Déclaration / Patrice Pohé, président de la CNDPCI : « Le CNP a été composé sur la base du faux »
Déclaration du Président de la Conférence Nationale des Directeurs de Publication de Côte d’Ivoire suite à la nomination des membres du Conseil National de la Presse (CNP)
Par décret, Monsieur Laurent Gbagbo, sur proposition du Ministre de la Communication du Gouvernement Aké N’Gbo, a procédé à la nomination des membres du Conseil National de la Presse (CNP). Cette nomination appelle, de notre part, quelques observations et commentaires.
De quoi s’agit-il exactement ?
Conformément à la loi N° 20054-643 du 14 Décembre 2004, portant régime juridique de la presse, qui définit les cadres juridiques de création d’une entreprise de presse, la qualité du Directeur de Publication, du journaliste professionnel, l’organisation et le fonctionnement de la Commission paritaire de la carte d’identité de journaliste professionnel et de professionnel de la communication, l’organisation et le fonctionnement du Conseil National de la Presse, dont il est question, cette loi fait cas également des infractions relatives aux entreprises de presse, des délits de presse, sans oublier les aides publiques à la presse.
Pour revenir à la question fondamentale de cette déclaration relative à la nomination des membres du CNP et du limogeage du doyen Eugène Dié Kacou remplacé par Dally Débi, nous tenons à préciser que depuis qu’elle a été porté sur les fonds baptismaux à son congrès constitutif du 06 Août 2006, la Conférence nationale des Directeurs de Publication est la seule et unique association des Directeurs de publication de Côte d’Ivoire, crédible et représentative de tous. Notre structure qui s’est toujours impliquée dans la promotion et le développement de la presse en Côte d’Ivoire, voudrait dénoncer ce coup de force du ministre de la communication du Gouvernement Aké N’Gbo contre non seulement notre structure, mais aussi et surtout contre la presse écrite. Pour nous, la presse doit demeurer libre de son contenu éditorial, indépendante à tout point de vue et véritablement professionnelle. C’est pourquoi, nous voulons mettre à la lumière de tous, les vraies raisons de cet empressement à composer un CNP qui pour nous, apparaissent comme un manquement grave aux dispositions légales quant à la désignation de ses membres. Depuis plus de trois ans, la composition du CNP a été faite. Il ne restait que la nomination de ses membres par décret. Pendant trois ans, le CNP a fonctionné sans que ses membres soient nommés. La raison, nous l’avons toujours ignorée jusqu’à ce que Monsieur Ouattara Gnonzié trouve la nécessité de remettre sur les rails cette autorité indépendante de régulation de la presse. Au départ, nous avons estimé que c’était une bonne chose de donner la forme légale au CNP avec la nomination effective de tous ses membres. Mais en même temps, nous en étions inquiets de cet empressement à mettre sur pied cette structure à un moment de trouble et de tensions politiques. Et nous avons eu raison de nous en inquiéter dans la mesure où la désignation pour ce qui concerne notre association n’a pas respecté les critères tels que définis par la loi sus-mentionnée. Ce qui est inacceptable pour nous, Directeurs de publication, garant des lignes éditoriales et défenseurs des libertés de la presse.
La désignation se faisant sur proposition des organisations, la Conférence Nationale des Directeurs de Publication de Côte d’Ivoire avait son représentant. Le ministre Ouattara Gnonzié par un coup d’épée magique, a fait remplacer le représentant légal de la CNDPCI, en la personne de Patrice Pohé, par ailleurs Président de la Conférence Nationale des Directeurs de Publication par quelqu’un qui n’est ni membre de notre association, ni désigné par celle-ci comme le stipule la loi. De surcroit, Monsieur Alan Aliali, puisque que c’est de lui qu’il s’agit, est secrétaire Général Adjoint du Groupement des Editeurs de presse de Côte d’Ivoire en abrégé GEPCI. Ce qui signifie clairement qu’il est membre du GEPCI et non de la CNDPCI. Donc, il ne peut en aucun cas, prétendre jouir d’une quelconque représentativité qu’il a usurpée. Il faut que les journalistes, les éditeurs, les Directeurs de publication et les partenaires de la presse sachent que le Ministre Ouattara Gnonzié a fait savoir par l’intermédiaire de ses émissaires que le président Patrice Pohé serait proche d’un parti politique opposé au sien. Et que sa présence au sein du CNP pourrait gêner la mission qu’il caresse depuis sa nomination. Celle de casser de l’opposition et certains journaux qu’il considère comme des soutiens. On ne peut pas prétendre défendre la constitution de la république bec et ongles et fouler aux pieds les lois qui régissent le fonctionnement des institutions de cette république. Même si nous ne sommes pas obnubilés d’appartenir à un CNP mort né, le professionnel qu’il est, devrait agir dans les règles de l’art. Ce faisant, notre organisation pourrait gentiment lui donner un nom qu’il souhaitait et non procéder à cette forfaiture que nous dénoncions avec la dernière énergie. Pour nous, il est clair qu’Alan Aliali s’est prévalu de la qualité de représentant des directeurs de publication de côte d’ivoire et ne saurait siéger au CNP en notre nom. Car représenter, dans ce contexte juridique, veut dire tenir la place de quelqu’un, agir en son nom, en vertu d’un droit, d’une charge qu’on a reçue. Ce soi-disant représentant ne peut pas fournir la moindre preuve d’une représentativité quelconque.
En raison de tout ce qui précède, la conférence nationale des directeurs de publication ne se reconnait pas dans un conseil national de la presse composé sur la base du faux.
-s’engage à prendre toutes les mesures juridiques qui s’imposent pour rendre nulle et de nul effet cette supposée et fictive représentation.
-informe les acteurs de la presse et les partenaires au développement de la presse de la menace qui plane sur la liberté de la presse ;
-met en garde le Ministre Ouattara Gnonzié du gouvernement Aké N’Gbo contre toutes manœuvres tendant à menacer la vie des entreprises de presse, voire la suspension de leurs titres pour assouvir des desseins inavoués ;
-condamne cette façon cavalière de choisir des représentants au CNP sur des bases autres que celles qui sont édictées par la loi sur la presse;
-invite tous les directeurs de publication à se tenir mobiliser pour faire barrage à cette imposture, que si elle n’est pas combattue, risquerait de faire école et par ricochet d’assujettir le CNP.
Fait à Abidjan, le 08 Février 2011
Pour la CNDPCI
Le Président
Patrice POHE
02 91 11 07
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