L’Intelligent d’Abidjan
Alors que les violences et les combats se multiplient avec quelques 450 000 déplacés, Laurent Gbagbo a signé lundi un décret qui fait de l’achat du cacao et de son exportation une prérogative des pouvoirs publics. “Les exportations de produits issus du secteur du café et du cacao seront du ressort de l’Etat, de ceux mandatés par l’Etat, ou de titulaire d’un permis d’exporter conforme aux dispositions déterminées par le décret”, a annoncé la radiotélévision ivoirienne. Une décision qui fait suite à celle prise quelques jours avant la nationalisation des banques. Depuis le 24 janvier, suite à l’appel d’Alassane Ouattara, les fèves de cacao ne sont plus exportées. Selon la Bourse du Café et du Cacao, les stocks de cacao non exportés s’élèveraient dans les ports à 475 345 tonnes. Les industriels s’interrogent pour savoir si ce décret prend en compte les stocks de cacao entreposés et s’ils seront ainsi saisis. “Si le décret n’affecte pas nos stocks existants, cela pourrait être moins dramatique. Mais si c’est le cas, c’est une catastrophe», a déclaré à Reuters une source du secteur ivoirien. Au prix du marché, qui sont à un sommet de près de 32 ans, la valeur des stocks représenterait environ $1,8 milliard et en volume environ 1/3 de la récolte annuelle. Par ce décret, Laurent Gbagbo veut remettre la main sur la principale source de revenu du pays, nécessaire pour payer les salaires du secteur public et de l’armée. Mais les industriels estiment que le quasi-effondrement du système bancaire local et les exigences logistiques inhérentes à l’acheminement des fèves pourraient contrecarrer les ambitions de faire de l’Etat le seul acheteur et exportateur du cacao. ”Le problème est de savoir comment ils vont payer les producteurs étant donné que le pays n’a guère de banques ou d’argent?”, s’interroge une source du secteur ivoirien. Une autre source s’interroge que la capacité de l’Etat de gérer le transport, le conditionnement et le stockage des fèves avant même avant l’exportation. «De loin, tout semble facile. Mais il y a une énorme machine derrière chaque kilo de cacao qui arrive au port. Le gouvernement a-t-il le temps, les moyens et les effectifs de faire le nécessaire dans le temps impartit ? Selon le décret lu à la télévision d’Etat lundi soir, l’État achètera les fèves aux producteurs à un prix fixé et pourrait alors chercher à les vendre sur les marchés mondiaux, en remplaçant le rôle des exportateurs qui ont largement suivi l’appel Alassane Ouattara à suspendre les livraisons. ”Il (Gbagbo) est évident qu’il soit dans une position difficile et fait certainement monter les enchères”, a déclaré Jonathan Parkman de Marex. «Il exerce une pression sur les exportateurs … Ils sont entre le marteau et l’enclume.” Les enjeux sont élevés étant donné le risque de la détérioration de la qualité des fèves non exportées si elles restent dans les entrepôts. ”Les entrepôts ne sont pas suffisamment ventilés pour garder les fèves pendant des semaines. Elles peuvent y rester 10 jours au plus et elles y sont depuis 15 à 20 jours, la qualité devient un problème et c’est notre principale préoccupation”, indique la deuxième source. En fin de compte, même si Laurent Gbagbo réussit à surmonter tous ces défis, la question demeure de savoir qui va acheter le cacao. Les gouvernements occidentaux ont fait pression sur les multinationales afin d’éviter toute transaction qui pourrait financer Laurent Gbagbo. Les analystes estiment que les marchés chinois et russe représentent à peine 50 000 tonnes par an chacun. ” Laurent Gbagbo ne sera pas en mesure de le vendre, car aucune des multinationales ne peut y toucher.”
Source: Commodafrica.com
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Nouvelles orientations de la gestion
Les producteurs approuvent la décision de Gbagbo
Les producteurs de Café et de Cacao de Côte d’Ivoire se réjouissent de l’Ordonnance du Président de la République qui préfigure des nouvelles orientations en matière de gestion de la filière Café-cacao. Il s’agit selon le communiqué du CNS (conseil national des sages) de la filière Café-cacao d’apporter une motion de soutien au président Laurent Gbagbo. Une décision relative aux grandes articulations que sont : la Commercialisation (intérieure et l’exportation), l’organisation des producteurs, la recherche de la qualité des produits et bien entendu, l’amélioration du revenu des producteurs et la lutte contre la pauvreté, optimisation du positionnement de la production ivoirienne sur le marché mondial, qui demeure avec la contribution de ces deux spéculations aux charges de la Nation, la clé de voûte de cette réforme courageuse et intelligente. Le CNS, Organe officiel et garant moral de la stabilité et des intérêts de l’ensemble des producteurs de Côte d’Ivoire, s’est par ailleurs réjoui de cette louable initiative. C’est pourquoi, Il entend soutenir et endosser cette décision qui du reste, était très attendue par le monde rural et dont le contenu est en phase avec sa vision. Georges Blehoué Aka, président du CNS, a au nom de ses pairs traduit sa reconnaissance à Laurent Gbagbo. « Nous remercions donc le Président de la République, son Excellence Laurent GBAGBO et nous nous engageons résolument aux côtés de l’Etat pour la réussite de cette reforme salutaire qui vise au bien être des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire, de leur communauté et de tous les acteurs de la filière », a-t-il conclu.
H.D
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Café-cacao / Reprise en main de la filière
La réaction du gouvernement Soro
Le Gouvernement Aké N’gbo a pris, le mardi dernier, une ordonnance pour reprendre en main la commercialisation du Binôme Café-Cacao. Face à cet acte jugé d’illégale, voici la réaction du gouvernement Soro
Le Gouvernement informe les opérateurs économiques que suite à son communiqué du 22 février 2011, prorogeant la mesure de suspension des enregistrements et des exportations de café et de cacao dans le SIGEC 4, le camp GBAGBO vient de prendre une ordonnance qui stipule que « l’achat du café et du cacao aux producteurs et aux groupements de producteurs s’effectue désormais exclusivement par l’Etat sur toute l’étendue du territoire national ». Cette ordonnance indique aussi que l’achat s’opère « suivant un prix déterminé par l’Etat en début de chaque période de vente ».
Le Gouvernement tient à informer l’ensemble des opérateurs du secteur que cette mesure synonyme de nationalisation est illégale, nulle et de nul effet, car émanant d’autorités illégitimes.
Par ailleurs, le Gouvernement les informe que des mesures spécifiques dans l’intérêt des producteurs et exportateurs sont à l’étude pour leur permettre une reprise diligente des activités.
Fait à Abidjan, le 9 Mars 2011
SORO K. Guillaume
La titraille est de la rédaction
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