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« …Il ya longtemps qu’il est établi, que le premier complexe du nègre est construit par le nègre lui-même, dans cette mauvaise projection de sa vérité qui tend à bâtir sa force, sur son éloignement de sa base première
Cote d’Ivoire:
Réponse aux prétendus sorciers du savoir absolu
Messieurs Achile Bembé et Célestin Monga
Apprenez à vous taire parfois !
Comme d’habitude, les censeurs, maîtres improvisés de la conscience collective et gestionnaires grandiloquents de l’intelligence de circonstance, ont trouvé une autre occasion rêvée, celle qu’offre si heureusement ou si malheureusement la grave crise qui divise la Côte d’Ivoire et hébète inutilement le continent, pour se porter au devant de la scène. Cette habitude de sortie en forme de leçon inaugurale et de pilule magique, ne date donc pas d’aujourd’hui. Nous ne les connaissons que trop bien, et en retour, ils n’ont que trop bien conscience, des ravages de leurs prétentions d’omniscience sur la formation de la conviction, de quelques esprits faibles (l’Afrique hélas en regorge à profusion).
Il ya longtemps qu’il est établi, que le premier complexe du nègre est construit par le nègre lui-même, dans cette mauvaise projection de sa vérité qui tend à bâtir sa force, sur son éloignement de sa base première. Jadis les retours de métropole n’étaient-ils pas célébrés dans des fêtes grandioses qui gratifiaient de parfaits fainéants et d’insignifiants individus, de toutes les vertus des pouvoirs ? Ce qui était fait, dit, trouvé, constaté ou programmé localement comptait peu. Ce qui venait de l’au-delà des mers et des océans, portait la marque immédiate, automatique et incontestable de la raison, de la prééminence. Au nom de ces attitudes bêtes et déplorables, des fanfarons, des farfelus, des charlatans et des escrocs en très grand nombre, ont pris en otage les outils de valorisation et d’expression de nos repères culturels, sociaux et politiques durant plusieurs décennies.
C’est bien dommage pour nous, car il semble que la meilleure posture dans les calculs de positionnement personnels, soit toujours, explicitement ou implicitement, l’exil volontaire, l’exil prononcé et pratiqué selon des sentences arbitraires qui voudraient que le pays d’origine soit un enfer invivable. Pauvres cons d’Occidentaux qui se laissent ainsi abuser grossièrement, par tant de réfugiés politiques imaginaires, par tant de journalistes qui clament qu’ils sont oppressés à partir de montages enfantins. Toutes ces petites combines ont offert à quelques partis politiques vides d’idéologies et de militants, une fortune facile, consistant à délivrer à des voyous sans considération pour les tombes de leurs parents et grands parents, le certificat d’opposant traqué, puis le sauf conduit subséquent pour un visa.
Dans le cas d’espèce, il nous revient avec certitude, que les génies se sont réveillés, tardivement comme souvent, pour annoncer la vérité sur le cas d’un troublant brasier, dire l’équivalent d’une messe pontificale en quelque sorte. Sauf que à la différence du maître de la souveraine église catholique romaine, lequel n’utilise jamais que la place Saint Pierre pour une aussi forte séance de communion et d’éducation avec ses fidèles, nos chefs ne choisissent ni Dakar, ni Abidjan, ni Lagos, ni Tripoli, ils sont tapis chez autrui, à Londres, Paris, New York ou Montréal.
Parlons donc de cette crise de Côte d’Ivoire.
Nos grands et intouchables manitous, racontent une histoire à dormir debout, juste pour aboutir à trancher en faveur de personne, à contenter tout le monde, à plaire à toutes les parties. Ils ont tellement le souci de se ménager une place dans toutes les gauches et dans toutes les droites, qu’ils ne peuvent présenter l’Afrique et les Africains autrement, que comme des monstres hors de toute logique cartésienne, sans principes, sans dignité vraiment. Tout serait possible chez nous, des diables à table avec des Saints, des perdants toujours glorifiés et adulés au nom d’une familiarité ancestrale et bien unique. D’un pouvoir résultant de majorités dans les urnes, ils n’en n’auraient qu’aversion, car après tout, la famille compte ici. Ils aboutissent à nous dire, que le vainqueur des urnes ne compte pas, et qu’on peut se passer du premier, pour arranger autrement. Voilà l’image parfaite d’un monde sans principes ni cohérence. Ils sont allés étudier et se former en Occident, mais n’en n’ont rien tiré, gardant leurs traditions de méprise du mérite et de la compétence, au nom de fraternités obscurantistes. Ouattara a gagné, mais on peut faire autrement. Voilà ce que recommandent, malicieusement, messieurs Bembé et Monga, en s’insurgeant contre ce qu’ils appellent les majorités. C’est grave.
Mais alors, la curiosité, l’insensé, la surprise sublime, c’est de découvrir chez ces grands professeurs tous au sommet de leur art, l’incapacité ou le refus de structurer une démarche de dénonciation. Non, nous ne convoquons pas ici un exercice de notation anticipé. Nous ne croyons pas non plus, que le travail du magistrat, relève d’une science si compliquée. Le juge se livre simplement à un exercice de logique démonstrative et factuelle qui veut qu’avant d’arrêter sa conviction, il ait préalablement présenté les faits et établi le rôle et la responsabilité de chaque acteur. C’est après tout, une démarche qui procède de la plus banale des déontologies dans la didactique. S’en écarter dans le cadre d’un récit circonstancié, est malhonnête, à moins qu’il ne s’agisse d’incompétence avérée. Non, pas ceux-là, car ils sont trop bien rodés et calés, pour échouer à une épreuve de cas pratique.
A – Les faits que vous ne voulez pas étaler
Les lendemains des obsèques du premier président de Côte d’Ivoire, avait donné lieu à quelques remous de succession vite maîtrisés et oubliés. Mais lorsque Bédié Konan s’installe au pouvoir, son premier voire son unique souci ne sera pas de poursuivre l’œuvre de son illustre prédécesseur. Pour toux ceux qui ont connu, pratiqué et vécu le pays à l’emblème de l’éléphant à cette époque, une seule chose préoccupait le président : contenir, écarter, éloigner et au besoin anéantir Alassane Dramane Ouattara. Si Le Vieux avait fait preuve d’habileté et su maintenir un relatif climat de confiance entre les différentes communautés ethnoculturelles du pays, usant de la politique d’ouverture et de modernisation tout azimut pour éclipser la différence nord-sud, Bédié va se montrer immédiatement d’une insoutenable maladresse.
De façon ouverte, le président va créer tout un mouvement culturel réactionnaire construit autour de quelques grands intellectuels, pour faire de la notion de l’ivoirité, le principal centre d’intérêt politique interne. Bien évidement personne n’est dupe, car tout le monde, à l’intérieur et à l’extérieur, comprends qu’il s’agit de bloquer ADO par tous les moyens. Voilà comment très vite, tout le nord du pays se sent indexé, provoqué et exposé à toutes les exclusions et à moult humiliations. Au sein même de la présidence, une équipe de hauts cadres, juristes et politologues, est chargée de maintenir la flamme, de conduire la guerre froide. Au moins cinq quotidiens sont crées pour les besoins de la cause.
Il importe de rappeler, afin que nul ne se trompe, que la notion d’ivoirité n’est pas l’invention de Bédié, mais de Gbagbo. En effet c’est lorsque Houphouët choisi Ouattara comme premier ministre, que le chef de l’opposition qui est alors le professeur d’histoire Laurent Gbagbo, émet des doutes sur son ivoirité, et installe cette sottise dans l’esprit des ivoiriens.
Sous Bédié donc, l’exclusion et la marginalisation du nord s’accélère et prend plusieurs formes. Dans tous les secteurs et dans tous les actes de la vie publique, les ressortissants du nord du pays sont victimes de perturbations et de brimades préméditées. Les frustrations s’accumulent avec une volonté ouverte de créer des vexations, de la provocation. Dans l’armée, les officiers du nord sont épiés, affectés à des postes moins prestigieux, surveillés méticuleusement. Le général Palenfo, le plus haut gradé du nord, est l’objet de moult intrigues, accusations diverses y compris celle de préparer un coup d’Etat. Les jeunes du nord rencontrent les pires difficultés à décrocher une bourse. En réalité, ce sont tous les musulmans du pays, qu’ils soient nationaux ou étrangers, qui subissent des brimades au quotidien. L’air est pollué à Abidjan et la plupart des notes diplomatiques signalent la dégradation de la situation, avec une accélération du tribalisme.
C’est dans ce contexte qu’intervient le coup d’Etat de Décembre 1999 n’est une surprise que pour ceux qui percevait le pays de l’extérieur. Il est fondamental de signaler que je séjourne en Côte d’Ivoire en juin et juillet 1999. A mon retour au Cameroun, je commets un article au titre sans équivoque : « Côte d’Ivoire, la deuxième mort de Houphouet Boigny ». Je conclu mon analyse en prédisant que le pays explosera avant le début de la nouvelle année. La suite des événements m donnera raison, puisque le coup d’Etat se produit en décembre 1999.
Mais qui fait le coup d’Etat ? C’est l’œuvre de jeunes officiers du nord mécontents de la marginalisation dont ils sont victimes. Ces enfants étaient pour la plupart en totale disgrâce, désœuvrés pour certains car abandonnés sans affectation. Intelligents, ils vont chercher un des plus prestigieux officiers de l’armée qui coulait une retraite douce, pour prendre les rennes du pays. Il s’agit du Général Robert Guei. A ce supérieur, un seul objectif majeur est assigné : rétablir la confiance dans le pays en mettant fin à la bêtise de l’ivoirité, source de tous les problèmes et des toutes les rancœurs. Il est clair alors que la principale tâche sera de refaire une constitution propre écartant toute notion subjective. Le Général se présente lui-même comme un missionnaire venu balayer la maison.
Pourtant, les choses ne seront pas si simples. En quelques mois, des pressions s’accumulent, principalement en provenance d’une alliance secrète entre les ténors du PDCI de Bédié et du FPI de Laurent Gbagbo. Alors que les élections sont en vue et que tout le monde s’attend à voir la notion d’ivoirité être balancée dans la poubelle infâme de l’histoire, la constitution est promulguée avec le célèbre article 34 qui la maintien dans une rédaction sans équivoque qui veut tout simplement signifier la mort politique de Alassane Dramane Outtara. Il était clair, que tous savaient, que personne ne battrait l’ancien Directeur Général adjoint du FMI, ancien Gouverneur de la BCEAO et ancien premier ministre, dans une élection libre, transparente et démocratique. Le marché passé entre les comploteurs ethniques, Guéi qui a trahit les jeunes officiers, Gbagbo et Bédié, va très vite prendre des plombs dans les ailes. L’élection présidentielle va en conséquence se solder par une curieuse cacophonie dans lequel le peuple ivoirien ne sera en réalité qu’un objet manipulé, pris au centre des intrigues et des mésententes de truands. Gbagbo est ainsi porté au pouvoir dans des conditions plus que troubles dont certains détails demeurent encore du domaine du secret bien gardé.
B – Le phénomène Gbagbo ou le boulanger impitoyable et roublard.
La Côte d’Ivoire à la tête de laquelle s’installe accidentellement Gbagbo, est déjà une gosse hypothèque. Le peuple célèbre la victoire, même étriquée d’un vieil opposant qui de surcroît, a du batailler dur contre un général devenu chatouilleux avec le pouvoir et ayant oublié sa promesse de balayer juste, et de s’en aller. C’est en réalité une célébration empoisonnée, puisque dans ce contexte, le problème de l’exclusion de Ouattara a ouvert une plaie béante. Mais à propos de plaie de béante, c’est en fait le dévoiement d’une stratégie cruelle de conservation du pouvoir par tous les moyens, qui s’exprime et s’exhibe. Le professeur d’histoire va se révéler un des pires exclusionnites et révisionnistes que l’on n’ait jamais vu en Afrique. C’est lui qui, déployant des trésors d’astuces et de malveillance, va enfoncer le clou de la division, renforcer les instituions de la marginalisation, et engager l’administration publique dans un sectarisme sans pareil.
L’incompréhension est à son comble et le pays ne tarde donc pas à s’installer dans la crise, la guerre et un blocage évident. Le soulèvement du nord à travers le déclenchement de la lutte armée, a mis tous les partenaires internationaux en émoi et contraint les principales institutions diplomatiques à s’impliquer. La France quant à elle, et de concert avec les dites institutions, a d’abord pris les mesures qui s’imposaient éviter un changement brutal du pouvoir à Abidjan. Gbagbo est ainsi sauvé de justesse par les troupes françaises qui bloquent les rebelles aux portes d’Abidjan. La partition du pays e deux est consommée. Des négociations de toutes les formes et dans tous les sens peuvent se commencer.
La première initiative importante est la conférence de Marcoussis en territoire français.
De mémoire d’internationaliste, rarement conférence internationale dans le cadre des efforts de paix, a été porté à bout de bras par autant d’institutions diplomatiques prestigieuses. Outre les différents acteurs de la crise ivoirienne, la conférence est parrainée et suivie de près par l’ONU, l’OUA, l’Union européenne, la CEDEAO.
L’accord qui est issu de Marcoussis, est le symbole de tout ce qu’un pays en crise souhaite, et reprend dans toutes ses grandes lignes, tout ce que les militants et autres apôtres des conférences nationales ont de tout temps souhaité en Afrique :
– Gouvernement de transition impliquant toutes les parties
– Rédaction d’une nouvelle constitution excluant la notion d’ivoirité
– Mandat présidentiel de cinq ans renouvelable une seule fois
– Election présidentielle à deux tours
– Participation de tous les candidats sans exclusive
– Commission électorale nationale indépendante
– Commission d’enquête sur les crimes commis de tous les côtés
– Commission réconciliation et vérité.
Mais coup de théâtre, une fois que Gbagbo est de retour à Abidjan, il dénonce les accords, traite tout cela de colonialisme et d’impérialisme, orchestre des manifestations et des marches de protestation immenses où l’on reprend les thèmes vengeurs contre la France, contre Jacques Chirac. On a vite oublié que ce sont les troupes françaises qui ont sauvé le régime. Les partenaires internationaux sont tout simplement stupéfaits, dépassés, pendant que les forces nouvelles menacent et dénoncent encore plus violemment.
La délicatesse de la position française, a conduit à une implication déterminante de l’ONU. Le Conseil de sécurité a en effet décidé d’une force d’interposition qui a pris en charge le plus lourd fardeau des efforts de paix.
En fait, Gbgbo est conscient de ce que tout ce qui va dans le sens de la transparence, veut dire pour lui perte de pouvoir. Alors il faut gagner du temps, distraire tout le monde, mener les partenaires en bateau. C’est le général Guéi qui trouvera les mots justes pour le qualifier et payera cette audace de sa vie. Gbagbo, dit le regretté officier supérieur, va vous rouler tous dans la farine. Les Accords se succèdent et se ressemblent, parce que d’un accord à un autre, le leader du FPI reste de marbre, roublard, rusé, arrogant à souhait, surfant sur un militantisme attrape nigaud qui enflamme les esprits faibles et quelques piètres intellectuels en mal de diatribes depuis l’échec retentissant des conférences nationales et la résurgence des présidents à vie.
Il y aura Accra I, Accra II, Ouagadougou I, II, III.
Mais le comble, c’est l’invention des complots à tout bout de champ, pour éliminer ses potentiels adversaires politiques devenus des ennemis jurés. Gbagbo peut compter sur une milice sanguinaire impitoyable à deux têtes. L’une représentée par son insatiable et remuante épouse Simone, et l’autre par l’agitateur estudiantin devenu tueur Blé Goudé.
Les tralalas aboutissent un temps à un semblant de conférence de réconciliation qui permet des espoirs vite noyés dans la boulimie pouvoiriste du clan impitoyable. La grande messe qui se réunit à Abidjan, jouit d’un écho international sans égal. La paix est en jeu, et l’avenir de toute la sous région est en cause. Tout le monde joue très gros sur la Côte d’Ivoire. Ici, c’est le franc parlé qui domine, du moins le croit-on vraiment. Pourtant, c’est à cette occasion que l’on croyait être l’instant de vérité et de consécration de la survie de tous, que le pauvre Guei, devenu depuis président d’un parti politique, l’UDPDCI, va signer son arrêt de mort. En effet le Général se croyant ou se sentant vraiment en famille, n’a pas conscience de la flamme criminelle et vengeresse qui brûle dans l’âme de l’homme Gbagbo.
Gui déclare : « Laurent, ne perdons pas le temps. Laissons tomber toute cette polémique. Pour moi Ouattara est ivoirien et il n’y a pas de contestation possible. En plus, c’est toi qui est venu me voir nuitamment pour me proposer la rédaction de l’article 34 qui consacre l’ivoirité et crée les problèmes que notre pays connais. Faisons table rase et prenons un nouveau départ pour une réelle réconciliation de la Côte d’Ivoire ».
Mais Guei n’est pas la seule cible que l’on a programmé d’éliminer parce qu’il en sait trop. Ouattara est un autre témoin gênant, car entretemps, versé dans un repentir et une recherche de purification, le Général a fait des confidences sur leur deal avec Gbagbo à bien des gens. Tous ceux-là doivent disparaître, selon la logique impitoyable de condamnation à mort de tous les témoins d’un crime. Ouattara est encore plus gênant et il suffira de profiter d’un relatif désordre arrangé avec professionnalisme, pour en finir avec lui. Le patron du RDR ne devra son salut qu’à un dernier réflexe de survie qui l’amène à fuir son domicile juste avant l’arrivée des tueurs à gage qui ne le trouvant pas, mettent tout à sac et laissent le carré en fumée. Dès lors, et sentant sa vie menacée d’autant plus que le slogan TSO (tout sauf Ouattara est ventilé à coup de millions de CFA dans une presse aux ordres de l’argent détourné du cacao), l’ancien Directeur général adjoint du FMI est obligé de s’expatrier et d’élire momentanément domicile à, l’étranger.
Rien n’arrête plus Gbagbo, et chaque jour qui passe, le renforce dans sa conviction de confiscation du pouvoir qui exclu tout compromis, et partant tout accord de paix véritable pour une sortie de crise effective pour le pays. Les incidents de l’hôtel ivoire lui donnent une occasion rêvée pour agiter la flamme nationaliste et jouer les gardiens de la dignité. Ces incidents très graves, les enquêtes le prouveront par la suite, sont pourtant instrumentés par les milices du régime conduites par l’homme de main Blé Goudé. Ce sont elles qui s’élancent contre un détachement des troupes françaises coincées et contraintes de riposter face à une foule surexcitée dans laquelle se cachent des hommes armées.
Gbagbo trouve alors sur le marché de la contrebande entretenue par les trafiquants des anciennes républiques de l’URSS devenues de véritables électrons libres dans les relations internationales obscures et mafieuses des armes, une nouvelle force, des moyens, des pilotes, et des mercenaires. Voilà, il ne tarde pas à s’en servir pour faire monter le niveau de tension, faisant des victimes au sein des forces françaises. Paris ripostera de façon sévère, en anéantissant une grande partie de cette piètre quincaillerie, que le maître manipulateur a utilisée comme un gamin jouant avec des allumettes.
C’est le sommet de la colère factice, celle qui lui permet maintenant du colonialisme français. Dorénavant, il trouve la bonne excuse pour ses dérobades à propos des accords signés mais jamais respectés. Son régime aurait tourné le dos aux entreprises françaises et ce serait la raison pour laquelle, il est attaqué. Bêtement, et sana tenir compte qu’il s’agit d’un pays où plus 65% du PNB est formé par les entreprises françaises qui emploi presque six ivoiriens sur dix, quelques écervelés en Afrique croient à ce discours. Mais Gbagbo va plus loin, en achetant plusieurs directeurs de publication sur le continent, pour défendre sa cause et populariser son mensonge. Des charters sont organisés à Abidjan, avec tous frais payés et séjours dorés où le maître en personne, reçoit ses messagers. Le retour sera gagnant, car sans attendre, la presse du continent change de ton, et l’on voit des propagandistes pro Gbagbo fleurir partout. Le fond du problème, l’origine de la crise, n’est même plus évoqué.
C- L’Ultime Accord négocié en Afrique du Sud et la mise en œuvre du mécanisme du Chapitre VII de la charte de l’ONU relatif au maintien de la paix et de la sécurité internationale
Il faut s’être entretenu avec les premiers ministres successifs qu’à utilisé, usé et abusé Laurent Gbagbo, pour mesurer le degré de cynisme de l’homme. Guei avait vu tellement juste, que ces différents chefs de gouvernement de la transition, n’y voient que du feu lorsqu’ils se mettent à table. Seydou Diarra en garde un des plus tristes souvenirs de sa vie publique. La vérité pour tous, c’est que Gbagbo n’avait aucune volonté d’en finir vraiment avec cette crise. En lieu et place de la fin de la crise, c’est d’abord et peut-être seulement la disparition de ses ennemis politiques dont Ouattara en tête, qui l’intéressait. D’ailleurs, les intimes du président ne s’en sont jamais cachés en privé. Le refrain a toujours été le même : au départ c’est, jamais d’élections avec Ouattara et jamais de certificat de nationalité ivoirienne pour Ouattara. Ensuite c’est, élections ou pas élections, on gardera le pouvoir.
Il convient de rappeler que les élections municipales qui constituent un test grandeur nature, effrayeront fortement et définitivement le clan Gbagbo. Le RDR réalise un score très élevé, arrivant en deuxième position, malgré toutes les manœuvres du pouvoir, et raflant la mise totalement dans de nombreuses circonscriptions.
En réalité, le drame ivoirien s’envenime, lorsque le monde entier découvre un président théoriquement en fin de mandat, mais pas du tout pressé de régler les détails d’un arrangement de sortie de crise. Ce qui est bien plus ennuyeux, c’est que dans cette affaire, les opposants au régime de Gbagbo, sont presque seuls à connaître effectivement celui-ci pour sa capacité manœuvrière. Que la guerre reprenne ou pas n’a jamais été véritablement son vrai souci. Même les appels au désarmement signifient d’abord dans sa logique politique, le déshabillage de ses ennemis, puisque dans le même temps, il prend le contact de tous les marchands d’armes clandestins de la planète pour se réarmer solidement. Pour tous ceux qui ont visité Abidjan et fait un peu attention, il était facile de se rendre compte que l’hôtel Ivoire était transformé en QG des mercenaires qui s’offraient en spectacle à longueur de journée et de nuit comme des serpents redécouvrant un soleil radieux.
Voilà dans quelles conditions l’ONU doit prendre entièrement en charge le dossier ivoirien en 2005. Le Conseil de sécurité supervise, parraine, et finalement prends la responsabilité totale de conduire le processus de paix pour ramener la paix dans le pays. Nous sommes alors dans un jeu à trois pôles internes et à un pôle externe agissant comme le maître d’ouvrage. Le maître d’œuvre, ce sont les trois pôles internes agissant collectivement comme signataires des différents accords de sortie de crise : Le régime de Gbagbo ; les partis d’opposition ; les forces nouvelles.
Etant donné que l’origine de la crise n’est l’objet de contestation pour personne, c’est-à-dire l’exclusion ethnique, le tableau de bord, fait d’un catalogue de mesures représentant différentes étapes à franchir pour la restauration de la confiance et la clarification du paysage politique, est énoncé selon des certifications précises. Sans plus avoir besoin de revenir en long et en large sur les contenus des différents accords, il est tout simplement important de rappeler que c’est au représentant de l’ONU nommé pour conduire le processus sur place, qu’il revient de certifier chacune des étapes.
Si on ne comprend pas ce que cela veut dire dans la pratique du droit international spécifique du maintien de la paix et de la sécurité internationale, on ne peut pas comprendre la suite. En réalité, c’est un véritable proconsul qui est placé à Abidjan, avec des pouvoirs de quasi tutelle qui relègue les privilèges et les attributs de la plénitude de souveraineté de l’Etat ivoirien au second plan.
Le monde entier a assisté en témoin médusé, aux mille manœuvres et aux trésors de nuisance et de dilatoires déployés par le régime Gbagbo pour bloquer, freiner voire paralyser le processus. La désignation de Guillaume Soro au départ présenté comme une habile combinaison pour sauver effectivement le pays, s’avérer une collaboration aussi délicate que l’étaient, celles des deux prédécesseurs. En réalité sous des apparences de cheminement tranquille, c’est un parcours du combattant. Le premier ministre a été plus d’une centaine de fois placé dans la délicate situation d’abandonner ses fonctions, avec des raisons suffisamment solides et valables pour ne pas être critiqué par qui que ce soit, mais il a résisté.
Gbagbo aura tout montré, du sabotage des audiences foraines chargées de vérifier les documents des citoyens et de délivrer des certificats de nationalité, seront soumises à rude épreuve. Un matin c’est mille personnes que le président et son parti ne veulent pas. Un autre jour, c’est telle ville ou tel village qui ne plaît plus au chef du FPI Affi Nguessan. C’est tralala par ici et patatra par là bas. Les nerfs de tous les intervenants de près ou de loin dans ce long processus sont permanemment soumis au charbon. Pour faire bien, vite et complet, l’ONU prends injecte les moyens dans tous les sens et sous toutes les formes. Forces de police multinationale ; avions ; véhicules ; troupes d’interposition. Tout y est.
Le clou du désordre et de la volonté de tout foutre en l’air, arrive avec d’abord la contestation de la composition de la commission électorale indépendante, et ensuite avec la demande de radiation de plus de quatre cent mille ivoiriens de la liste électorale. En fait plus la probabilité des élections matérialise, mieux le régime s’agite et transpire négativement. Gbagbo va recourir à l’audace du chasseur qui fait du bruit et crée de faux événements, pour décourager le gibier. Des sondages sont commandés à tout vent, dans le seul but, de mettre Alassane Ouattara hors course sur le tapis vert. « Jamais racontent ces sondages longuement et amplement repris par des médias payés à prix d’or à l’instar de Jeune Afrique, Ouattara ne verra le second tour ».
Toujours est-il que les protagonistes sont obligés de se livrer à une navette infernale entre Abidjan et Ougadougou. Tout cela fini même par ressembler à un pèlerinage qui ne déplaît pas à un Compaoré dont qui s’accroche désespérément au costume de médiateur, pour faire oublier le sang frais de Thomas Sankara qui souille ses mains pour l’éternité.
Combien de fois a-t-on reporté la date de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, et qui en est le responsable ? En répondant de façon honnête à cette question, on règle déjà les trois quart des énigmes de la crise post électorale. Mais ces quelques prétendus intellectuels Africains ont-ils le courage d’une telle lecture, d’une telle épreuve ?
Gbagbo aura tout fait jusqu’au dernier moment pour entraîner le pays dans une explosion. Lorsqu’il déclenche la querelle pour la énième fois de la partialité du président de la Commission électorale indépendante, il croit réussir à pousser ses opposants à bout. Autocratique et dictateur à souhait, il prend une série de mesures dont la disqualification du président de la CENI. Abidjan s’embrase, le pays sent la fumée. Compaoré entête puis les autres, Wade, Jean Ping, interviennent. La situation est sauvée de justesse. Un autre président de la CENI conforme aux vœux du roi Gbagbo est désigné.
Nous avons parlé tantôt de la portée de la mise en œuvre, du mécanisme du chapitre VII de la charte de l’ONU relatif au maintien de la paix et de la sécurité internationale. C’est la partie du texte de San Francisco, qui consacre plus que toute autre, la notion de sécurité collective, de prévention, de désarmement et de résolution des conflits. Lorsque l’organisation universelle et multilatérale se déploie en prenant appui sur ses dispositions pertinentes, elle se fait e réalité supranationale selon l’entendement effectif, total et plein. C’est ce qui fait dire au procureur de la Cour pénale internationale, que « toute agression sur les forces de maintien de l’ONU équivaut à un crime contre l’humanité ». L’illustre diplomate n’invente rien, n’interprète rien, et n’ajoute rien à la vérité normative.
Il peut être compréhensif que des personnes, même affichant des brevets d’érudition en d’autres domaines, en d’autres instances et sous d’autres cieux, ignorent tout de la substance du droit international positif, lequel n’est pas honnêtement à la portée du premier venu. Mais de grâce, le culot qu’il y a lorsque l’on se fait omniscient, en prenant les vertus de l’historien ou de l’économiste pour la clé des secrets du monde, est répugnant. Même en obtenant le concours du mathématicien et du biologiste, toute l’équipe reste incapable de comprendre parfaitement la substance des Accords et conventions spécifiques du droit diplomatique et du droit international du maintien de la paix et de la sécurité internationale.
Il ne peut pas, et il ne saurait être question, de souveraineté ou d’indépendance, dès lors que la gestion matérielle, politique, administrative et diplomatique d’une situation de crise dans un contexte ou dans des contextes nationaux quelconques, est confiée, par le biais d’un accord international, à l’ONU agissant par son organe spécialement chargé des questions de maintien de la paix et de la sécurité internationale, sous la supervision du Secrétaire Général.
Votre conseil constitutionnel, dans ces conditions de tutelle de fait, est ramené à un simple ornement organique, dont l’importance, les prérogatives et les pouvoirs, sont encore plus symboliques et plus insignifiants, que ceux de la reine d’Angleterre.
D – Des évidences prémonitoires et troublantes
Anti colonialiste, anti blanc, anti impérialiste, panafricaniste, on veut bien avaler tous ces qualificatifs d’une campagne de champ de guerre que l’on découvre et déroule après une défaite électorale sans appel. Quelques évidences nous préparent à bien comprendre la mécanique :
Première évidence: très peu de temps avant le l’ouverture officielle de la campagne, Laurent Gbagbo a tenu à refaire son image et ses relations avec la France. C’est ainsi qu’est reçu à grandes pompes à Abidjan accompagnée d’une forte délégation des proches du président français, monsieur Claude Guéan, le très puissant secrétaire général de l’Elysée. Vrai ou faux ?
Deuxième évidence: après Claude Guéan, ce sera le tour de Jack Lang, le très médiatique haut dignitaire du parti socialiste français. Gbagbo en prostitué rompu, va se pavoiser avec ce cher ami de l’international socialiste à travers les rues et les lieux symboles du pays. Vrai ou faux ?
Troisième évidence: La stratégie communicationnelle de la campagne du candidat Gbagbo a été conçue et élaborée en France, par des sociétés spécialisées proches du parti socialiste français. Vrai ou faux ?
Quatrième évidence: Le FPI de monsieur Laurent Gbagbo avait-il oui ou non des représentants dans tous les bureaux de vote ?
Cinquième évidence: Les arrangements relatifs à la publication des résultats prévoyaient que ceux-ci seraient annoncés au fur et à mesure par chaque bureau de vote le soir même des élections. Qui a empêché qu’il en soit ainsi, sinon monsieur Gbagbo ?
Sixième évidence: pour prévenir tout débordement et pour garantir la confiance mutuelle, mille cinq cent hommes des troupes de l’armée de Gbagbo avaient été envoyé au nord et vice versa. Au soir du premier tour comme du deuxième, aucun incident majeur n’avait été signalé par les troupes des deux côtés, et aucune provocation à l’endroit des uns et des autres n’avait eu lieu. Vrai ou faux ?
Septième évidence: c’est le haut représentant de l’ONU qui a certifié les résultats du premier tour, et ce conformément aux Accords. Vrai ou faux ?
Huitième évidence: Le total des voix réalisé par la coalition des houphouétistes au premier tour, ajouté à quelques autres même insignifiants des autres candidats anti Gbagbo, dépassait très nettement la majorité absolue, et de toute façon supérieure à 54%. Vrai ou faux ?
Neuvième évidence: L’ancien président de la république Konan Bédié, arrivé en troisième position, a clairement appelé à voter pour Ouattara, selon l’accord politique conclu avant le premier tour, et c’était suffisant pour la victoire, selon tous les calculs, y compris les plus pessimistes. Vrai ou faux ?
Onzième évidence: Laurent Gbagbo a accepté lors du débat avec Alassane Dramane Ouattara à la veille du deuxième tour, qu’il se plierait au verdict des urnes. Vrai ou faux ?
Douzième évidence: C’est le représentant de Laurent Gbagbo qui a empêché la proclamation des résultats du second tour par la Commission électorale dans les délais. Ses sbires avaient en effet envahi le siège de la Commission, brutalisé les journalistes, malmené certains membres de la commission. Le monde entier a pu voir un représentant de Gbagbo arracher et froisser les documents portant les résultats que le porte-parole de la Commission s’apprêtait à lire. Vrai ou faux ?
Treizième évidence: A la veille du deuxième tour, Laurent Gbagbo, conscient de sa défaite certaine, avait, dans ses plans contingents de confiscation du pouvoir, décrété l’institution du couvre feu, malgré l’opposition de son premier ministre, des partenaires internationaux, et des observateurs. Le pouvoir croyait entre autre, décourager les électeurs, les effrayer, les empêcher de sortir pour aller voter. Vrai ou faux ?
Quatorzième évidence: Le conseil constitutionnel a, en violation de la substance des accords, en violation in extenso des propres textes ivoiriens qu’il prétendait incarner, en violation de toute logique juridique ainsi que de toute éthique morale dans un tel contexte, jugé les faits, ce qui ne relevait ni de ses compétences ni de ses attributions. Vrai ou faux ?
Quinzième évidence: Dans le droit international positif, les accords et conventions émettent à l’endroit des Etats, des obligations qui transcendent toute disposition légale ou règlementaire interne. En somme, aucun organe interne, fut-ce le conseil constitutionnel, ne peut avancer une prétention de prééminence face aux obligations de droit internationales librement souscrites par l’Etat. Les instruments internationaux dont il est question, sont d’autant plus contraignantes pour l’Etat, que leur validité et leur valeur juridique, sont dépendants de la ratification, acte suprême par lequel, la plus haute personnalité de l’exécutif, exprime, signifie, magnifie et consacre, l’acceptation, le consentement et la volonté de son pays, d’être lié. Vrai ou faux ?
E – Engageons maintenant le débat sur vos réflexions
D’abord, il est très important, de rappeler, pour votre gouverne propre et pour celle de vos adeptes, que je vous voue une admiration et un respect jamais démentis, du reste mérité. Vous incarnez un exemple de ce que l’Afrique a produit comme génie des sciences et des lettres, depuis que les maîtres pensants du monde, par ailleurs conquérants incontestables de la planète, des mers et des océans, ont ouvert les portes de leurs académies à ses fils et filles. Pour cela, je me suis toujours voulu prudent de ne pas répondre avec agitation, à quelques unes de vos multiples sorties. J’avoue ici la faiblesse de l’homme, la soumission à des penchants villageois rétrogrades, ces attitudes qui nous causent tant de torts aujourd’hui.
Ensuite, c’est avec votre permission implicite, car offensé dans la force de mes principes, et frustré de vous voir jouer aussi imprudemment avec le socle de quelques vérités et partant les repères de quelques espérances, que j’ai vraiment pris la plume, pour sonner une forme de libération, une fin de recréation. J’estime, et beaucoup d’Africains avec moi, que notre destin commun est plus que jamais menacé, et notre dignité collective plus que jamais souillée, à travers ce qui se passe en Côte d’Ivoire.
C’est dont en homme libre, et citoyen dégagé de toutes les contraintes amicales, fraternelles, villageoises et matérielles, que je m’exprime et vous invite au débat.
Voyons, il m’a semblé, en vous lisant, que vous saisissez l’occasion de ce qu’il est convenu de nommer la crise en Côte d’Ivoire, pour vous imposer en ultimes moralisateurs. Vous menez tambour battant, une juste gymnastique didactique sur ce que devrait être la démocratie en Afrique, avec ses repères éthiques et ses valeurs contextuellement modélisés. En somme, vous en êtes, à partir d’une lecture que vous voulez globale, à reposer le problème de modèle social et politique. Mais que se passe-t-il donc vraiment dans votre tête ? Il n me souvient point, durant la longue saignée de la Côte d’Ivoire depuis bientôt deux décennies, que quelqu’un de vous ait pris son temps, sa plume, son outil d’action, pour se pencher sur cette situation. Les drames se succèdent et se mettent en place chaque jours dans ce pays, avec au centre, Laurent Gbagbo comme moteur principal, pilote de l’apocalypse, et sans que vous ne soyez ni alertés ni inquiétés. Mais quel crédit entendez vous faire prévaloir, quand on ne vous entendu ni sur les charniers de Youpougon, ni sur les turpitudes de la notion abjecte, cruelle, criminogène et blasphématoire de l’ivoirité ?
Il faut dire, redire, et le graver définitivement, que la querelle des modèles est dépassée depuis fort longtemps. Mais n’êtes vous pas donc au courant de la chute du mur de Berlin et de la réunification de l’Allemagne ? Je crois que vous êtes au moins au courant, que la Chine qui cheminait avec nous dans les années 1970 dans les dénonciations virulentes de l’impérialisme, de l’exploitation de l’Homme par l’Homme, est devenue la deuxième puissance économique du monde ? J’espère que vous avez entendu parler du Brésil de Lula, pays qui dénonçait avec nous le colonialisme dans toutes les assemblées, mais qui en deux décennies, a sorti le tiers de sa population de la pauvreté ?
Vous en êtes donc toujours à une vision passéiste, à une réflexion bloquées dans les temps anciens et sur des images et des croyances anciennes, alors que le monde a inventé la téléphonie mobile et internet. Mais à quoi voulez-vous destiner l’Afrique, en usant de prétextes de paresseux et de jaloux incapables de s’arrimer aux mutations décisives qui sont e train de transformer le vécu quotidien de l’humanité ? L’invention du discours revendicatif fait certes partie du discours révolutionnaire pour la nécessaire quête permanente de mutations dialectiques dans l’optique d’une amélioration constante de la cité, mais chez vous, nous en sommes à autre chose.
Tenez donc, vous qui vivez loin de notre terroir, vous qui écrivez parfois sur le manioc en vous postant dans les cafés de Paris, Washington, et Londres, vous qui ne pouvez pas, j’en suis certain, connaître le prix du régime de banane plantin à Douala, ni le nombre de pays Africains qui produisent effectivement le manioc, n’avez-vous pas remarqué ce que fait la Corée du sud ? J’attends toujours de voir la marque de téléphone qui aura été produite à Dakar, Kampala, Kinshasa ou Lomé, par des gens comme vous revenus en Afrique pour investir leur intelligence. C’est dommage que cela tarde trop, et je crains que vous ne remontriez votre bout de nez ici, que lorsque vous aurez perdu la force de travail, c’est-à-dire au moment de votre retraite.
Le monde avance, et vous en êtes donc à pleurnicher, pleurnicher, accuser, accuser, accuser, et accuser, toujours accuser. Mais chers amis, il me semble que nous sommes dorénavant, en présence d’un lourd dilemme, celui de votre trouble profond à cause de votre incapacité à gérer vos propres contradictions internes cruelles. Voulez-vous venir ici travailler à changer l’Afrique, à appliquer les modèles flous dont vous si bien pétris en théorie ? Désirez-vous au contraire, continuer cette agitation stérile à distance qui trouve dans de vieux discours accusateurs, un fond de commerce plutôt maladroit ?
Lorsque vous n’êtes pas en mesure, dans une situation comme celle qui prévaut en Côte d’Ivoire, de désigner clairement le camp fautif, le camp coupable, l’auteur de la misère et des souffrances des populations, vous n’emportez plus notre conviction sur votre sérieux, sur votre disponibilité ou sur votre qualification dans la quête de dirigeants salvateurs pour le continent. Jouer avec la vérité, avec les principes, là où des individus ont voulu utiliser la discrimination et l’exclusion ethnique à des fins politiciennes sanglantes, relève d’intentions criminelles. La Crise en Côte d’Ivoire ne met pas en face des voleurs de bœufs et des voleurs de poules, comme l’un de vos Dieux a cru schématiser. La crise en Côte d’Ivoire pose le problème fondamental du respect des principes, de la parole donnée, de l’honnêtété. Il n y a pas et il n saurait y avoir, de principes démocratiques applicables à l’Afrique, et d’autres applicables à l’Europe, à l’Asie ou à l’Amérique. Votre discours spécificateur, préfigure des méthodes de gestion sociale dangereuses dont on souvient des ravages dans un passé pas très lointain, sous l’empire des affirmations d’authenticité.
L’Afrique n’a pas besoin de moralisateurs lointains, ni de génies omniscients. L’Afrique a besoin de travail et de détermination, de lucidité et d’engagement résolu pour sortir de sa triste situation, laquelle ne doit pas tant aux autres, contrairement à vos thèses rétrogrades. La rencontre de l’Afrique et de l’Europe a tourné au désavantage de la première, parce que certainement celle-ci était moins bien préparée, moins bine outillée, moins bien rusée. Il y a déjà plusieurs siècles que cela a eu lieu, et nous aurions du déjà du, à ce jour, en tirer toutes les conséquences. Lorsque votre fils a été tabassé par son camarade à l’école, vos devez le préparer pour que cela ne se produise plus, et non pour qu’il passe sa vie à détester, à jalouser et haïr le dit camarade. Voulez-vous vraiment passer par des séances de psychanalyse pour vous refaire, pour replacer dans une dynamique positive, pour monter dans le train du monde ? Mais qui donc vous interdit de rentrer dans votre pays pour y créer une scillicon valley ?
Plus que jamais, l’Afrique vous attend pour participer sur place à la réussite de sa révolution. C’est ici, sur la terre d’Afrique, que cette révolution devrait et mériterait d’être conduite, et non sur les ondes des radios internationales, sur les sites internet, dans les salons cossus de quelques capitales lointaines où l’on n’entend, ni les gémissements des misérables Africains qui crèvent faute de traitement de paludisme, faute d’un bout de pain, faute d’un toit, ni les plaintes des milliers qui crient leur colère, face aux abus sévères, des préposés subalternes de l’Etat autocratique.
Et puis, dans votre expansionnisme intellectuel attentatoire à la vérité des faits en Côte d’Ivoire, évitez de dévoyer le très précieux idéal du panafricanisme, par la confusion à laquelle vous vous laisser aller, entre quelques saltimbanques assoiffés de pouvoir absolu comme Gbagbo, et ses honnêtes promoteurs que sont les Nkrumah, Nyerere, Lumumba, et autres. Faites vous plus méthodiques, plus réfléchis, plus raisonnablement impliqués sur le terrain des réalités objectives, et moins spectaculaires. Ce qui est en cause, n’est pas la promotion d’une marque de savon dont vous seriez fabricant et distributeur saisonnier. Ce qui est en cause, c’est fondamentalement et profondément l’Afrique et les Africains face aux exigences d’un monde qui va vite, change vite, se transforme vite, et n’attend pas les cancres, les paresseux et les pleurnichards.
C’est le nombre de kilomètres d’autoroute et le nombre de familles ayant accès à l’électricité et à l’eau courante, qui servent de référence pour la considération des nations, et non la coloration de l’ethnie qui gère le pouvoir. C’est le seuil de rentabilisation et d’implication des intellectuels dans le processus concret de développement de leur société qui constituent le premier critère de considération et de crédibilité de ceux-ci, et non le nombre de conférences, de déclarations, de diatribes, de versets inutilement moralisant et de critiques purement académiques. Gbagbo a perdu dix précieuses années à la Côte d’Ivoire, uniquement et seulement parce qu’il entendait barrer la route du pouvoir par tous les moyens à un certain Alassane Ouattara plus populaire, mieux préparé, plus expérimenté, et mieux outillé. Qu’il dégage, il a perdu les élections.
Enfin, puisque vous séjournez depuis si longtemps chez les blancs, en Occident, et que vous avez eu suffisamment le temps de les espionner, de les comprendre, de découvrir pourquoi ils sont comme vous le laissez croire, la source des malheurs de l’Afrique, vous pouvez maintenant proposer des solutions pratiques pour les contrer, pour nous libérer définitivement de leur joug. Venez donc les appliquer sur place en Afrique. On compte sur vous pour en finir. Et puis, pourquoi n’irions-nous pas coloniser à notre tour l’Occident, maintenant que vous avez assez de génie, de vision, et de capacité prospective ? Ce serait bien dommage que vous ne fassiez rien.
En tout cas, à défaut de cette démarche, et à défaut d’avoir le courage de lire, d’exprimer et d’indiquer la vérité sur la situation en Côte d’Ivoire, il faut apprendre à vous taire parfois. C’est une injonction./.
SHANDA TONME,
21 Février 2011
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