Par Christophe Boisbouvier Jeune-Afrique
Pourquoi une telle différence de traitement entre les partis « frères » tunisien et ivoirien ? Parce que l’un a perdu le pouvoir et que l’autre s’y accroche.
Dès le 17 janvier, trois jours après la chute du régime de Ben Ali, l’Internationale socialiste (IS) a exclu de ses membres le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ex-parti au pouvoir. Le problème, c’est qu’elle l’a fait après la révolution tunisienne, pas avant. Depuis le début des années 2000, le PS français, sous l’impulsion de François Hollande, réclamait en vain cette éviction. La plupart des partis de gouvernement – qui représentent un bon tiers des 114 membres de l’organisation – bloquaient toute procédure. « À l’IS, les partis de gouvernement n’aiment pas exclure l’un des leurs », commente un cadre socialiste français.
En fait, après la tempête de Tunis, l’IS a essayé maladroitement de se remettre dans le vent de l’Histoire. D’habitude, la procédure d’exclusion d’un membre de l’organisation est longue et compliquée : vote du comité d’éthique, puis vote du conseil annuel… Cette fois, le président de l’IS, le Premier ministre grec Georges Papandréou, a court-circuité toute la procédure. Au nom du présidium (35 membres, parmi lesquels le Sud-Africain Jacob Zuma, la Marocaine Nouzha Chekrouni et la Française Ségolène Royal), il a exclu le RCD en quelques heures. Il faut dire que les pétitions affluaient de partout et que le bateau de l’IS commençait à tanguer très fort.
Selon Martine Aubry, le PS français souhaite aussi l’exclusion du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo. C’est nouveau. Le 16 octobre 2010, Jean-Christophe Cambadélis, le secrétaire national chargé des relations internationales – un proche de Dominique Strauss-Kahn –, s’était rendu à Abidjan, où il avait rencontré ce même Gbagbo. « C’est une personnalité estimable », avait-il déclaré. Alors, le FPI risque-t-il d’être exclu lors du prochain conseil de l’IS, à la fin de l’année ? Pas sûr. Gbagbo compte en effet quelques bons amis au sein du présidium, comme le Sénégalais Ousmane Tanor Dieng ou l’Angolais Julião Mateus Paulo. Sans parler, bien sûr, du patron du FPI lui-même, Pascal Affi N’Guessan…
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