Amer, Goussou Koudou l’est. Comme lui, beaucoup de propriétaires terrains ne décolèrent pas contre l’Ageroute, qu’ils accusent de les avoir spoliés de leur terre sans dédommagement. Ce, avec la complicité du préfet de Toumodi, André Epkonon.
Le Bnetd a approché, en 2008, l’Aderci, l’Agence de développement des énergies renouvelables en Côte d’Ivoire. Dont M. Goussou Koudou Jean est le Directeur des Agro-ressources énergétiques, mais aussi Directeur du projet de production de jatropha en vue de fabriquer du biocarburant destiné au monde agricole. Pour informer l’agence de ce que, là où elle a implanté ses champs à Toumodi sur une superficie de 57 ha allait être traversé par l’autoroute du Nord sur une superficie de 3 ha 92. Près d’un mois de discussion, les deux parties sont parvenues à un accord. Ces travaux qui, pour l’Aderci, sont d’utilité publique ont pu être effectués contre dédommagement à hauteur de 12 millions 559 mille 400 Fcfa, le 25 novembre 2009. La structure chargée d’exécuter les travaux est l’Ageroute. Par mesure de précaution, les responsables techniques du Bnetd ont attiré l’attention de l’Ageroute sur le fait que ce site était un champ. Histoire de ne pas déborder lors des travaux d’ouverture. Compte tenu de ces travaux, les responsables de l’Aderci suspendent les leurs en ce qui concerne le projet jatropha. Quelques semaines plus tard, lorsque M. Goussou se rend sur les lieux, à sa grande surprise, le champ est devenu un vaste chantier d’extraction de terre pour pouvoir couvrir le profil de l’autoroute. Sans au préalable engager des discussions avec les responsables de l’Aderci comme l’a fait auparavant le Bentd pour les 3 ha 92. Tout est tourné et retourné, sous le prétexte qu’il n’y avait rien sur le site. Sur ces faits, M. Goussou Koudou approche Koné Adama, l’un des responsables de l’Ageroute pour lui faire part de son étonnement et de son mécontentement. En lieu et place d’explications rationnelles, Goussou se trouve face à un mépris du sieur Koné. Il décide dès lors d’écrire au préfet de Toumodi pour l’informer de la situation, en vue d’autoriser le ministère de l’Agriculture à faire le constat des dégâts sur le site. Une équipe est mise à sa disposition aux fins d’évaluer les dommages. Une copie des éléments descriptifs est transmise par ses soins à l’Ageroute. Quatre courriers de relance sont restés lettre morte. C’est ainsi que l’Aderci a traduit l’Ageroute en justice. En toute logique, les machines de l’Ageroute devraient être saisies. Mais informé du fait que le président de la République allait visiter le chantier, les responsables de l’Aderci ont refusé de franchir ce pas. En dépit de la douleur qui était la leur. Néanmoins, ils ont adressé un courrier au président de la République le 8 octobre 2010. Dès qu’il a pris connaissance du contenu du courrier, le président de la République, Laurent Gbagbo, a instruit la Direction de la privatisation et de la participation (Dpp) aux fins de vider ce contentieux, via la direction générale de l’Economie et des Finances. C’est ainsi que l’Ageroute, l’Aderci, le Bnetd et le préfet de Toumodi, André Ekponon Assoumou ont été convoqués le 21 octobre. A cette réunion, a pris également part, le service l’Agriculture de Toumodi. Au terme de cette rencontre, la responsabilité de l’Ageroute a été clairement établie. Toutefois, l’évaluation des dommages faite par le ministère de l’Agriculture a été jugée trop élevée, quoique cette évaluation concerne une partie du champ détruit. Il a été décidé d’évaluer à nouveau la superficie détruite afin d’aboutir à un accord global. Pour ce faire, la Direction de la privatisation et de la participation (Dpp) a mis en place une commission présidée par le préfet de Toumodi. Cette commission s’est rendue sur le terrain le 10 novembre 2010. Chose curieuse, le préfet a écarté l’Aderci de la réunion qui a précédé cette visite. Une vingtaine de personnes sûrement « conditionnées » vont témoigner contre l’Aderci. Selon eux, sur une bonne partie du terrain, il n’y avait pas de plants de jatropha. Aussi cette visite était-elle guidée par le préfet sur un terrain qui n’est pas le sien. Tout ressemblait à un scénario préparé d’avance afin de ramener la facture à payer à l’Aderci à un niveau bas. Ordre a été donné par le préfet au ministère de l’Agriculture de refaire sa facture, en réduisant les dommages imputables à l’Ageroute. De 23 hectares de dommages et intérêts, la facture est ramenée à 17 ha. Là aussi, l’Ageroute et le préfet trouvent la note trop salée et manœuvrent à nouveau. Le préfet pèse alors de tout son poids pour ramener la superficie litigieuse à… seulement un peu plus de 4 ha de jatropha et de 7 ha de ricin. Le Directeur de la Dpp, ayant reçu l’ordre de la présidence de traiter diligemment cette question a rappelé aux responsables de l’Ageroute l’urgence que commande ce dossier. Le Directeur du projet au sein de l’Ageroute, M. Touré Abou, a sollicité deux semaines pour vider le contentieux. Un délai jugé excessif par M. N’Dri de la Dpp, estimant qu’il a reçu des ordres à un haut niveau. Contre toute attente, le préfet qui devrait donner ses conclusions a décidé de le faire après le 2e tour de l’élection présidentielle, estimant qu’il n’a reçu aucun mandat du chef de l’Etat.
Le Temps
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