Faure Gnassingbé en plein dans le bourbier ivoirien (Le Temps)

Le Togo de Faure Gnassingbé a-t-il accepté que des «Forces françaises concentrées» à «Lomé» interviennent dans «une offensive sur le Palais présidentiel» ? L’information est-elle vraie ? Si oui, le Togo a-t-il mesuré les risques d’une telle responsabilité ?

«Vers un conflit ouvert en Côte d’Ivoire». Tel était le titre du journal français France Soir du dimanche 20 février 2011. Cette information a été reprise par un journal ivoirien qui en cite quelques larges extraits. Selon le confrère local Soir Info, qui cite France Soir, «En Côte d’Ivoire, la situation se durcit et des opérations militaires seraient imminentes». Précisant, toujours en citant le canard français que «une offensive des Forces armées des forces nouvelles (Fafn) qui tiennent le Nord depuis 2002, serait en préparation et pourrait survenir rapidement». Le Secrétaire général des rebelles, Guillaume Soro en séjour au Togo a affirmé que la rébellion qu’il dirige est «armée et déterminée à se défendre». Le chef rebelle a aussi affirmé au «Journal du dimanche’’ que «nous sommes prêts, armés et déterminés à nous défendre en ce qui nous concerne…». Pour revenir à France Soir, qui s’appuie sur des «informations en sa possession», «l’opération militaire est imminente et que les Forces nouvelles (rebelles) pourraient bénéficier de l’appui des soldats français basés au Togo». France Soir révèle aussi «une offensive des Forces armées des forces nouvelles qui tiennent le Nord depuis 2002, serait en préparation et pourrait survenir rapidement. A Lomé, au Togo voisin, des forces françaises seraient concentrées et pourraient, intervenir lors de cette offensive sur le palais présidentiel selon un observateur sur place qui a surpris des conversations de militaires ». Cette autre information concernant l’attaque par des militaires français contre les Institutions ivoiriennes incarnées par le président Laurent Gbagbo n’est pas un fait nouveau et ne saurait en elle-même constituer une exclusivité. En revanche, ce qui l’est, c’est celle qui révèle qu’à «Lomé, au Togo voisin, des Forces françaises seraient concentrées et pourraient, intervenir lors de cette offensive sur le palais présidentiel… » Pour mémoire, le Togo, du temps de feu le président Gnassingbé Eyadema, ce pays avait dirigé les premières négociations sur la crise ivoirienne. Le président Eyadema était sur le point d’arracher un compromis aux protagonistes ivoiriens, quand sa mission de conciliation a été brusquement interrompue et confiée à la France qui à son tour organisa une table ronde dite de Linas-Marcoussis, en janvier 2003. Le Togo a changé de dirigeants Gnassingbé Eyadema décédé est remplacé par son fils Faure Gnassigbé. Depuis lors, le Togo s’est mis à équidistance et observe une posture diplomatique sur la résolution de la crise ivoirienne. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont des médiations dans la crise en Côte d’Ivoire, de Linas-Marcoussis à Accra, en passant par Pretoria en Afrique du Sud. C’est dans ce dernier pays qu’un accord fut trouvé et qui a permis à Alassane Dramane Ouattara de se présenter à sa première élection présidentielle en Côte d’Ivoire, après que le président sud-africain d’alors Thabo Mbeki eut trouvé une oreille attentive auprès de son homologue ivoirien Laurent Gbagbo. Après ces péripéties, toujours sous les conseils avisés du Sud-Africain Mbeki, l’Ivoirien Gbagbo, et le Burkinabé Compoaré se retrouvèrent pour fumer le calumet de la paix. Faut-il le noter, le Burkina Faso a servi de base arrière, son président Blaise Compaoré considéré comme un des parrains de la rébellion ivoirienne n’a jamais caché sa sympathie pour les rebelles ivoiriens qu’il a toujours couvés pendant que ceux-ci attaquent la Côte d’Ivoire.
Que s’est-il donc passé entre le parrain et ses poulains ? Le Burkina Faso n’assurerait-il plus de garantie suffisante pour les rebelles ivoiriens ? Pour quelle raison de stratégie, la rébellion pourrait-elle délocaliser sa base arrière ? Le Togo de Faure Gnassingbé, le sait-il ou a-t-il donné son feu vert pour cette attaque de la coalition rebelles-militaires français dite imminente contre la Côte d’Ivoire ? Si oui, à quelle condition et jusqu’où se porte la complicité du Togo qu’on pourrait qualifier de revirement ? Les dirigeants togolais ont-ils mesuré la portée d’une telle responsabilité au moment où aucun pays de la sous-région ouest-africaine ne veut prendre le risque de fournir des soldats à l’Ecomog ? Cette information du journal français France Soir ne viendrait-elle pas des services de renseignements français, la Dgse, dont la réputation est la maitrise de la manipulation ? Et si la France, voyant la tiédeur du Togo vis-à-vis d’Alassane Dramane Ouattara, se mettait-elle à travers ses canaux de désinformations comme ce fut le cas en ce qui concerne la fausse information sur la mort présumée du président du Rdr, à prêcher le faux pour avoir le vrai? Autant de questions assez pertinentes, au moment où, hier à Abidjan, la délégation de Haut niveau comprenant les cinq chefs d’Etat mandatés par l’Union africaine (Ua) foulait le sol ivoirien. En effet, Ould Abdel Aziz de Mauritanie, Jacob Zuma d’Afrique du Sud, Idriss Deby Itno du Tchad, et Jakaya Kikwete de Tanzanie sont arrivés à Abidjan où ils doivent livrer les résultats des travaux des Experts de l’Ua qui les avaient précédés courant janvier en Côte d’Ivoire. Manque à l’appel, le président burkinabé Blaise Compaoré. Son intention de séjourner à Abidjan, a été chahutée par les populations ivoiriennes. Les populations ivoiriennes « disqualifient » en effet, le président Compaoré, «pour son parti pris favorable à l’option militaire que prône Alassane Dramane Ouattara» le candidat malheureux de la dernière présidentielle du 28 novembre 2010.

Simplice Allard
al08062317@yahoo.fr

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