L’Union africaine accuse le procureur de la CPI de parti pris

ADDIS ABEBA (Reuters) – Les pays africains soutiennent la Cour pénale internationale (CPI), mais son procureur en chef, Luis Moreno-Ocampo, est coupable de parti pris, a déclaré samedi Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine.

Il s’exprimait au lendemain du soutien apporté par les ministres des Affaires étrangères de l’Union africaine à une tentative du Kenya de reporter les procès de personnalités suspectées d’avoir orchestré des violences ethniques après l’élection présidentielle controversée de 2007.

Le vote, qui doit encore être avalisé par les chefs d’Etat, devrait encourager le Kenya à demander au Conseil de sécurité des Nations unies, qui a contribué à la création de la CPI, d’invoquer l’article 16 pour reporter ou suspendre les procès.

« Qu’il soit clair que nous, Africains et l’Union africaine, ne sommes pas contre la Cour pénale internationale », a déclaré Ping lors d’une conférence de presse au sommet de l’UA en Ethiopie.

« Nous sommes contre Ocampo qui rend la justice avec parti pris. »

Les cas traités par la CPI portent tous sur des crimes contre l’humanité commis dans des pays africains: Soudan, République démocratique du Congo, République centrafricaine, Ouganda et Kenya.

« Pourquoi pas l’Argentine, pourquoi pas le Myanmar (…) pourquoi pas l’Irak? », a demandé Ping.

Luis Moreno-Ocampo a rejeté les critiques des pays africains en disant que la CPI n’est qu’un tribunal de dernier recours pour des pays qui ne peuvent ou ne veulent pas juger eux-mêmes des suspects.

La CPI mène aussi des études préliminaires pour déterminer si elle est compétente pour ouvrir des enquêtes en Afghanistan, en Colombie, en Géorgie, en Guinée, au Honduras, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et dans les territoires palestiniens.

Le cas des violences post-électorales au Kenya a été soumis à la CPI faute de mise en place par le Kenya d’un tribunal local afin de juger les suspects.

La chambre préliminaire de la CPI devrait annoncer d’ici début mars si le ministre des Finances Uhuru Kenyatta et les ministres suspendus William Ruto et Henry Kosgey doivent être jugés.

Le Kenya est aujourd’hui en meilleure position pour organiser lui-même des procès après l’adoption en août d’une nouvelle Constitution destinée à renforcer le système judiciaire.

Richard Lough; Nicole Dupont pour le service français

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.