La crise post-électorale en Côte d’Ivoire était au centre de la téléconférence que le sous secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines, William Fitzgerald, a animée, hier, en début d’après midi depuis Washington. Les journalistes ivoiriens ainsi que ceux de plusieurs pays africains ont suivi avec beaucoup d’attention, cette téléconférence.
Les Usa très préoccupés par la situation en Côte d’Ivoire
William Fitzgerald a, d’emblée, regretté les tensions et les multiples cas de violence qui émaillent la vie politique en Côte d’Ivoire depuis l’annonce des résultats du second tour du scrutin présidentiel. « La situation, depuis presque deux mois, est tellement difficile. Il y a beaucoup de tension, et ça augmente. La position des Etats Unis est qu’on a reconnu la victoire d’Alassane Ouattara. On a essayé avec toute la communauté internationale, surtout les membres de la communauté africaine, de convaincre M Gbagbo de quitter le pouvoir. Et laisser Alassane Ouattara prendre la charge du gouvernement. L’Union africaine a désigné une commission de chefs d’Etat. C’est quelque chose de très important. On reste très préoccupés à propos de la situation, parce qu’il y a des violations des droits de l’homme, des violences, de l’insécurité partout à Abidjan, à l’ouest et à l’est du pays » a-t-il dénoncé.
Les Etats Unis pour la solution pacifique, mais…
Pour sortir de l’enlisement, les Usa, selon le conférencier, suggèrent tout simplement à Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir qu’il a perdu dans les urnes. « La Cedeao a indiqué que la possibilité de la force de stabilisation peut, en principe, entraîner le changement en Côte d’Ivoire. Mais il faut tout d’abord privilégier les sanctions économiques. Pour les Etats Unis, c’est très important d’imposer des sanctions financières contre les personnes qui soutiennent directement le faux gouvernement de Laurent Gbagbo. Ce n’est pas juste d’imposer des sanctions à tout le pays du point de vue du gouvernement des Etats Unis. Il y a des actions décisives de la Bceao de couper le contrôle de Laurent Gbagbo sur les comptes bancaires. Je suis convaincu que dans quelque temps, l’accès de Laurent Gbagbo à l’argent sera très réduit. Et il aura certainement des difficultés pour payer et contrôler les milices, les forces armées, les gens de son gouvernement. Les Usa sont pour la multiplication des actions diplomatiques et politiques pour résoudre la crise en Côte d’Ivoire. C’est pour cela que nous accordons un intérêt à la prochaine mission de l’Union africaine. Il faut essayer mille fois si c’est nécessaire, de résoudre le problème ivoirien par la voie pacifique. Pour les violations des droits de l’homme, je suis convaincu qu’il y aura bientôt des investigations pour identifier les auteurs. Je voudrais souligner que l’usage de la force par la communauté internationale reste une option. Mais on va essayer d’éviter la nécessité d’utiliser la violence pour résoudre la crise. Je doute fort que les Etas Unis seront impliqués dans une force d’intervention, mais nous restons très proches de la communauté internationale, de l’Union africaine qui est en train de soutenir le travail et les solutions proposées par la Cedeao. Laisser Laurent Gbagbo contrôler toujours les comptes bancaires, ne peut pas aider à résoudre la crise » a martelé William Fitzgerald.
Panel des 5 chefs d’Etat : les attentes des Usa
Sur le panel des chefs d’Etat africains attendus en Côte d’Ivoire pour résoudre la crise, le sous-secrétaire d’Etat aux affaires africaines des Usa a fait la précision ci-après. « Il y a tellement de médiateurs qui ont essayé et ont parlé directement avec M Gbagbo. Tout le monde a quitté le pays avec presque rien. M Gbagbo a promis plusieurs fois de lever le blocus du Golf hôtel, mais il a menti. Il n’a pas tenu parole et il ne fait rien par rapport au cordon de sécurité autour du Golf hôtel. Les Etats Unis et toute la communauté internationale sont pour la résolution de la crise sans violence. C’est cela notre objectif primordial. L’Union africaine a décidé de mettre sur pied ce panel, mais c’est très important de souligner ce qu’elle a dit. Ce n’est pas pour dire qu’on doute des résultats de l’élection. Personne ne doute des résultats sauf ceux qui soutiennent le régime Gbagbo. L’Union africaine a réaffirmé le compte rendu de l’Onu qui dit que M Ouattara a gagné avec 54% des voix. J’imagine que M Gbagbo profite de ce qui se passe en Tunisie et ailleurs. Mais la situation en Côte d’Ivoire est différente. On a un gagnant des élections, c’est M Ouattara. C’est complètement différent des cas en Tunisie, en Egypte. En Côte d’Ivoire, les résultats sont très clairs. M Ouattara est le président de la Côte d’Ivoire » a-t-il soutenu sans ambages.
Laurent Gbagbo partira du pouvoir par d’autres manières
En cas d’échec de la mission prochaine du panel de l’Ua, quelle attitude comptent adopter les Etats Unis ? William Fitzgerald apporte la réponse suivante. « Nous savons que M. Gbagbo va ignorer les résultats de la commission de l’Ua. C’est franchement difficile. M. Gbagbo doit savoir que cette commission représente la communauté internationale, l’Afrique entière. Et tous reconnaissent que M. Ouattara a gagné les élections. Avant, c’était la Cedeao qui, après ses investigations, a dit que M. Laurent Gbagbo était illégitime. Maintenant avec l’Union africaine, c’est le dernier appel à Laurent Gbagbo de quitter du pouvoir avec une certaine dignité, des honneurs d’ancien chef de l’Etat. En fin de compte, il y aura d’autres manières de le faire quitter le pouvoir, c’est tout. Il doit savoir qu’il ne peut pas jouer tout le temps avec la communauté internationale, avec ses voisins de la Cedeao, avec ses homologues de toute l’Afrique. Ce n’est pas possible. L’Union a validé les résultats des élections qu’Alassane Ouattara a gagnées. Ce n’est pas possible que M Gbagbo continue de refuser d’accepter les résultats. Il va être complètement isolé par la communauté internationale s’il continue ».
Les auteurs des violations des droits de l’homme seront poursuivis et sanctionnés
William Fitzgerald n’est pas allé du dos de la cuillère pour fustiger les actes de violence perpétrés par des proches de Laurent Gbagbo sur des populations civiles. Pour lui, les auteurs seront poursuivis et sanctionnés. « Les violations des droits de l’homme, surtout contre les femmes et les jeunes filles, c’est quelque chose d’épouvantable pour les Etats Unis. Les auteurs de ces exactions, de ces violations des droits de l’homme, doivent être identifiés et traduits devant la justice. Après la résolution de la crise, il y aura des enquêtes avec toute la rigueur et le soutien de la communauté internationale. Je dis à l’attention des membres du gouvernement de Laurent Gbagbo, à ses forces armées, à ses milices qu’ils doivent se garder de ce qu’ils font. Parce qu’après la crise politique, il y aura des enquêtes et ils peuvent être arrêtés et punis. M Gbagbo menace presque tout le monde en ce moment dans le pays, avec ses milices et tous ceux qui le soutiennent » a-t-il averti.
Le cas ivoirien va-t-il faire école en Afrique ?
Le sous secrétaire d’Etat aux affaires africaines s’est, en outre, appesanti sur les autres élections que l’Afrique doit enregistrer cette année. Il a souhaité que le cas ivoirien ne soit pas copié dans ces pays qui s’apprêtent à renouveler leurs classes politiques. « Il y aura plus ou moins quinze élections sur le continent cette année. Mais le cas de la Côte d’Ivoire est un peu différent par rapport aux accords signés par les candidats et les partis politiques et aussi par rapport aux résolutions du Conseil de sécurité. Dans tous les autres pays du continent, je ne suis pas sûr que le mécanisme de l’Onu est le même. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, tous les candidats ont signé les accords d’accepter les résultats et de donner le pouvoir à l’Onu de faire ses propres comptes des voix (…) Je crois que la communauté internationale restera ferme par rapport à Laurent Gbagbo. C’est clair qu’Alassane Ouattara a gagné les élections. Je crois que les chefs d’Etat qui ont émis des sons discordants ont été mal informés à propos de ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. Les élections ont été transparentes, justes, certifiées par la Cedeao, l’Union africaine, le Centre Carter des Etats Unis, l’Union Européenne et plusieurs Ong », a-t-il soutenu.
Pas question de recomptage des voix
Sur la question du recomptage des voix pour laquelle l’ancien président Gbagbo et les siens militent fortement, il a dit ceci. « Non, non, ce n’est pas le mandat du panel de procéder au recomptage des voix. Non, pas du tout. L’Union africaine a clairement dit qu’Alassane Ouattara a gagné les élections. A mon avis, ils vont pour évaluer la situation, mais pas du tout les résultats ».
Gbagbo, une menace pour les pays voisins
Les Etats Unis, par la voix du sous secrétaire d’Etat aux affaires africaines, comptent tout mettre en œuvre pour éviter le chaos en Côte d’Ivoire. « Les réfugiés vont au Mali, au Ghana, au Libéria, au Burkina Faso, en Guinée. Une guerre civile est inacceptable. C’est pour cette raison qu’on utilise tous les moyens pour résoudre la situation pacifiquement. Sinon, le danger est net. La situation actuelle constitue un danger pour toute la sous région. Les peuples de la sous région souffrent tellement qu’une nouvelle guerre est inacceptable. M Gbagbo doit pouvoir comprendre qu’il constitue une menace pour toute la sous région » propos du William Fitzgerald.
Paul Koffi
Coopération Nord-Sud/Le président Ouattara reçoit le soutien de la Norvège
Depuis son accession à la magistrature suprême de la Côte d’Ivoire, les bureaux du président Alassane Ouattara ne désemplissent pas. Tous les jours, ce sont des visites de soutien que le nouvel homme fort ivoirien reçoit des pays étrangers à travers leurs Ambassades. La dernière en date, est l’Ambassade Royale de la Norvège à Abidjan. Son représentant, Monsieur Jean Dybfest, à la suite de ses prédécesseurs, est allé, lui aussi, apporter le soutien de son pays au président de la République. Le diplomate, à cette occasion, était porteur d’un message du ministre norvégien du Développement international, SEM Erik Solheim. Message destiné évidemment au président légal et légitime. Les illustres personnalités ont, il fallait s’y attendre, profité du moment pour décrypter l’actualité ivoirienne dominée par la crise post électorale. Précisément ses derniers développements avec l’arrivée très attendue du panel des cinq (05) chefs d’Etat dont la mission principale est de convaincre Gbagbo à quitter immédiatement le pouvoir confisqué. Comme on le voit, ce soutien de l’Ambassade Royale de Norvège vient davantage renforcer la légitimité du président Alassane Ouattara. Et, désavouer une fois encore Gbagbo et son camp qui continuent de faire la sourde oreille. Inutilement.
Djè KM
Le Nouveau Réveil
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