INTERVIEW Par Gbansé D. Alexis | Connectionivoirienne.net
« Il y a de quoi à se demander si ce pays ne s’est pas inscrit sur le registre du conflit israélo-arabe. »
Crise ivoirienne | Livre Faustin Toha:
Depuis le 29 février 2009, l’auteur de « Devoir de Mensonges, crise à l’ivoirienne » ne fait plus parti des effectifs du Port Autonome d’Abidjan, selon la volonté de son directeur général M. Marcel Gossio, officiellement pour « suppression de poste ». S’il refuse de croire que son premier livre est à caractère prémonitoire, il estime reconnaitre que celui-ci doit réconcilier tous les Ivoiriens.
Cela fait plus de deux ans que le monde du livre vous a découvert à travers votre essai politique, « Devoir de Mensonges, crise à l’ivoirienne » qui reste encore d’actualité. Est-ce un livre prémonitoire sur ce que vit la Côte d’Ivoire depuis le 28 novembre dernier ?
Je ne veux pas me prendre pour un prophète. D’ailleurs depuis le déclenchement de cette crise militaro-politique, il y a ceux qui y ont vu un moyen de tromper tout le monde à travers la divination. Leur objectif est de donner sans doute un message dans le sens de ce que veulent leurs commanditaires. Mais je voudrais rassurer les lecteurs. C’est un livre tout court. Sauf qu’avec le temps il apparaît comme je l’ai décrit dans sa présentation sur www.devoirdemensonges.com, comme un « détecteur de mensonges ». Malheureusement pour la Côte d’Ivoire toute déclaration reste sujette à la manipulation. Cette tendance a gagné toute la société qui reste tributaire de ce que repend chaque camp. Il y a bien longtemps que l’orgasme de la pagaille nous a fait perdre tout repère dans ce pays. Des lecteurs me signalent que le livre est encore d’actualité. En effet, Tout le monde est à la recherche de la vérité. Pour ne pas dire de sa vérité. A cet effet, je suis quand même triste. J’ai mis trois ans pour écrire ce livre et ensuite trois ans pour qu’il soit publié. Et depuis octobre 2008, il est dans les librairies. La situation est pratiquement restée la même avec un risque élevé de basculer dans l’irréparable. Je pense que quelque soit le camp auquel on appartient, il serait dangereux de laisser perpétuer cette situation, ce blocage qui ne fait que tirer la Côte d’Ivoire vers le bas.
Vous évoquiez ce risque de voir la Côte d’Ivoire devenir un pays « quelconque », un pays qui risque de basculer dans l’irréparable. Est-ce le cas avec cette crise postélectorale ?
L’analyse est encore d’actualité et a l’avantage d’avoir gardé une certaine neutralité. J’ai essayé d’avertir les lecteurs et je suis encore triste de constater que la Côte d’Ivoire est entrain de tout perdre. Voyez vous tous ceux qui viennent au chevet de ce pays qu’on qualifiait il y a peu d’essentiel en Afrique au Sud du Sahara ne sont pas très souvent des modèles. A partir de cet instant les protagonistes de la crise donnent dans le jeu de la diversion. Et jusqu’à maintenant tout est malheureusement comme avant. Dans mon livre j’ai abordé la question de la responsabilité de la classe politique sous un angle différent. Et cela n’a pas plu à certaines personnes qui se sont braquées contre moi à la suite de sa publication. Ce sont encore ces personnes qui participent activement à faire de la Côte d’Ivoire un pays « quelconque ». Et cela est malheureux.
Il y a cette trouvaille de « l’orgasme de la pagaille » que votre livre évoque comme la conséquence de ce que la Côte d’Ivoire connaît. Comment définissez vous cela ?
Nous sommes dans un pays qui a atteint le point culminant de l’excitation de la nuisance dans pratiquement tous les domaines de la vie. Il y a donc ce plaisir intense à tirer le pays vers le bas. Et cela ne dérange personne. Cet orgasme de la pagaille a aveuglé ceux qui pensaient se mettre au service de la communauté comme ceux qui y ont trouvé des raisons pour se présenter en justiciers. Vous convenez avec moi qu’à partir de cet instant nous courrons tous à notre perte. C’est comme si personne ne peut garantir la suite de ce qui adviendra. Et mon livre a abordé ce problème de l’instabilité sans se poser la question de celui qui dirigera la Côte d’Ivoire.
Depuis le 29 févier 2009, votre employeur le Port Autonome d’Abidjan vous a licencié par ‘’ suppression de poste’’. Comment avez-vous perçu cette décision ?
Je pense que ce qui compte pour moi est d’avoir écrit ce livre dont la publication est intervenue trois ans après ma nomination au poste de responsable de la communication de cette structure Etatique. Comme je le disais, quand on voulait en savoir un peu plus, je répondais sans me dérober que c’était un livre écrit par le journaliste politique, qui par un concourt de circonstances professionnelles s’est trouvé à divers endroits. Et cela a donné le résultat qui est « Devoir de Mensonges, crise à l’ivoirienne ». Mais rassurez-vous, je ne saurai me dédire. Je pense que M. Marcel Gossio me connaissait assez pour ne pas être un militant de quelque parti politique que se soit. Je sais aussi que sur son insistance je continue depuis deux ans de subir une certaine injustice dans le cas du règlement de mes droits en dépit de la décision de justice. Pour ma part, ce n’est pas un problème de personne. Et c’est mieux ainsi puisque les problèmes de personnes ne trouvent jamais de solution. Quant au livre, il doit réconcilier à ce que je sache tous les Ivoiriens, à la recherche de cette vérité qui n’est jamais au rendez-vous et ceux qui s’intéressent à ce que j’ai nommé «la crise à l’ivoirienne». Mais comme il est écrit contre une «une grosse pagaille qui ne permet pas toujours au premier venu, de comprendre la crise à l’ivoirienne», alors quand je vois tous ceux qui défilent en Côte d’Ivoire, à qui on doit encore expliquer et réexpliquer il y a de quoi se demander si le pays ne s’est pas inscrit sur le registre du conflit israélo-arabe. Ce déchirement qui serait éternel.
Comment avez-vous passé ces deux années de marginalisation ?
Je me suis consacré à la promotion de mon livre aussi bien à l’étranger qu’en Côte d’Ivoire. Vous voyez des universités américaines et canadiennes ont décidé de l’avoir dans leurs bibliothèques. Cela n’est pas nouveau puisque tout le monde sait que nul n’est prophète chez soi. Pour le reste, j’ai continué à être moi-même. J’ai continué à écrire puisque très bientôt, j’ai un roman, le Pont de la Honte, qui pourrait être considéré comme la version romancée de Devoir de Mensonges, crise à l’ivoirienne, qui sera publié. A cela, il faut ajouter un autre livre sur les « Pensées du jour» de Félix Houphouët Boigny. Il s’agira de « l’Houphouëtisme en 100 citations » qui sort très bientôt aussi. En deux ans, j’ai plutôt été actif dans la création littéraire. Pour ma part je trouve cela intéressant aussi bien pour moi que pour les lecteurs qui découvriront ces nouvelles publications. Et en ma qualité d’observateur de la vie socio- politique, je pense que beaucoup d’éléments concourent à m’occuper et à initier d’autres productions.
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