La Côte d’Ivoire n’est pas un enjeu stratégique, « le cacao n’est pas le pétrole »

ATTOURA GAVAN

Cela fait bientôt quatre mois que la crise post électorale en Côte d’Ivoire persiste. L’acharnement de M. Laurent Gbagbo à rester au pouvoir malgré la volonté du peuple devient insupportable pour les populations ivoiriennes et les habitants de ce pays. Plus de 500 morts, des charniers constitués, des milliers de blessés et bientôt des millions de déplacés.
On se souvient que dès les premières heures de ce qui allait devenir le drame ivoirien, la communauté internationale dans son ensemble, à une rare unanimité avait condamné l’usurpation du pouvoir par ce Monsieur et ses sbires ; elle avait reconnu l’élection de Monsieur Alassane OUATTARA en qualité de Président de la République de Côte d’Ivoire ; elle a insisté pour dire que la transmission du pouvoir devrait se faire sans délais. Mais malgré ces appels, rien n’est fait et entrepris dans ce sens par le camp Laurent Gbagbo. C’est dans ce contexte, et sur insistance de M. Gbagbo qui le demandait à cor et à cris, qu’il a été crée un panel, dit-on, de haut niveau composé de cinq chefs d’Etat des régions de l’Afrique. Les conclusions sont sans équivoques : Le Président de la république de Côte d’Ivoire est bel et bien SEM Alassane OUATTARA ; Gbagbo doit accepter ces conclusions et se retirer du pouvoir. Cette décision prise par le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) est forcément avalisée par toute la communauté africaine. Hier encore, à l’occasion d’une séance de question au parlement, le président ZUMA d’Afrique du Sud a soutenu et réaffirmer la position de son pays. Le Nigéria et la CEDEAO l’avaient déjà fait dès le début de ce drame. Alors questions ! Pourquoi la communauté internationale agit avec plus de célérité sur le dossier libyen que sur la question ivoirienne ? La population de la Libye est-elle mieux que celle vivant en Côte d’Ivoire ? Pendant ce temps le Conseil de sécurité des nations unies a autorisé une zone d’exclusion aérienne pour contrer la folie meurtrière de KADHAFI et au même moment 50 personnes étaient lâchement assassinées par les miliciens et mercenaires de Gbagbo dans un marché à Abobo. Combien de morts devront nous comptabiliser pour que l’ONU comprenne que des crimes contre l’humanité sont en train de se produire sous ses yeux comme, en 1994, au Rwanda ? Les ivoiriens ne peuvent plus accepter cette ambiguïté de la communauté internationale. C’est ici et maintenant que nous devons réagir. Nous attendons beaucoup de la réunification des deux armées intervenue ce jeudi. Plus que jamais, et urgemment, elle doit se donner les moyens humains, matériels et logistiques pour finir avec cette situation qui n’a que trop durée. Parce que Laurent Gbagbo ne parlera pas ! Et même s’il devrait parler, il ne dira pas autres chose que le communiqué final de son prétendu conseil des ministres. La Cedeao et l’Union Africaine sont en train de jouer leur crédibilité en Côte d’Ivoire sans s’en rendre compte. Ils doivent comprendre que Laurent Gbagbo n’est plus dans une logique de retrait du pouvoir. Il nous suffit d’observer les actes posés ces derniers jours pour nous en convaincre. Au moment où nous sommes dans l’attente du haut représentant de l’UA (comme en Afrique on aime tout ce qui est haut et grand) pour l’application effective des mesures dites contraignantes, ce matin un quartier complet vient d’être rasé par les obus du FPI et des miliciens sans foi ni loi. S’ils ne nous aident pas chasser ce sanguinaire affamé de chair humaine, personne ne les écoutera désormais.
Nous devons également interpellé la France de Sarkozy, les Etats-Unis de Barak OBAMA, la Grande Bretagne de David Cameron et les autres. On nous apprend que vous doutez de la bonne foi de Kadhafi pour l’application d’un cessez-le-feu et que des frappes sur la Libye sont imminentes pour arrêter la folie meurtrière de notre frère Guide, et permettre la libération de ce peuple infantilisé par 42 ans de dictature. Lorsque vous larguerez les premières bombes, lorsque vous arrêterez les premiers criminels de Kadhafi, souvenez-vous qu’il y en a beaucoup en Côte d’Ivoire. Vous vous souviendrez qu’un autre peuple, pas si loin de vous, souffre dans sa chair et dans son esprit. Vous n’oublierez pas que vous aviez lancé des ultimatums à ce criminel de la lagune Ebrié sans qu’il ne daigne stopper sa folie meurtrière. Je souhaite également que vous vous rappeliez que vous êtes des leaders des peuples épris de démocratie et de liberté. Certaines des raisons officielles de votre action en Libye sont bien la lutte pour la démocratie et la liberté dans le monde et la prévention des crimes contre l’humanité. Vous devez comprendre que la liberté des peuples que vous défendez avec beaucoup de douleurs par moments s’exprime par le libre choix de leurs dirigeants par des élections. En côte d’Ivoire, nous avons eu des élections et il y a eu un vainqueur que vous avez reconnu ; vous rechigner à l’aider à s’installer. En Libye, il n’y a pas eu d’élection ; vous combattez le leader en place par les armes. Quelle leçon le peuple ivoirien devrait en tirer ?
Les ivoiriens doivent comprendre que la Côte d’Ivoire n’est pas un enjeu stratégique contrairement à ce que certains veulent faire croire. Le pétrole ivoirien ne peut pas influencer les cours de cette matière première vitale pour les économies occidentales. Le cacao ? Cela fait plus d’un mois que leurs stocks permettent d’approvisionner le marché. Quoi encore ? Rien !
Le jour où nous, ivoiriens et africains, allons comprendre la raison des grandes puissances, le continent africain serait libéré de beaucoup de bêtises.
En attendant, fiers ivoiriens, le pays nous appelle pour sa libération par nos propres mains.

ATTOURA GAVAN

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