Devoir de mémoire – Le cri du cœur d’un étudiant aux journalistes, hommes politiques et à ses camarades

Cela fait bientôt 4 mois que la Côte d’Ivoire est plongée dans une grave crise postélectorale qui ne fait que donner une image très sombre de notre cher pays, tant au plan interne qu’international.
Je ne voudrais pas revenir sur les raisons de ce que j’appellerais une misère politique d’autant plus qu’il n’est plus à démontrer ,pour toute personne éprise de bon sens, d’objectivité et d’honnêteté que le vrai vainqueur de ces élections est bel et bien le candidat du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), Son Excellence Monsieur Alassane Dramane Ouattara.

Pour ce faire, j’avoue que je suis un peu embêté lorsque je constate à travers la presse écrite et audiovisuelle que l’on a toujours tendance à dire « Président reconnu par la communauté internationale », faisant référence à son Excellence, Monsieur Alassane Dramane Ouattara, Président élu par la majorité des Ivoiriens qui aspiraient à un changement, voire à un mieux être.
C’est sans doute cette erreur d’appréciation qui donne au camp du Président sortant, Monsieur Laurent Gbagbo, une raison de croire en la matérialisation de leur rêve de présider encore aux destinées de la Côte d’Ivoire par le biais de cette confiscation qui ne dit pas son nom. Ne serait-il pas mieux de préciser « Président reconnu par la communauté nationale et internationale », puisqu’avant d’être reconnu au plan international, il a d’abord bénéficié largement du suffrage des Ivoiriens.
Cependant, combien sont ces Ivoiriens à qui l’on veut malheureusement imposer un Président dont la gestion égocentrique et calamiteuse du pouvoir a été sanctionnée dans les urnes et qui préfèrent ruminer le mal qui les rongent depuis le second tour de l’élection présidentielle de peur d’être la cible de personnes pour qui l’expression de la violence, la dialectique des armes, prime sur l’arme de la dialectique ? Ces élections étaient pourtant source d’espoir pour un vent nouveau sur notre pays, un vent qui ferait de l’épanouissement moral, intellectuel et social de la jeunesse, l’avenir d’une nation, la priorité du Président élu à plus de 54% par les Ivoiriens. En somme, un vent qui mettrait le bien être de la population ivoirienne, au centre des préoccupations de nos nouveaux gouvernants.

Je vous invite à croire encore avec moi, à ce bonheur qui se pointe à l’horizon. Ce n’est qu’une question de volonté, de patience et surtout de bon sens.
Mais hélas ! Nous, jeunesse ivoirienne sommes très souvent enclins à nous laisser instrumentaliser par ces politiciens véreux pour qui nous ne sommes que des pantins dont ils se servent lorsqu’ils se sentent coincés pour assouvir leurs désirs personnels et mesquins. La preuve, qu’ont fait ces dirigeants depuis leur présence au pouvoir pour permettre à cette jeunesse de bénéficier d’une insertion professionnelle en créant des emplois ou encore en accordant une chance à toutes les personnes en quête de travail à travers un égal accès de tous à la Fonction Publique et une réduction du favoritisme ? Qu’ont-ils fait, ou à tout le moins, entamé comme programme pour améliorer les conditions de vie et de travail des étudiants que nous sommes ?
C’est peu de dire que notre Université, et partant, la jeunesse estudiantine se trouve dans une situation alarmante, voire exécrable. Combien sont ceux d’entre nous qui dorment dans des amphithéâtres ou des salles de Travaux Dirigés (TD) pour la simple raison que, soit les chambres sont désormais insuffisantes pour le grand nombre de demandeurs, soit elles sont occupées par des privilégiés de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) ou du Centre Régional des Œuvres Universitaires (CROU).Combien sont nos camarades étudiants qui mangent et étudient dans des conditions déplorables ? Tout se passe comme si ces dirigeants, pour mieux nous manipuler comme des pâtes à modeler à leur disposition, préfèrent nous maintenir dans ces conditions précaires dans le souci de nous permettre d’être constamment tentés de servir leur cause.

Face à ce tableau sombre de ce temple du « savoir », la FESCI fait le maximum d’effort pour faire le moins de bruit possible d’autant plus qu’elle n’a pas le droit de gêner la tranquillité de ses parrains qui depuis un moment, veillent à ce que le leader de cette organisation estudiantine soit une personne à leur solde et malléable à souhait.
Au lieu d’une FESCI dont l’objectif principal à sa création était de « lutter pour le bien être des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire », nous avons plutôt des Forces Engagées pour la Sécurisation de la Côte d’Ivoire (FESCI) au profit du gouvernement sortant. Ainsi, est-il vraiment nécessaire et honnête de brandir l’idée d’un combat pour le respect de nos institutions et de notre souveraineté en vue de justifier une confiscation du pouvoir ? Est-il bienséant, voire courtois d’accuser à tort la communauté internationale de s’ingérer dans nos affaires « intérieures »( ?) en vue d’exploiter nos ressources naturelles ? Comme le dirait les Grecs, ce qui menace les Hommes, ce n’est pas l’ignorance, c’est l’ignorance de l’ignorance parce qu’elle bloque le désir de savoir et donc la dynamique de la connaissance. Ces hommes politiques abusent donc, avec beaucoup de plaisir de l’ignorance de certains d’entre nous qui malheureusement n’ont pas conscience de cette carence qu’ils pourraient combler en lisant bien entre les événements par une analyse profonde, dépourvue d’esprit partisan et de fanatisme.

Est-ce après le second tour des élections présidentielles que les occidentaux ont commencé à exploiter nos ressources naturelles avec la bienveillance de nos dirigeants ? Est-ce après la reconnaissance par la communauté internationale du Président élu par la majorité des Ivoiriens, Son Excellence Alassane Dramane Ouattara que les occidentaux ont commencé à partager les revenus issus de l’exploitation de nos ressources avec nos dirigeants d’alors ? Qu’ont-ils fait de la part qui revenait à la Côte d’Ivoire durant toutes ces années d’exercice du pouvoir ? Suivez mon regard…Ne nous laissons pas distraire, chers camarades. Il est bien et beau de les entendre citer toutes ces ressources tant convoitées par tous les pays occidentaux, mais tant que les mentalités de ces dirigeants ne changent pas, tant que l’intérêt de la population sera mis au second plan, nous vivrons davantage dans des conditions sordides et ce, même si l’occident décidait de concéder l’intégralité de l’exploitation de nos ressources au Président sortant et son camp qui n’ont que pour seul souci, la satisfaction de leur sens élevé de la cupidité.

Aujourd’hui, c’est nous qui portons le faix de cette triste et honteuse situation. Pensons à cette population qui n’en peut presque plus, pensons à ces pertes en vies humaines, pensons à ces familles éplorées, pensons à ces blessés, pensons à ces malades en manque de médicaments, pensons à notre école qui va de plus en plus mal, pensons à certains de nos journalistes qui ne peuvent plus exercer ce noble métier en toute quiétude et tout ce sale décor est planté par la faute d’un Président qui a encore beaucoup à apprendre en démocratie. Par son attitude, notre démocratie, tout comme celle de plusieurs pays du tiers-Monde est présentée comme une démocratie de façade, caricaturée suivant laquelle l’on fait certes parler les urnes, mais le résultat n’est pas l’expression de la volonté souveraine du peuple mais plutôt de la puissance du « prince ».Nous, jeunesse ivoirienne, disons NON, NON et NON à cette injustice.
Comme si cela ne suffisait pas, Monsieur le Ministre de la jeunesse et des recrutements dans l’armée, pardon et de « l’emploi »( ?) nous demande d’aller sous le drapeau pour défendre( ?) notre pays. A cet effet, les Forces de Défenses et de Sécurité (FDS) de Côte, disons celles fidèles au Président sortant ont-elles affirmé leur incapacité à mener ce combat, si guerre il y aura ? Si non, pourquoi faire encore recours à cette jeunesse qui n’a que trop soufferte de son instrumentalisation si ce n’est pour la baptiser plus tard « martyrs »de la République de M. Gbagbo Laurent? Selon le deuxième alinéa de l’article 24 de notre constitution du 1er août 2000,l’exclusivité de la défense de la Nation et de l’intégrité du territoire appartient à nos forces de défenses et de sécurité nationales dans les conditions déterminées par la loi. Il est donc clair que cet appel lancé par M. Charles Blé Goudé à la jeunesse sous le prétexte non fondé que le Président Alassane Dramane Ouattara serait entrain d’armer illégalement des jeunes n’est pas opportun. J’espère tout de même qu’étant donné qu’il tient tant à nous voir nous engager pour aider son maître Gbagbo à conserver le pouvoir d’Etat, le moment venu, il sera également sur le champ de bataille, en première ligne pour donner le ton et galvaniser la foule comme il sait si bien le faire.
Chers camarades, il est encore temps que nous nous ressaisissons, évitons et refusons d’être des marionnettes à la merci de ces assoiffés du pouvoir qui n’hésiterons pas à nous lâcher d’ici peu.
Vive une jeunesse ivoirienne consciente et soucieuse de son avenir pour que vive une Côte d’Ivoire stable et prospère !

Z.B.T. Magloired, Etudiant en instance de Mémoire de Master 1 de Droit communautaire et d’intégration économique à l’Université catholique d’Afrique de l’Ouest (UCAO) à Abidjan et en Maîtrise de Droit public à l’Université de Bouaké.

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