Une scène à la fois étonnante et déshonorante pour la Côte d’Ivoire. Des femmes de tout âge, dénudées comme des vers de terre, des femmes en tenue d’Eve se roulant au sol. La scène qui parait pourtant surréaliste, s’est produite hier, à l’Avenue 21, dans la commune de Treichville. Pour une raison de bons sens, nous n’avons pas immortalisé les images. Sifflet à la bouche, ustensiles de cuisine à la main, plusieurs centaines de femmes, dansant et chantant, comme elles savent le faire, avaient pris d’assaut les différentes artères de la commune pour dénoncer les sévices dont elles et leurs fils sont victimes. « Depuis deux jours, nos enfants sont enlevés par les FDS. Ces derniers font irruption dans les cours pour embarquer nos fils. Déjà avant-hier, nous sommes sorties pour crier notre ras-le-bol. Plusieurs d’entre nous ont été arrêtées », explique une manifestante sous le couvert de l’anonymat. Hier, poursuit-elle, « nous sommes sorties pour exiger leur libération et celle de nos fils. C’est alors que nous avons été stoppées par des hommes en armes à bord de plusieurs cargos militaires », témoigne, dame Kouamé, une autre manifestante qui poursuit : « C’est alors que de façon spontanée, nous nous sommes mises nues ». Les forces de l’ordre ont alors stoppé leur progression. Les manifestantes, elles dans leur tenue d’Eve se sont toutes assises, en face des FDS. Les deux parties sont restées dans cette position pendant plusieurs heures. Pendant ce temps, d’autres cargos militaires, ont fait le tour de la commune pour intimider les populations. Les quelques magasins qui avaient ouvert ont vite baissé rideau, le transport s’est ralenti. Avant ce face à face, les femmes de Treichville, avait reçu la visite de Mmes Touré Aya Virginie du RDR, de Dao Gabala du PDCI et Traoré Pauline du MFA, à la permanence du PDCI de la commune. « Nous sommes venues vous soutenir », ont-elles, indiqué d’entrée. Avant, Mme Kouassi, au nom des femmes de Treichville, a relaté ce qui se passe à Treichville, depuis quelques jours : « Hier, avant-hier, des éléments des FDS ont fait irruptions dans les cours et ont enlevé tous les jeunes. La veille déjà, elles ont usé d’armes de guerre contre nos enfants et en ont tué plusieurs C’est pour dire non, à ces graves atteintes aux droits de l’homme, que nous sommes sorties pour marcher sur la Garde républicaine de notre commune ». Selon elle, le mouvement a été violemment réprimé par les FDS, qui ont lancé des gaz lacrymogène, tiré à balles réelles, bastonné les femmes avant d’emporter plusieurs d’entre nous ». Le décor planté, Touré Aya Virginie a galvanisé les femmes dont les rangs sont allés grossissant et la détermination plus féroce. « En tant que femmes, nous devons prendre notre place pour la libération de notre pays », a indiqué Mme Touré Virginie. C’est pourquoi, elle a exhorté ses sœurs à ne point baisser les bras, mais plutôt à faire front contre la tentative de confiscation du pour voir par Laurent Gbagbo. Pour Traoré Pauline, « les femmes de Treichville doivent se rappeler que la libération de la Côte d’Ivoire au temps colonial est partie de Treichville où les femmes se sont mobilisées pour la marche sur Grand-Bassam ». Message reçu cinq sur cinq par les femmes qui ont envahi les rues de Treichville. Sous la pression des femmes, celles qui ont été arrêtées la veille ont toutes été libérées en fin de soirée.
Thiery Latt
Le Patriote
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