L’Union monétaire des Etats d’Afrique de l’ouest (UMEOA) pourrait bien vivre une grave crise. Pascal Affi N’Guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo, a menacé mercredi de retirer la Côte d’Ivoire de l’institution financière qui constitue la pièce maîtresse de l’union monétaire régionale.
Laurent Gbagbo poursuit sa bataille économique contre Alassane Ouattara. Le président sortant ivoirien, conscient du poids que pèse la Côte d’Ivoire dans l’Union monétaire des Etats d’Afrique de l’ouest (UMEOA), a pris tout le monde de cours. Pascal Affi N’Guessan, le chef de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI), a menacé l’UEMOA mercredi du retrait de la Côte d’Ivoire. « Tous les autres pays membres de l’UOMA ont une balance déficitaire vis-à-vis de la Côte d’Ivoire. Nous sommes le poumon de l’économie de l’Union. Sans la Côte d’Ivoire, l’Union n’a plus d’importance », a-t-il déclaré lors d’une réunion publique à Abidjan.
L’institution monétaire et la France sont régulièrement accusées par le camp Gbagbo, depuis le début de la crise en Côte d’ Ivoire, d’organiser la mobilisation en faveur d’Alassane Ouattara, reconnu comme le président légitime du pays par une grande partie de la communauté internationale. Une position que le président sortant a toujours rejeté. Si « les pays membres de l’UEMOA continuent dans la logique qu’ils développent sur instigation de la France, alors elle va se casser parce que la Côte d’Ivoire représente l’épine dorsale de l’UEMOA », a affirmé Pascal Affi N’Guessan. C’est « la France qui maîtrise notre monnaie [le Franc CFA, ndlr], qui instrumentalise les organes de cette Union, pour essayer d’abattre Laurent Gbagbo qu’elle considère comme rebelle à sa politique », a-t-il ajouté. Il a notamment accusé l’organisation monétaire d’être « l’instrument d’asservissement, de domination, d’assujettissement de la France sur l’ensemble de son empire néocolonial ».
Gbagbo s’engage dans un rapport de force
L’UEMOA s’est positionné clairement, dès le début de la crise, en faveur d’Alassane Ouattara et demande depuis plusieurs mois à Laurent Gbagbo de lui céder le pouvoir. Ce dernier, qui a toujours rejeté cette injonction, s’est vu retirer la gestion des comptes ivoiriens à la banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) au profit d’Alassane Ouattara.
Le président reconnu par le Conseil constitutionnel a riposté contre cette mesure en ordonnant, mercredi dernier, la réquisition des agences de la (BECAO). Un imbroglio qui repousse un peu plus loin la sortie de la crise ivoirienne. Et qui interroge un peu plus sur la capacité du camp Gbagbo a faire face, dans un relatif isolement, aux échéances financières. Cette semaine, la Côte d’Ivoire n’a pas été en mesure de rembourser à ses créditeurs les 29 millions de dollars d’intérêts de son obligation de 2,3 milliards de dollars. Mais par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alcide Djédjé, Laurent Gbagbo a déclaré à l’agence Bloomberg que son pays honorerait ses engagements, mais sans donner de date.
L’UEMOA, qui avait mis en garde Laurent Gbagbo après son « hold-up » contre la BECEAO, se voit à son tour fragilisée par la menace de ce dernier de quitter l’institution. Une façon, pour l’hôte du palais présidentiel, de lui rendre la monnaie de sa pièce.
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