Alassane Ouattara en a sans doute marre de l’oubli et du silence relatifs qui entourent la crise politique dans son pays. Un silence qui semble à l’avantage de son adversaire, Laurent Gbagbo…Tant que la crise ivoirienne reste à la une des grands médias, ces derniers essaient de relayer les propos et les prises de positions acerbes que la majorité des acteurs de la communauté internationale réservent à l’encontre de Laurent Gbagbo; tant que la crise ivoirienne fait l’objet de débats au niveau de l’opinion africaine et internationale, cela oblige les acteurs à s’investir pour sa résolution.
Or, le candidat du RDR n’ignore pas que pour l’essentiel des grands décideurs de la planète, les pistes de solution sont en sa faveur. Seulement, depuis que les troubles socio-politiques dans le monde arabe ont éclaté, la Côte d’Ivoire n’est plus la priorité sur les grands forums médiatiques du monde entier.
Désormais, en lieu et place d’Abobo, Koumassi ou encore Bouaké, sur les chaines internationales, il est plus question de Benghazi, Tahrir, Avenue Bourguiba, Manama, etc. Ce désintérêt s’accompagnant de celui des politiques vis-à-vis du sort de la crise en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara commence à s’ennuyer en trouvant le temps d’attente un peu long.
Cette attente lui est d’autant plus difficile que dans les faits, depuis la proclamation des résultats, c’est son adversaire qui a la réalité du pouvoir. Alors, le candidat du RHDP tente de réorienter les médias sur son triste sort. Celui d’un vainqueur qui ne peut occuper ses fonctions. Il invite alors ses partisans à descendre dans la rue, en espérant que le mouvement serait identique à ceux qui ont contraint Ben Ali et Moubarak à lâcher la bride.
En réalité, il a juste voulu secouer le cocotier, car il doit être convaincu que les situations en Tunisie et en Egypte sont loin d’être identiques à celle que vit son pays. Mais on peut dire qu’il a, en partie, atteint son objectif. Ce soir, presque tous les médias parlent de la dispersion par les forces de défense et de sécurité, fidèles à Laurent Gbagbo, de ceux qui avaient osé braver le couvre-feu, instauré la veille par le président sortant.
Dans la foulée, on annonce également l’arrivée, ce lundi du panel des chefs d’Etat que l’Union Africaine avait désigné pour réfléchir aux pistes de solution. Avec ce regain de tension, le camp d’Alassane Ouattara pense certainement mettre un peu plus de pression sur ce panel et à travers lui, sur l’ensemble des instances internationales qui ont jusqu’ici échoué à trouver la formule magique susceptible d’empêcher ce pays de tomber dans le chaos.
Pourtant, ce n’est pas sûr que cette pression suffise. De plus en plus, Laurent Gbagbo s’est fait des partisans, notamment parmi les leaders politiques et intellectuels africains. Qu’il a convaincus du caractère impérialiste de la démarche soutenue par la communauté internationale.
Ainsi, ce nouvel accès de fièvre dans la crise en Côte d’Ivoire ne peut déboucher que sur une nouvelle série de négociations plutôt complexes. A moins que les deux principaux acteurs n’acceptent, chacun en ce qui le concerne, de faire les concessions qu’il faut. Histoire d’éviter à ce beau pays de tomber dans l’anarchie totale.
lomecite.com
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