Laurent Gbagbo, dans sa fuite en avant, veut quitter la zone CFA et créer sa monnaie dont le nom serait le MIR (monnaie ivoirienne de la résistance) ou monnaie Gbagbo ou encore monnaie LMP. Une véritable descente aux enfers pour les Ivoiriens qui sont très inquiets.
Voici, en résumé, quelques unes des conséquences désastreuses d’une telle décision
1-Quelle peut être la reconnaissance par l’extérieur et l Uemoa de la monnaie Gbagbo ou monnaie Lmp ?
– En quittant l’Union monétaire ouest africaine, la Cote d’Ivoire perdra automatiquement toute reconnaissance des autres pays membres, de la CEDEAO qui est l’espace de commerce des principales entreprises ivoiriennes du fait de différents accords commerciaux et d’opérations financières qui lient notre pays aux autres États membres
2. Laurent peut- il braver la communauté financière ouest-africaine et sauter le pas ?
– La BCEAO-siège à Dakar pourrait geler aussitôt les comptes de la Cote d’Ivoire dans ses livres privant ainsi le « gouvernement » Aké N’gbo de toute possibilité d’effectuer des opérations avec le Fonds Monétaire International (FMI), le trésor français et l’ensemble des créanciers internationaux. En outre, Les réserves de la Cote d’Ivoire qui contribuent à la consolidation de la garantie financière de la zone UEMOA ne lui seront pas restituées. Or, sans disposer de réserves initiales en or, DTS (droits de tirages spéciaux) et en devises étrangères, il est difficile de démarrer des opérations d’une nouvelle banque centrale. Rappelons que l’UEMOA ne reconnait comme seul interlocuteur le Président Alassane Ouattara.
3. Le camp Gbagbo a – t- il l’expertise pour créer sa monnaie Lmp ?
-La politique monétaire pourrait être conçue avec toutes les simulations dans les laboratoires du camp présidentiel. N’oublions pas que, dès leur accession au pouvoir en octobre 2000, les Refondateurs envisageaient déjà de sortir de la zone franc et de créer leur… »franc flottant », dixit Mamadou Koulibaly. Toutefois, nul ne dispose d’une expérience pratique de sa mise en ouvre. Les Refondateurs pourraient solliciter l’expertise de pays « amis ». Ainsi celle de la banque centrale du Cap vert ou de l’Afrique du Sud, étant entendu que l’Angola et la Libye ont des économies « dollarisées », serait demandée. Toutefois, en matière monétaire et financière, l’apprentissage pourrait prendre plusieurs années.
4 D’où proviendrait le papier pour l’impression de la monnaie Lmp ?
– Les sociétés qui disposent de la technologie de fabrication de billets de banque avec du papier spécial dans le monde sont rares. De la rue, Banque de France, Arjo Wiggins sont les principaux fabricants. Compte tenu de l’embargo financier, on pourrait se demander comment le gouvernement Ake N’gbo pourrait effectuer des transactions avec ces sociétés d’impression de billets de banque, même en passant par des banques centrales de pays « amis » tels que l’Afrique du sud, cela prendra énormément de temps. Plusieurs mois pourraient s’écouler entre la passation de la commande et la livraison des nouveaux billets.
5. La monnaie Lmp ne va- t-elle pas nous entrainer dans une flambée des prix ?
. C’est un phénomène bien connu en économie qui s’est produit en Guinée Bissau au moment de l’introduction du FCFA. Cet ajustement des prix, s’il n’est pas maitrisé, peut déclencher des émeutes surtout dans un environnement de pénurie de l’offre de produits. Ainsi, le prix de l’huile pourrait passer en équivalent CFA à 3000 f. Le prix du kilo de riz pourrait être également multiplié par….trois (3)
6. L’introduction de nouveaux billets de la monnaie Gbagbo ne va- t-elle pas provoquer une énorme fuite des capitaux sous d autres cieux ?
-Les refondateurs seront les premiers, car ayant l’information privilégiée, à organiser des sorties massives de capitaux en espèces, à travers leurs différents réseaux angolais et libanais. Ce qui pourrait davantage désorganiser les circuits financiers et l’économie réelle
7. Les billets de la monnaie Gbagbo tiendraient-ils le coup face aux billets « l’ancien CFA » ?
. C’est l’effet de substitution bien connu des économistes. En effet, les résidents de Cote d’Ivoire préféreraient détenir du FCFA « ancien », du Cedi du Ghana, de l’Euro et du dollar plutôt qu’une monnaie qui perd de la valeur réelle dans une économie d’inflation généralisée. Cela va entrainer une contraction de la production et des transactions financières. Le gouvernement des « Amateurs » y répondrait par le renforcement du contrôle de change qui va s’étendre aux entreprises. Rappelons que dans la zone franc actuelle, le contrôle de change ne s’applique qu’aux particuliers.
8. Quel équilibre financier pourrait-on atteindre avec la monnaie Gbagbo ?
-La fuite de capitaux, l’envolée des prix, la contraction du Produit Intérieur Brut (PIB) et l’instauration du contrôle de change va introduire des distorsions dans l’économie. La Cote d’Ivoire s’installera dans une économie désorganisée et d’anarchie. Les entreprises ne pourront plus exporter leurs produits et les industries auront du mal à importer des pièces détachées pour leur fonctionnement. La banque centrale sera privée de réserves de change. La Cote d’Ivoire deviendra le Zimbabwe. On assistera à la fermeture des entreprises, à la délocalisation massive des sociétés dans une économie à forte hausse des prix.
9. Cette monnaie Lmp n’entrainerait-elle pas la Cote D’Ivoire et la zone franc voire UEMOA dans une aventure sans nom, un trou noir ?
-La zone franc UEMOA connaitra des soubresauts, non pas par rapport aux accords monétaires qui demeureront, mais les flux commerciaux seront réduits. On le voit déjà avec les conséquences de la crise postélectorale. Des pays enclavés comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso pourraient dans un premier temps être très affectés par le choc monétaire ivoirien. Toutefois, on peut considérer que depuis la crise de septembre 2002, ces pays ont appris à orienter leurs échanges commerciaux vers d’autres ports (Sénégal, Ghana, Benin et Togo).
10. La zone UEMOA pourrait-elle adopter une stratégie face a cette sortie de la Cote D’Ivoire ?
. La bonne préparation qui a permis de juguler les effets économiques et sociaux négatifs de la dévaluation du FCFA en janvier 1994, devra être réactivée. La solidarité entre les autres membres de l’UEMOA et même avec les autres de la zone Franc et de la CEDEAO devrait être renforcée. Ces actions pourraient être appuyées par une forte assistance financière et technique de la communauté internationale en passant par les institutions multilatérales comme le FMI, la Banque mondiale, la BAD et la BEI. L’assistance bilatérale devra être également accrue.
11. Juridiquement, Laurent Gbagbo n’étant plus considéré par la Cedeao, la Bceao, l’Uemoa, l’Union Africaine, la Banque Africaine de développement, la Banque Mondiale, le Fonds monétaire International, etc., comme le Président de la République de Côte d’Ivoire, peut-il sortir notre pays de la BCEAO et de la zone UEMOA ?
– Laurent Gbagbo a déjà franchi le pas par la « nationalisation » de l’agence de la Bceao à Abidjan. Tout récemment, son « ministre » de l’Economie et des Finances qui s’appelle Désiré Dallo a exigé que la Commission bancaire de l’UEMOA en Côte d’Ivoire, ne supervise plus les banques et établissements financiers
En théorie, n’étant plus le Président de la République de Côte d’Ivoire, Gbagbo n’a pas qualité à agir au nom de l’État ivoirien qu’il ne représente pas et qu’il n’engage pas.
Mais, sur le terrain, nous savons tous qu’avec le pouvoir coercitif que lui donne son armée, Gbagbo s’impose et agit selon son bon vouloir. La monnaie étant basée sur la confiance et Laurent Gbagbo étant rejeté par le monde entier, il lui sera difficile de créer une monnaie utilisable en Côte d’Ivoire et crédible dans le monde. Déjà, vous savez les Ivoiriens le tournent en dérision pour dire, avec leur humour habituel, que son ou sa M.I R, c’est la Monnaie Inutilisable des Refondateurs.
12-Que retenir donc de cet autre passage en force, un véritable saut dans l’inconnu que veut opérer Gbagbo pour rendre les Ivoiriens plus pauvres encore ?
– Vrai, vrai, créer une monnaie dans un environnement hostile apparaitrait comme une aventure suicidaire. A moins que le camp présidentiel ne veuillent entrainer la cote d’ivoire et tous les ivoiriens dans un suicide collectif pour le seul pouvoir illégitime de M. Gbagbo et LMP. Au moment où la Guinée, après avoir connu les ténèbres sous l’ère de Sékou Touré et des dictateurs successifs, renoue avec la démocratie et relève la tête avec l’élection d’Alpha Condé, son « camarade », Gbagbo, lui, veut nous entrainer, en Côte d’Ivoire, dans un chaos total.
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