Par Jeune Afrique
C’est un score historique : près de 99 % de la population sud-soudanaise a choisi l’indépendance, lors d’un référendum d’autodétermination. Ces résultats, provisoires, doivent être validés sous peu, mais déjà, le Nord du pays s’inquiète de la partition annoncée.
La quasi-totalité de la population du Sud-Soudan a voté en faveur de l’indépendance de cette région semi-autonome rattachée au Soudan, lors du référendum dont les résultats provisoires ont été dévoilés dimanche 30 janvier. La commission électorale a annoncé une majorité écrasante de 98,83% en faveur de la sécession, selon ces résultats préliminaires complets.
L’ensemble des 3 851 994 bulletins déposés au Sud, au Nord et à l’étranger ont été dépouillés, et 98,83% des votes sont en faveur de la sécession. La tendance varie cependant en fonction des régions : la sécession a recueilli 99,57% des suffrages dans le Sud, 99% à l’étranger et 58% dans le Nord.
Ces résultats, qui déboucheront dans les mois à venir sur la création d’un nouvel État africain, ont été annoncés lors d’une cérémonie joyeuse au mausolée du chef historique de la rébellion sudiste, John Garang, à Juba, capitale du Sud-Soudan.
« Terre promise »
« Je vous avais assuré que vous, les Sudistes, alliez voter à plus de 90%, et vous m’avez donné raison », s’est réjoui Salva Kiir, président de la région semi-autonome et futur chef de l’État du Sud-Soudan, devant des centaines de personnes venues danser et chanter leur « terre promise ».
« Que pensiez-vous que j’allais faire ici ? Déclarer l’indépendance du Sud-Soudan ? Nous ne pouvons pas faire cela. Respectons l’accord. Nous allons doucement, afin d’arriver sûrement à notre destination », a-t-il expliqué, calmant l’impatience des Sud-Soudanais.
Les résultats définitifs seront en effet annoncés entre le 7 et le 14 février, puis la séparation effective aura lieu le 9 juillet prochain.
Le Nord du pays inquiet pour l’avenir
Contrastant avec la jubilation du Sud, des centaines d’étudiants ont manifesté dans le Nord du pays pour une journée de protestations inspirée du mouvement qui ébranle l’Égypte voisine, malgré un imposant déploiement des forces de l’ordre. Des heurts ont opposé policiers et manifestants, et selon le parti d’opposition Umma, plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées.
« Ce que nous avons vu en Égypte a inspiré la jeunesse », a déclaré Mubarak al-Fadl, membre d’Umma. Les jeunes « veulent montrer leur colère devant la gestion du Soudan qui a mené à la partition du pays, et parce que l’avenir du Nord est incertain ».
La future partition du pays inquiète vivement la population, qui craint une paupérisation. La plupart des ressources pétrolières sont en effet concentrées au Sud. Par ailleurs, les craintes se focalisent aussi sur le durcissement du régime islamiste d’Omar el-Béchir. Le président soudanais s’est déjà engagé à reconnaître la sécession du Sud-Soudan, promettant même des relations « fraternelles » avec le nouveau pays, le 193e au monde.
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