Ils sont là depuis hier, les experts désignés pour faire un travail préparatoire sur le terrain avant l’arrivée à Abidjan des cinq chefs d’Etat. La mission du panel des chefs de l’Union africaine est donc en route. La France elle aussi est à la manœuvre. Le président français, qui n’a jamais fait mystère de sa position sur la crise post-électorale, semble avoir choisi de coacher certains membres du panel en vue de leur faire épouser sa thèse. C’est ainsi que l’on pourrait interpréter la mission de son ministre de la Coopération, Henri de Raincourt, en Mauritanie et au Burkina Faso.
Selon la radio Rfi, Henri de Raincourt est à Nouakchott depuis hier soir pour, officiellement, parler sécurité avec les autorités mauritaniennes. C’est la première fois que l’émissaire de Nicolas Sarkozy se rend chez le président Mohamed Ould Abdel Aziz, président du panel des cinq chefs d’Etat désignés par l’Ua pour démêler la crise ivoirienne.
Officiellement, il s’agit d’aller rassurer la communauté française, objet de menace des terroristes de l’Aqmi (Al Quaïd au Maghreb islamique) sur le sol mauritanien. Moins d’une semaine après qu’un attentat visant l’ambassade de France a été avorté, Paris a cru bon de dépêcher un émissaire sur le terrain pour prendre langue avec les autorités mauritaniennes. Selon la même source, Henri de Raincourt ne ratera pas l’occasion de faire d’une pierre deux coups en évoquant, avec le président du panel de l’Ua, la situation en Côte d’Ivoire. La France, qui attend de ce panel qu’il confirme Alassane Ouattara comme président élu tel que réaffirmé par le sommet d’Addis-Abeba, a décidé de gagner la Mauritanie à sa cause. Pour certains analystes, elle pourrait mettre dans la balance son soutien à Nouakchott contres les terroristes d’Aqmi. La France est en effet dans le collimateur des membres de l’Aqmi, qui prennent de plus en plus pour cible les étrangers dans le désert sahélien (Mauritanie, Mali, Niger, Sénégal). Mardi et mercredi dernier, deux 4×4 bourrés d’explosifs, ont été neutralisés et des terroristes, soupçonnés d’être les auteurs de cette tentative d’attentat, ont été traqués puis tués. Pour aider Nouakchott à mieux lutter contre ces « barbus », le président français pourrait solliciter en retour un coup de main de son homologue mauritanien sur le dossier ivoirien. Après la Mauritanie, l’émissaire de Sarkozy fera un tour au Burkina Faso, chez Blaise Compaoré.
C’est la deuxième fois qu’Henri de Raincourt sera à Ouagadougou. Mais cette fois, la visite du ministre français prend une tout autre connotation. Là-bas également, il sera question, en privé, de la situation en Côte d’Ivoire. Par la voix de son ministre de la Coopération, Sarkozy va certainement passer le mot à son homologue burkinabé afin qu’il fasse triompher, au sein du panel de l’Ua, la position de la France et d’une bonne partie de la communauté internationale : confirmer Alassane Ouattara comme président.
Assane NIADA
L’Inter
Les commentaires sont fermés.