SUR LES VIOLENCES POST ELECTORALES
Depuis les proclamations de résultats contradictoires du second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire par la Commission Electorale Indépendante (CEI) et le Conseil Constitutionnel, il s’est instauré un bicéphalisme au sommet de l’Etat. Le manichéisme latent s’est cristallisé pour devenir une espèce de guerre froide entre la LMP et le RHDP.
En attendant le dénouement final que nous ne souhaitons pas tragique, les deux camps se livrent à des défiances qui tournent bien souvent au drame. Ainsi, à Duékoué, Abobo Gare, Lakota, Bondoukou, Agnibilékrou, Abengourou…, on a enregistré des affrontements soit entre des partisans de RHDP et de LMP, soit entre les premiers et les forces de l’ordre. Les morts et blessés ne se comptent plus. A cela s’ajoutent les exodes massifs de populations, les destructions de biens publics et privés, les intimidations, les menaces, les agressions, etc.
La Côte d’Ivoire n’étant pas en guerre, ces actes de violences et de barbarie sont tout aussi injustifiables qu’impardonnables. En dépit des nombreux appels à l’apaisement lancés par les guides religieux, les chefs traditionnels, les leaders communautaires et des missions de sensibilisation effectuées par des ONG, les manipulateurs impénitents continuent leurs œuvres de sabotage de la paix fragile, de destruction de l’unité nationale et de violations quotidiennes de droits de l’homme. Ils sont encouragés et soutenus par des messages officieux voire officiels de la part de responsables politiques dans des médias publics et privés.
La Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI) a plusieurs fois dénoncé ces comportements et pratiques et mis en garde leurs auteurs, sans effet. La CSCI tient particulièrement pour responsables des atteintes à la cohésion nationale la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) et « TV Notre Patrie » pour la diffusion quotidienne de propagandes politiques haineuses ; ce qui dénote de leur manque de professionnalisme.
La CSCI s’indigne devant le silence complice du Conseil National de la communication Audiovisuelle (CNCA).
Elle dénonce les organes de presse partisans pour leur apologie de la violence voire de la guerre. Elle met en garde les producteurs de rumeurs malveillantes et traumatisantes qui en rajoutent à l’angoisse de la population.
La CSCI condamne pour la nième fois toutes les violations connues (mais impunies) ou inconnues des droits de l’homme sur l’ensemble du territoire national. Elle prévient encore une fois les commanditaires et exécutants de ces actes répréhensibles qu’il viendra le jour où ils devront répondre individuellement de leurs actes.
La CSCI demande au Conseil National de la communication Audiovisuelle (CNCA) et au Conseil National de la Presse (CNP) de prendre des dispositions pour affirmer davantage leur autorité, en tant qu’organes de régulation des médias.
La CSCI encourage les ONG de droits de l’homme, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH-CI) et la Division des Droits de l’Homme de l’ONUCI à poursuivre leur travail d’investigation, de recensement et de documentation, en toute impartialité et sur l’ensemble du territoire national, de tous les cas de violations de droits de la personne humaine. Elle leur suggère de mettre un accent particulier sur tous les cas d’atteinte au droit à la vie.
La CSCI invite la population à coopérer avec les différentes structures de droits de l’homme en leur fournissant toutes les informations utiles.
Fait à Abidjan, le 04 février 2011
Le Coordonnateur National de la CSCI
Dr Patrick N’Gouan
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