Le Temps
Celui qui se fie à la France, paie le prix de sa vie, dixit le sociologue ivoirien Dédi Séri. Alors qu’elle jure la main sur le cœur qu’elle n’interviendra pas militairement en Côte d’Ivoire, la France, à travers la Licorne, se prépare activement sur le terrain.
Les consultations entreprises par les experts de l’Union africaine (Ua) polarisent l’attention des Ivoiriens. Dans l’antichambre de cette catharsis populaire la France se prépare activement à porter le coup fatal à cette médiation africaine qui, à coup sûr, va dévoiler l’intrigue autour de la prétendue victoire de Alassane Ouattara. Le périmètre de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny fait, en ce moment, l’objet de travaux lourds de voierie. Il s’agit précisément de l’axe qui part du Gatl au village d’Abouabou. Geste de bonne volonté de la part de la Licorne ? Au premier degré, oui. La soldatesque sarkozienne possède une base dans le voisinage, en bifurquant par la gauche, dans le sens indiqué plus haut. Donc elle utilise aussi cette voie. Mais des témoignages d’utilisateurs de cette voie laissent perplexe. «Ça fait quasiment vingt ans que je circule sur cette route, confie l’un d’eux, sous le couvert de l’anonymat. Elle était impraticable. En son temps, nous avons soumis une doléance à la Licorne pour un reprofilage de la voie. Cette doléance est restée sans suite. C’est pourquoi, même si je me réjouis des travaux qui ont cours, je m’interroge sur ce soudain intéressement des soldats de la Licorne. Surtout qu’il est de plus en plus question de déstabilisation du pouvoir en place». Une inquiétude d’autant plus légitime qu’il nous est donné de voir un raccordement de bitume, fraîchement fait jusqu’au portail nord de l’aéroport, là où les avions commencent à sortir leurs trains d’atterrissage. Il se murmure que la Licorne a aussi des clés de ce portail au même titre que les autorités de l’aéroport. En tout cas, tout porte à croire qu’un vaste mouvement de tanks et autres engins lourds est imminent. Les activités, selon notre interlocuteur, sont devenues intenses, de jour comme de nuit. Quand on sait que cette base jouxte le plan d’eau lagunaire d’où on peut rallier aisément la résidence du chef de l’Etat, on peut risquer qu’une invasion n’est pas à exclure. La France de Nicolas Sarkozy ne cache pas son animosité vis-à-vis de Laurent Gbagbo. Même si elle exclut une intervention militaire de ses soldats en Côte d’Ivoire, elle est vite trahie par les agissements de ces derniers. Cet endormissement qui semble être l’apanage de l’ancienne puissance coloniale n’a d’autres buts que de détourner la vigilance des patriotes ivoiriens, y compris l’armée régulière. Au port d’Abidjan, le Directeur général, Marcel Gossio est de plus en plus regardant sur les conteneurs. Sa minutie a permis de mettre la main sur des armes lourdes de la Licorne. La dernière prise en date, ce sont des pièces détachées de deux hélicos de combat. La Licorne semble avoir jeté son dévolu sur l’aéroport où elle espère faire passer ses matériels de guerre. Les Fds sont donc averties. Notons que dans un passé récent, à ce même endroit de l’aéroport, la Licorne avait entrepris des travaux qui rimaient avec l’installation de batterie de missiles dont elle seule savait les tenants et les aboutissants. L’armée avait haussé le ton et la cocoteraie environnante avait été rasée. L’histoire est en train de se répéter. Chirac a certes laissé la place à Sarkozy. Mais l’objectif reste le même : en finir avec Gbagbo.
Carmen Amoin
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