Depuis la proclamation des résultats provisoires par la Commission électorale indépendante (CEI), donnant Alassane Dramane Ouattara (ADO) vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre, la Côte d’ivoire a replongé dans une spirale de violence plus grave que celle de 2002. Cette année-là, au nom de l’exclusion dont ils étaient victimes, des fils de ce pays ont pris les armes pour réclamer le droit d’être des citoyens au même titre que les autres.
La partition du pays n’a été évitée que par le jeu de la médiation internationale qui a finalement échu à Blaise Compaoré sous le couvert de l’UA et de la CEDEAO avec l’onction de l’ONU, fortement impliquée dans la résolution de cette crise ivoirienne qui n’en finit malheureusement pas. Presque dix ans pour en arriver au blocage actuel. Une vraie reculade dont seul Gbagbo détient le secret. Proclamé président par un Conseil constitutionnel qui lui est totalement acquis, Laurent Gbagbo vit aujourd’hui retranché dans la capitale ivoirienne.
« Président » d’un pays dont il ne maîtrise plus totalement les finances depuis que les Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont décidé de ne plus reconnaître sa signature. Les sanctions de l’Union européenne (UE) commencent à peser sur l’activité portuaire. L’asphyxie financière du régime de Gbagbo est en marche.
Diplomatiquement, le pouvoir de Laurent Gbagbo a été anéanti. Ses ministres et ses ambassadeurs sont refoulés comme de vulgaires hommes. Ceux qui le soutiennent, on le sait, se comptent sur le bout des doigts. Que lui reste-t–il dans sa botte secrète pour « mélanger » ses contempteurs ? Sa dernière trouvaille est-elle de saboter cette initiative de l’Union africaine (UA) qu’est le panel des chefs d’Etat en clouant au pilori Blaise Compaoré ? Le discrédit que les partisans de Koudou tentent de jeter sur le fils de Ziniaré pour fragiliser le panel est voué à l’échec.
Blaise Compaoré est trop bien éduqué pour répondre aux attaques systématiques de la horde à Blé Goudé qui a déjà oublié que Ouagadougou a été la capitale de la paix, où tous les protagonistes accourraient dès qu’il y avait la moindre difficulté sur l’application de l’accord politique de Ouagadougou. Reste l’épouvantail de la sortie de la Côte d’Ivoire de l’UEMOA. Pour mémoire, c’est lorsque Mamadou Tandja, alors chef d’Etat du Niger, avait décidé de faire un pied de nez à la CEDEAO qu’il a été déposé par ses compagnons d’armes.
La situation n’est peut-être pas la même. Mais une chose est sûre, dans cet espace économique en construction depuis 16 ans, il est plus facile d’y entrer que d’en ressortir, tant le destin de nombreuses communautés est désormais lié par le commerce, les affaires, voire le sang. Le poids économique de la Côte d’Ivoire au sein de l’Union est une réalité. Si cela est un avantage qui permet à ce pays d’en tirer des dividendes, ce poids, à contrario, ne saurait faire l’objet d’un chantage politique. A priori, rien n’empêche Laurent Gbagbo de se retirer de l’Union. Mais s’il en avait vraiment les moyens, il l’aurait fait et aurait commencé à créer sa propre monnaie et conforter ainsi sa fibre nationaliste de mauvais aloi.
Au stade où il en est aujourd’hui, avec une économie à genou, une administration paralysée et sans reconnaissance internationale, cette initiative est vouée à l’échec. Laurent Gbagbo bluffe. Sa résistance devient de plus en plus difficile sans le nerf de la guerre. Et si, par extraordinaire, il osait franchir ce Rubicon, celui de quitter l’Union, il signerait son propre arrêt de mort.
Abdoulaye TAO
Le Pays
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