Édito de Robert DULAS: certains amis Franc-maçons de Gbagbo se reconnaîtront…


L’actualité ne devrait pas influer sur la vie de notre Ordre ; la Maçonnerie se situe hors du temps ; dans son Esprit et dans son cheminement. Toutefois, nous ne pouvons pas avoir une évolution harmonieuse en occultant les grands mouvements qui sont en train de bouleverser notre environnement. L’une des caractéristiques de notre Obédience est de s’apparenter au pavé mosaïque ; à savoir la diversité et l’origine des membres qui la composent. Environ la moitié des membres de la GLMRF est originaire du continent Africain, ou y est attaché par des liens si forts que l’esprit et la façon d’appréhender le continent crée l’osmose entre tous les frères. Pour ces raisons, nous devons aujourd’hui, plus que les autres, avoir un œil attentif au séisme qui vient seulement de débuter et qui va se propager et modifier de manière forte la donne, dans les mois et les années qui viennent sur le continent Africain, mais par ricochet, à l’ensemble du monde. La Maçonnerie, telle qu’elle a été essaimée sur ce continent, ne reflète plus les Vertus de la Maçonnerie de Tradition. Elle est rejetée ou diabolisée par la population qui l’assimile parfois à des sectes, parfois à la sorcellerie et la refoule sans distinction. Ce rejet systématique est le fruit d’ingérences indirectes de la maçonnerie dans la vie politique des pays au sein desquels les maçons étaient sensés apporter la lumière. En fait de lumière ; ce sont surtout des centrales électriques et les compteurs qui vont avec, dont l’Afrique a hérité. Au fil du temps, la maçonnerie, toutes obédiences confondues, s’est impliquée puis imbriquée dans la vie politique des pays, au point de se confondre et parfois de prendre le pas sur les décisions qui auraient du émaner du peuple et qui en fait prenaient leurs sources au sein des suprêmes conseils européens. Quelle sera l’attitude des citoyens lambda de tous ces pays qui aspirent à un monde de liberté et de non confiscation du pouvoir ? Il est certain qu’après avoir fait « dégager » les usurpateurs, ils chercheront aussi à analyser quelles étaient les causes de leur maintien au pouvoir et quels ont été leurs soutiens. L’amalgame outrancier entre le pouvoir et la Maçonnerie est criant d’indécence dans nombre de Pays qui seront, dans les mois qui viennent, soumis à leur propre révolution du jasmin.
Lors d’un récent voyage, j’ai eu le plaisir de rencontrer un groupe d’intellectuels Africains. Brillants et équilibrés, ils aspiraient à mettre leurs compétences au service de leurs pays respectifs. Tous étaient prêts à rester sourds au chant des sirènes européennes qui leur offraient un avenir financier sympathique et en harmonie avec leurs compétences, et à se sacrifier pour ne pas vendre leurs compétences, mais en faire profiter leur pays. Seule ombre au tableau, pour l’unanimité des participants : la Franc-maçonnerie ; par laquelle ils étaient contraints de passer si ils persistaient dans leurs engagements exemplaires. Leurs connaissances sur le sujet, bien que différentes, s’accordaient sur un point : impossible d’envisager une carrière professionnelle ou politique sans être maçon. Les appuis ethniques, traditionnels ou familiaux sont aujourd’hui obsolètes ou sans effets face à la barrière maçonnique; passage obligé pour toute évolution légitime et au demeurant méritée. Chez certains d’entre eux, j’ai perçu l’écœurement, chez deux d’entre eux l’abnégation, chez l’un d’entre eux j’ai cru percevoir la haine. Lorsque les grands officiers des obédiences représentées dans ce continent voyagent ; ils ne côtoient qu’un microcosme constitué de FF bien pensants qui ne vont certainement pas leur traduire ce qu’eux-mêmes ont du mal à percevoir. Ce constat est une réalité ; il traduit la perception que la base aura demain de la maçonnerie et qu’elle exprimera certainement de façon virulente. Notre rôle doit être d’anticiper ce mouvement légitime de rejet de la maçonnerie sans distinction, qui sera assimilée à ce que le peuple exècre, et qu’il a aujourd’hui le droit de balayer. Il nous appartient de communiquer pour faire connaitre l’image originelle de l’Ordre tel qu’il doit être perçu. La communication doit se faire dans deux directions ; l’une vers l’Afrique à travers nos relais de toutes natures ; l’autre vers nos grands frères qui ne pourront pas dire comme les conseillers de nos Ministres qu’ils n’étaient pas informés.

Le Grand-Maitre
Robert DULAS
Orient de Paris le 03/03/2011
Grande Loge des Maçons Réguliers de France

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