temps encore les hommes du général Philippe Mangou attendront-ils l’arme au pied ? » s’interrogent-ils éperdus ! Cet attentisme a l’odeur de la capitulation. Si les hommes de Mangou attendent l’arme au pied en ces heures où vos vies sont en jeu, c’est qu’ils ne veulent pas perdre leur vie en défendant les vôtres. S’ils restent l’arme au pied c’est qu’ils savent que la défense de vos vies n’est pas une cause qui vaille le sacrifice de leurs vies! S’ils ne lancent aucune offensive sur aucune localité tenue par les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, c’est qu’ils se satisfont de leur avance fulgurante qu’ils considèrent comme une libération pour eux-mêmes. Et ce ne sont pas les bandes de désœuvrés et de délinquants de votre aboyeur public, Blé Goudé, que vous enrôlez de manière irresponsable comme chair à canon dans vos milices en déroute, qui pourront arrêter le rouleau compresseur de l’avance irrésistible de l’armée Républicaine de Côte d’Ivoire.
Vous étiez le chef de la garde républicaine, cela veut dire que vous étiez le gardien suprême de la place de Souveraineté de la nation ivoirienne. Vous n’étiez pas le gardien d’une personne. En bon féticheur, vous l’avez oublié et vous avez troqué le service sacré de l’Institution contre celui de la personne particulière, Gbagbo, qui avait perdu toute légitimité dès lors que le peuple ivoirien avait décidé souverainement de porter son choix sur Alassane Dramane Ouattara. De facto, celui-ci incarnait alors la souveraineté dont vous étiez le gardien suprême en tant chef de la Garde Républicaine. Vous auriez alors dû le reconnaître comme tel et vous mettre à son service ; service qui est celui de l’Institution qu’il incarne. En féticheur et gardien zélé de votre gri-gri Gbagbo, ou du totem de votre clan comme le désigne d’ailleurs votre Blé Goudé, vous avez fermé au nouvel élu du peuple de Côte d’Ivoire les portes d’accès à la présidence de la République ! Vous avez dressé des barrages de brigands et de coupeurs de route sur son chemin pour l’empêcher de circuler ! Vous l’avez cerné avec vos milices ! Vous avez tout simplement entravé l’exercice plein et entier de la Souveraineté de la République de Côte d’Ivoire ! Là réside votre crime gravissime que vous alourdirez encore plus, en continuant dans la déraison et dans la voie sans issue de la résistance irrationnelle au cours implacable de l’histoire. Vos armes sont inopérantes parce que vous êtes simplement, judiciairement et moralement défait. Vos mitrailleuses, vos missiles, et vos canons se tairont parce que vous n’avez ni le peuple ivoirien, ni le droit, ni la morale de votre côté.
Le choix qui vous a été proposé au milieu de ma lettre est cependant encore valable. Il vous reste encore une honorable capitulation qui démentirait le soupçon qui m’habite : à savoir que, tout officier que vous êtes, vous n’êtes pas un homme d’honneur ! Cette honorable capitulation, qui prouverait que vous êtes encore un homme libre malgré la situation de servilité dans laquelle vous vous êtes mis, autoriserait que vous soyez jugé avec quelques circonstances atténuantes. Il vous permettrait peut-être de racheter une partie de vos fautes incommensurables. Restituez sans effusion de sang et sans résistance inutile et suicidaire, la place de la Présidence de la République à son titulaire légitime le Président de la République Alassane Dramane Ouattara. Retirez vous pour que la force légitime n’ait pas à se déployer dans l’espace sacré de la Présidence de la République. Retirez-vous avec vos mercenaires pour que la Souveraineté réconciliatrice et intelligente, pacifique et tranquille s’y installe.
En espérant que vous m’aurez compris, veuillez recevoir, malgré les sentiments non distingués que j’éprouve envers vous, mes salutations les plus froides.
Dr Dieth Alexis
Vienne Autriche
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