Il était attendu. Il a parlé. Il n’a pas déçu. Le Président de la république, Alassane Dramane Ouattara, a fait une sortie, hier. Et de quelle manière ? On peut le dire l’heure n’est plus à la tergiversation. Telle semble être la disposition d’esprit au niveau de l’Exécutif ivoirien. Sur la chaîne de télévision ivoirienne, TCI, le chef de l’Etat a sifflé la fin de la recréation. Clairement. Il a dit à Laurent Gbagbo que « le compte à rebours a commencé » pour lui. « Que faut-il lui dire pour qu’il arrête ? Il y a eu plus de cinq cent morts. La Côte d’Ivoire ne peut plus continuer sur cette voie », a mis en garde le chef de l’Etat. Pour le Président élu, il n’est plus question de continuer dans la logique du chaos dans laquelle Gbagbo mène le peuple ivoirien et la Côte d’Ivoire. « J’ai perdu trois mois de mon mandat mais cela ne saurait continuer. Je n’ai pas voulu donner dans la violence et c’est pour cela que nous vivons encore cette situation inacceptable. Dans mes calculs, ce sont plus de six cent milliards d’investissements que les Ivoiriens n’ont pas eus », a confié, consterné, le Président de la République. En face de Brou Aka Pascal et Aka Sayé Lazare, directeur général et directeur général adjoint de la télé nationale, Alassane Ouattara enjoint Gbagbo de quitter le pouvoir et d’arrêter de prendre le peuple ivoirien et la Côte d’Ivoire en otage. C’est pourquoi il lui a signifié qu’il devrait saisir l’opportunité de la médiation du Panel des chefs d’Etat de l’UA pour partir. Sur ce point, le chef de l’Etat a été très ferme. Pour lui, « avec ou sans le Panel des chefs d’Etat de l’UA, Gbagbo doit partir ». Plutôt positif, le Président de la république s’est dit déçu, mais « plein d’espoir ». « Je ne cède pas au découragement », a-t-il laissé entendre. Je suis persuadé que nous arriverons à bout de cette situation très rapidement, car la Côte d’Ivoire a besoin d’être remise au travail et c’est pour cela que j’ai été élu ».
A propos de la mission du Panel de haut niveau de l’UA attendu à Abidjan en début de semaine prochaine, le chef de l’Etat s’est dit disposé à en appliquer les recommandations. D’ailleurs, a-t-il précisé, les Experts présents récemment en terre ivoirienne, ont entendu tout le monde et sont repartis lavés des mensonges dont ils avaient été abreuvés. Alassane Ouattara est plutôt resté droit dans ses promesses de campagne qui sont de reconstruire la Côte d’Ivoire dans le mandat que le peuple lui a donné, en rassemblant les Ivoiriens. « J’aurais des ministre RHDP, mais j’en aurai également de la minorité présidentielle, LMP et de la société civile. Je n’exclurai personne. Je serai le Président de tous les Ivoiriens », a-t-il martelé tout au long de cet entretien qui a battu les records d’audience auprès des populations d’Abidjan et de l’intérieur. Pour ADO, le partage du pouvoir est exclu.
S’adressant aux Ivoiriens, Alassane Ouattara s’est dit très affecté par leurs souffrances et surtout les nombreux cas de violations des droits de l’homme dont ils sont victimes : « je comprends mes compatriotes. Je comprends leur pessimisme et leur lassitude. Mais ma responsabilité est de faire preuve de patience et de tout faire pour garder l’intégrité de notre pays. De faire en sorte que les Ivoiriens ne désespèrent pas ». Mais, il a surtout demandé à ses compatriotes d’entretenir l’espoir et d’éloigner d’eux la peur. « J’en appelle à une large mobilisation de mes compatriotes. La Côte d’Ivoire ne peut pas être entre les mains de braqueurs ». Parlant des manifestations du RHDP, annoncées pour cette fin de semaine, ADO a exhorté ses compatriotes à « s’exprimer » à nouveau et à « démontrer que malgré l’utilisation de la force et de la violence par le clan de Gbagbo, nous n’avons pas peur ». Dans cette interview d’une heure d’horloge, le chef de l’Etat est également revenu sur le braquage de la BCEAO qui a occasionné la fermeture des banques commerciales.
Tout en décriant et dénonçant ces faits d’une extrême gravité, qui n’honorent ni leurs auteurs, ni notre pays, le chef de l’Etat, en bon banquier, a expliqué assez clairement le comportement irresponsable de Laurent Gbagbo et de ses hommes. « C’est parce que Laurent Gbagbo a braqué la BCEAO que les banques commerciales ont fermé », a expliqué assez simplement le Président de la république. Poursuivant, il a fait savoir que les banques commerciales ont fermé pour leur propre survie mais également pour protéger l’argent des épargnants.
Enfin, le Président de la République a demandé aux Ivoiriens de ne pas désespérer et de s’armer de courage pour « dire non » au clan de gangsters qui ont soustrait du Trésor public et caché plus de 150 milliards de Francs CFA dans un pays à l’extérieur. Au vu de tout cela, le chef de l’Etat a demandé à ses concitoyens de ne plus accepter de regarder complaisamment la forfaiture de Gbagbo détruire notre pays. Lundi, lire l’intégralité de l’interview du chef de l’Etat dans Le Patriote.
Koné Lassiné
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