ABIDJAN (AP) — Des bandes de jeunes Ivoiriens, activement aidées et soutenues par des policiers en uniforme, ont mis à sac au moins 10 maisons appartenant à des ministres, élus et autres alliés politiques d’Alassane Ouattara, le président-élu reconnu par les Nations unies, a dénoncé dimanche l’un de ses conseillers.
Amadou Coulibaly, haut conseiller d’Alassane Ouattara, a accusé la police de recruter des jeunes pour participer à ces pillages qui ont commencé jeudi. « Ils tentent d’instaurer une atmosphère de terreur », a-t-il affirmé. « Mais ils ne peuvent pas faire plus que ce qu’ils ont déjà fait, tirer sur des femmes désarmées », a-t-il ajouté, faisant référence à la mort de six manifestantes abattues jeudi par les forces loyales au président sortant Laurent Gbabgo.
Un témoin a rapporté avoir vu un camion transportant des membres des forces d’élite du CeCOS (Centre de commandement des opérations de sécurité), quitter samedi la maison du ministre des Finances d’Alassane Ouattara, Charles Koffi Diby. Un réfrigérateur avait été chargé dans le camion, selon ce témoin, qui a dit avoir vu le véhicule revenir et repartir une seconde fois de la résidence, cette fois en emportant un coffre.
Des dizaines de jeunes adolescents ont fracassé les portes et fenêtres de la maison, avant de s’en aller, portant costumes et robes et emportant plats et autres biens, a ajouté ce témoin, qui a requis l’anonymat dans la crainte de représailles.
Selon un décompte de l’Associated Press fondé sur les déclarations de témoins, des entretiens avec les propriétaires et les informations du gouvernement Ouattara, au moins 10 maisons ont été pillées. Ces maisons appartiennent à des ministres ou des maires du parti d’Alassane Ouattara, le RDR (Rassemblement des républicains), mais aussi à des membres de leurs familles ou à des hommes d’affaires considérés comme des soutiens du rival de Laurent Gbabgo.
Ami Toungara, conseillère d’Alassane Ouattara sur la condition féminine, a vu sa maison pillée et incendiée vendredi. Elle a raconté que la police vise des personnes se trouvant à l’hôtel Golf et étant donc incapables de défendre leurs maisons. Depuis début décembre, Alassane Ouattara et son gouvernement, protégés par les troupes de l’ONU, restent confinés dans l’hôtel Golf, un hôtel de luxe, par les forces de sécurité fidèles à Laurent Gbagbo.
Ce dernier refuse de céder le pouvoir, après avoir été proclamé vainqueur de la présidentielle par le Conseil constitutionnel, qui a invalidé nombre des votes dans les fiefs de son adversaire. Alassane Ouattara a de son côté été reconnu comme le président-élu par les Nations unies, qui ont certifié les résultats de la Commission électorale indépendante, et par l’Union africaine notamment.
Près de 400 personnes ont été tuées en Côte d’Ivoire depuis le second tour du 28 novembre, selon un décompte des Nations unies et de l’agence Associated Press. D’après l’ONU, plus de 200.000 personnes ont fuit les violences à Abidjan au cours de la semaine écoulée et plus de 70.000 ont franchi la frontière pour gagner le Liberia, et éviter les combats dans l’ouest du pays. AP
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