Pour le moment, ils ont le mérite de procurer de l’espoir à l’ex-Chef de l’Etat. Eux, ce sont les soutiens de Laurent Gbagbo. Mais au plan international, il y a à redire sur leur compte.
« L’Afrique digne » : c’est par cette expression que le camp Gbagbo désigne depuis peu l’ensemble de ses soutiens africains. Cette Afrique digne se résume, selon son appréciation, aux chefs d’Etat sud africain, gambien, ougandais, mozambicain, bissau-guinéen, kényan, angolais… En somme, les présidents qui se sont révélés pro-Gbagbo à la faveur de la résolution de la crise post-électorale. Ainsi Edouardo dos Santos, Jacob Zuma, Yahya Jammeh, Yuwéry Museveni et autres Mwai Kibaki, pour ne citer que ceux-là, sont-ils magnifiés à souhait. Ceci, pour le contre-poids qu’ils ont bien voulu être face à leurs homologues (favorables à la présidence d’Alassane Ouattara) qu’ils désigneraient, sans sourciller, par l’ « Afrique…indigne ». Mais les alliés dont le chorus a eu, pour le moment, raison de l’intervention militaire de la Cedeao, peuvent-ils vraiment influencer les tractations sur la Côte d’Ivoire ? Difficile de convaincre du contraire leurs admirateurs.
D’une part, la réalité de l’éloignement de ces présidents par rapport à la sphère géographique de la Cedeao s’avère un gros handicap. En effet, la Côte d’Ivoire répondant plus de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest dont elle est membre, il est inimaginable que les chefs d’Etatsde l’Afrique australe puissent s’imposer valablement en dehors de leur région.
D’autre part, certains présidents ouest-africains n’ont pas bonne presse vis-à-vis de la Cedeao même et au plan international. L’homme politique gambien, le lieutenant Yahya Jammeh, a accédé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat, le 22 juillet 1994. Il a renversé Dawda Jawara. Réélu dans des scrutins « douteux », selon son opposition, en 1996, en octobre 2001 puis en septembre 2006, il se maintient au pouvoir. La Cedeao lui accorde un crédit partiel, tant elle juge que la dernière réélection de l’intéressé l’a été avec des moyens de campagne inégaux. Au plan des droits de l’Homme, il n’est guère logé à la meilleure enseigne. Car, des journalistes de ‘’L’écho du baobab‘’ ont subi sa furia avant qu’ils ne vendent deux exemplaires. Que dire de l’assassinat, non élucidé, toujours selon son opposition, du journaliste Deyda Hydara, en décembre 2004.
Le Kenyan Mwai Kibaki n’est pas plus démocrate que son homologue gambien. Président du Parti national de l’unité (PNU), il a accédé au pouvoir en 2007. Mais son élection a été entachée de la contestation faite par le candidat du Mouvement démocrate orange, représenté par Raila Odinga, et par l’opposition. D’où les violents affrontements qui ont fait au moins 1000 morts et de nombreux blessés de 2007 à 2008. Il doit son salut politique à la décision de partage du pouvoir prise par la Secrétaire d’Etat américain, Condoleezza Rice, en février 2008.
Tout comme le Kenyan, le Sud-africain Jacob Zuma est loin de la réalité ivoirienne. Du moins, il ne peut la saisir que grâce aux briefings et aux consultations de son prédécesseur Thabo Mbéki. Celui-ci a été médiateur de l’UA en Côte d’Ivoire de 2005 à 2006 et s’impose comme le fusible impératif de son compatriote de président dans le dossier ivoirien. Même réputé populiste adulé chez lui, Zuma J. a-t-il le charisme suffisant pour (re) orienter voire modifier la décision de l”Union africaine de voir Laurent Gbagbo « quitter » le pouvoir. Il faut en douter, car c’est de cela qu’il s’agit.
L’influence militaire d’Edouardo dos Santos, président angolais, peut-elle aussi dominer la pression des présumés ennemis de son « ami » Gbagbo ? L’heure n’étant pas encore à l’affrontement militaire, même si une intervention reste sur la table.
Bidi Ignace
Nord-Sud
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