Le climat est de plus en plus tendu en Côte d’Ivoire après plusieurs jours d’affrontements meurtriers à Abidjan et à l’intérieur du pays entre forces de l’ordre loyales au président sortant Laurent Gbagbo et partisans d’Alassane Ouattara parfois puissamment armés, sans compter la multiplication des actes d’hostilité des partisans de M. Gbagbo contre la mission de l’ONU.
Lundi, Laurent Gbagbo a reconduit pour trois jours le couvre- feu nocturne dans deux quartiers pro-Ouattara à Abidjan, Abobo et Anyama, où des affrontements à l’arme lourde opposent depuis plus d’une semaine un « mystérieux commando » et les forces loyalistes provoquant un exode massif des populations vers des quartiers jugés plus sûrs.
L’armée fidèle à Laurent Gbagbo a assuré poursuivre ses actions « de ratissage et de sécurisation » à Abobo, presque vidée de sa population, alors que le « mystérieux commando » continue de se signaler dans des positions plus avancées après avoir attaqué et endommagé dimanche le centre émetteur de la radio-télévision publique.
La tension reste aussi vive entre les Casques bleus et le camp de Laurent Gbagbo qui réclame le départ de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) accusée de collusion avec l’ex rébellion des Forces nouvelles, alliée du rival Ouattara.
Lundi, des personnels de l’Onu ont essuyé des tirs des forces pro-Gbagbo à l’aéroport de Yamoussoukro (centre, 230 km d’Abidjan) où elles allaient vérifier une violation de l’embargo sur les armes en Côte d’Ivoire par la livraison de trois hélicoptères en provenance du Bélarus.
Le Bélarus a démenti l’information et le gouvernement de Laurent Gbagbo parle d’un « complot » alors que le secrétaire général de l’Onu a convoqué lundi une réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur la situation en Côte d’Ivoire.
A l’appel de leur leader, Charles Blé Goudé, les « jeunes patriotes », partisans de Laurent Gbagbo ont érigé des barrages à travers les communes d’Abidjan, notamment Yopougon, Cocody et Port- Bouet, pour empêcher « l’infiltration des rebelles » et bloquer la circulation des véhicules de l’ONUCI.
Aller d’un quartier à un autre est devenu un véritable parcours de combattant à Abidjan délaissé par les forces de l’ordre et tamisé par ces jeunes, souvent aux mains nues parfois armés de gourdin ou de kalachnikov, comme devant le camp de la Force française Licorne à Port-Bouet (ex 43ème BIMA).
Deux mécaniciens d’hélicoptères ukrainiens de l’ONUCI sont tombés dans ce barrage filtrant. Ils ont été enlevés, séquestrés pendant des heures avant d’être relâchés.
Pour leur part, les « femmes patriotes » ont choisi lundi d’assiéger pendant six jours un camp du bataillon jordanien de l’ONUCI dans le quartier de la Riviera (Cocody).
Les partisans d’Alassane Ouattara eux non plus ne chôment, notamment dans les communes de Koumassi et Treichville où ils tentaient d’occuper lundi les rues dans des courses-poursuites avec les forces de l’ordre qui usaient de gaz lacrymogène et n’hésitaient pas à tirer à balles réelles pour les disperser.
A l’instar des jeunes, des femmes pro-Ouattara ont battu le pavé lundi à Koumassi bravant les tirs de gaz lacrymogène et de sommation.
Selon des habitants de Koumassi, il y a eu des tirs toute la nuit. Des magasins ont été pillés et saccagés et mardi le grand marché de Koumassi était fermé. Les jeunes ont érigé des barricades, brûlé des pneus usés sur les artères menant au marché avant d’être dispersés par les forces de l’ordre.
Cette montée de tension intervient dans l’attente des décisions « contraignantes » du panel des cinq chefs d’Etat désignés par l’Union africaine (UA) pour trouver une solution pacifique au bras de fer entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara autour du fauteuil présidentiel depuis l’élection du 28 novembre dernier.
Mis en place fin janvier à Addis-Abeba, le panel avait un mois pour rendre sa décision.
Il a rencontré du 21 au 23 février à Abidjan les principaux acteurs de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire.
Source: xinhua
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