La communauté internationale a-t-elle abandonné la Côte d’Ivoire ? C’est la question que bon nombre d’Ivoiriens se posent actuellement. Les ivoiriens ont l’impression qu’ils ont été oubliés par l’ONU, l’Union Européenne, les Etats-Unis d’Amérique, la France, etc. au détriment des révolutions arabes. Ils s’expliquent difficilement la promptitude avec laquelle la communauté internationale avec la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis en tête, a réagi dès l’éclatement de la crise libyenne. Pour stopper le carnage orchestré par Mouammar Khadafi contre son peuple, les grandes puissances ont pratiquement engagé une course contre la montre pour faire voter au conseil de sécurité de l’Onu une résolution permettant la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne. Toute chose qui permettra des frappes ciblées sur les positions du dirigeant libyen. Justifiant l’activisme de son pays, Alain Juppé, ministre des affaires étrangères française, lors de son plaidoyer à l’ONU, avant le vote de la résolution, a tenu ces propos on ne peut plus judicieux : « Chaque jour, chaque heure qui passe alourdit le poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules. Prenons garde d’arriver trop tard, ce sera l’honneur du Conseil de sécurité d’avoir fait prévaloir en Libye la loi sur la force, la démocratie sur la dictature, la liberté sur l’oppression».
L’autorisation de l’usage de la force a eu l’effet escompté. Dès l’annonce du vote de la résolution, le pouvoir libyen a annoncé l’arrêt des combats. En tout cas, du côté de ses troupes. Toute chose qui a surpris plus d’une personne, quand on sait qu’à quelques heures du vote, il promettait de prendre la ville de Benghazi, fief des insurgés. « La Libye met fin à toutes les opérations militaires à la suite de la résolution votée par le conseil de sécurité de l’ONU », a déclaré M Moussa Koussa, ministre des Affaires étrangères libyen. Mouammar Kadhafi veut aujourd’hui négocier avec son opposition, là où il parlait de « purger toutes les villes libyennes des cafards et insectes ». On peut donc le dire, la mobilisation de la communauté internationale a eu raison des velléités sanguinaires de Kadhafi.
C’est pourquoi les Ivoiriens ne comprennent pas pourquoi tant de tergiversations de la part de cette même communauté dans la gestion de la crise ivoirienne. Surtout qu’elle est déjà présente en Côte d’Ivoire, à travers la mission sa paix (ONU-CI). Certes, Kadhafi utilisait des avions de combat contre son peuple, mais les chars, les obus de Gbagbo, président perdant de l’élection présidentielle, ne tuent t-ils pas de façon atroce les femmes, les jeunes et les enfants en Côte d’Ivoire ? Que faut-il au Conseil de sécurité de l’ONU pour voter une résolution afin de mettre fin à la souffrance du peuple ivoirien ? En tout état de cause, cette résolution n’arrivera-t-elle pas trop tard en Côte d’Ivoire ? La communauté internationale pourra-t-elle assumer cet autre échec après celui du Rwanda ? Quelle excuse aura-elle, quand on sait que les crimes sont perpétrés en sa présence?
L’histoire nous le dira certainement, en entendant, chaque jour qui passe alourdit de plus le poids de la responsabilité internationale en Côte d’Ivoire, pour paraphraser le ministre Alain Juppé.
Dao Maïmouna
Le Patriote
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