Côte d’Ivoire: les producteurs de café et de cacao dénoncent l’embargo qui pèse sur leur production

Par RFI

En Côte d’Ivoire, des dizaines de planteurs de café et de cacao se sont réunis hier à Abidjan à l’initiative du conseil des sages de la filière. Suite à l’interdiction d’exportation de ces deux produits par Alassane Ouattara, les multinationales qui achètent la production ont gelé leurs activités et l’Union européenne a de fait mis en place un embargo sur les exportations puisqu’elle a demandé aux navires européens de ne plus travailler avec les ports d’Abidjan et de San Pedro.

Drapés dans leur tenue traditionnelle ou en costume cravate, les acteurs de la filière café-cacao, réunis ce 15 février, étaient venus pour dénoncer de conserve les sanctions de l’Union européenne. De tous les intervenants, le plus applaudi fut sans nul doute Sansan Kouao, le très pro-Gbagbo vice-président du conseil des sages de la filière.

« S’ils veulent pas, les Chinois vont venir acheter. Parce qu’on en a marre de l’Union européenne. On lui donne une semaine et si c’est pas ouvert on va venir décharger tout le cacao devant son bureau. Nous on a pas de problème en brousse. On peut le conserver pendant un an ou deux, ça ne nous gêne pas. C’est fini l’esclavage ! »

Si certains planteurs affirment continuer à vendre leur production, mais à prix réduit, d’autres ne cachent pas un désarroi profond comme ce chef de village de l’Agnéby, dans le sud-est du pays.

« Si aujourd’hui on ne nous paye plus notre cacao, c’est la pauvreté dans nos campagnes. Aujourd’hui nous n’arrivons plus à vendre, nous avons tout gardé. En tant que paysan, nous n’avons pas les magasins appropriés pour garder notre cacao. Si ça moisit on jette donc la solution c’est de débloquer cette situation pour que le port puissent fonctionner et que le cacao puisse nous produire notre intérêt ».

Principal poumon financier de la Côte d’Ivoire, la filière café-cacao fait vivre des millions de paysans et génère environ 40% des recettes d’exportations du pays. Un embargo de longue durée serait donc une catastrophe économique et sociale. Selon plusieurs observateurs, une partie de la production est actuellement écoulée via le Ghana, le Burkina et le Mali mais ces ventes restent pour l’heure très marginales.

Interdiction des navires européens: des producteurs dénoncent un « génocide »

Interdiction des navires européens aux ports ivoiriens : Les producteurs dénoncent un « génocide » voilé de l’UE

Abidjan, 15 fév (AIP)-Les producteurs de café et de cacao de Côte d’Ivoire dénoncent un « génocide » voilé de l’Union européenne (UE) qui « risque d’emporter les populations rurales » en décidant d’interdire les bateaux battant pavillon européen aux ports ivoiriens.

Réunis, mardi à la Caistab au Plateau, quartier des affaires, sous la houlette du Conseil national des sages (CNS) de la filière, les producteurs de café et de cacao se sont dressés contre la décision de l’UE qui « s’est transformée en bourreau des paysans de Côte d’Ivoire en les asphyxiant », se détournant, de ce fait, de sa ligne directrice habituelle qui sa traduit par l’aide au développement des couches les plus défavorisées » des Etats les moins avancés.

L’Union européenne, dans ses sanctions contre le président Laurent Gbagbo, déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre, et ses proches, a suspendu les escales des navires européens au port autonome d’Abidjan et celui de San Pedro où toute la production cacaoyère ivoirienne est exportée, rappelle-t-on.

Tout en condamnant cette mesure qui va accentuer leur pauvreté, car obligés de faire enlever à vil prix le cacao dans les campagnes contre le prix officiel de 1100 FCFA fixé, les producteurs ivoiriens appellent les consommateurs de chocolat et autres produits dérivés du cacao du monde entier à se lever contre cette décision de l’Union européenne, « l’autre visage hideux de la guerre menée contre leur pays ».

Si l’UE ne revient pas sur sa mesure, les paysans, sous la houlette du CNS, menacent de brûler, dans les jours à venir, le tiers de la production cacaoyère restant encore dans les champs ou stocké dans les magasins devant la délégation de l’Union européenne à Abidjan, a déclaré le vieux Sansan Kouao, vice-président du CNS.

Il a également encouragé le président du Conseil national des sages, Bléhoué Aka Georges, à la suite du président de l’Observatoire national des producteurs de café et de cacao de Côte d’Ivoire (ONPC-CI), Séa Tahé Vincent, à diversifier les partenaires en explorant la direction asiatique et sud-américaine, à défaut demander à l’Etat de créer une compagnie maritime nationale.

Cette rencontre, la première du genre, en attendant une autre à Yamoussoukro, selon le sage Bléhoué Aka, a réuni un nombre important de producteurs de café et de cacao qui a applaudi à tue-tête l’intervention de Sansan Kouao de Niablé.

(AIP)

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