Fraternité Matin
Augustin Laurent Dona-Fologo, président du Conseil économique et social (Ces), conseiller de l’Etat pour les affaires économiques, culturelles, environnementales, a profité de la session extraordinaire qu’a tenu son institution pour apporter son éclairage sur la crise post-électorale qui n’a que trop duré. Cet homme qui a été un acteur politique très actif et avisé de la vie politique ivoirienne de ces quatre dernières décennies, a tenu a délivré un message d’espoir aux Ivoiriens en les appelant au rassemblement et à la résistance contre toute tentative de recolonisation : «la lâcheté, la couardise, la peur et le découragement ne sont point ivoiriens. Gardons courage ! Gardons la foi ! Quelque chose peut se passer avant qu’il ne soit tard. La Côte d’Ivoire est un petit pays, nos ressources sont limitées, mais l’éternel des armées qui mène notre combat lui est grand. La vérité finira donc par rattraper le mensonge ».
Laurent Dona-Fologo qui avait pris l’engagement d’analyser sans faux-fuyant l’origine des problèmes que connaît la Côte d’Ivoire afin d’en tirer, avec toute la lucidité nécessaire, les leçons pouvant permettre à ce pays de rebondir et d’être plus fort qu’il ne l’a jamais été, a soutenu qu’il fallait situer les racines du mal au-delà de la tournure dramatique qu’a pris l’histoire de la Côte d’Ivoire depuis 1993 avec le décès du Président Félix Houphouët-Boigny.
Pour lui, la question essentielle est celle de l’indépendance assortie d’une souveraineté vraie, Houphouët face aux tentatives de recolonisation, par l’intermédiaire des spéculations économiques et des pressions plus ou moins discrètes au cours des années 1980, adressait ce problème avec un sentiment de révolte : « Personne ne nous mettra à genoux ! Nous sommes nés pour être debout ».
Il relève donc que le combat pour la souveraineté de la Côte d’Ivoire est une constante de tous les dirigeants qui ont une vraie ambition pour notre pays, tel Laurent Gbagbo, continuateur dudit combat. La contradiction entre le projet colonial qui était avant tout un projet économique, c’est-à-dire un projet dont l’objectif essentiel était de servir les intérêts économiques de la métropole, et, qui avait besoin d’une superstructure administrative et politique pour mieux atteindre son objet ; puis les aspirations des populations ivoiriennes à jouir de leur liberté et du fruit de leur travail, ont été accentuées selon son analyse par le système financier international apparu après la chute du mur de Berlin. Un système qui ne s’est plus embarrassé de scrupules pour imposer son modèle aux pays les plus faibles, notamment ceux d’Afrique.
Le président du Conseil économique et social s’est alors souvenu de la prophétie du premier président ivoirien : «L’indépendance acquise dans l’amitié, n’est pas une vraie indépendance. C’est une indépendance nominale et politique. L’heure de la vraie indépendance viendra .Ce combat sera très difficile parce qu’il s’agira de celui d’intérêts contradictoires et si vous voulez le remporter, il vous faudra investir dans la formation des jeunes. Ainsi vous pourrez discuter d’égal à égal pour fixer les prix de nos produits».
De l’avis de Dona-Fologo, c’est avec Laurent Gbagbo que se réalise la prophétie de Félix Houphouët-Boigny, parce que l’indépendance n’est jamais acquise. Il se retrouve dans ce combat face à des « hommes déterminés et sans scrupule pour le pouvoir » qu’il qualifie de «de recolonisés du cinquantenaire». A ceux-là, il a rappelé, cette sagesse africaine que Félix Houphouët-Boigny énonçait en 1980, lors du 7ème congrès du Pdci : « … Les Africains doivent comprendre que dans les familles, même les mieux unies, tous les membres n’ont pas forcément les mêmes amitiés. L’essentiel, c’est de ne jamais sacrifier les intérêts de la famille au profit de ceux des amitiés, même les plus chères. Donc les Africains peuvent avoir des amitiés différentes sans trahir l’objectif ».
Avec la Côte d’Ivoire qui a régulièrement donné pendant les différentes crises qu’elle a vécu, l’image du Christ, à Gesthémanie, seul, abandonné de tous, Laurent Dona-Fologo, s’appuyant par ailleurs sur les décisions du sommet des Chefs d’Etat de l’Uemoa, a invité le Président Laurent Gbagbo et son gouvernement à « repenser sereinement et avec lucidité la coopération sous régionale et régionale aussi bien en matière politique qu’en matière économique, financière, monétaire et sécuritaire ». Il a rappelé à la communauté internationale le caractère ubuesque de sa perception de la démocratie selon les ères géographiques : «Affirmer vouloir imposer la démocratie par la force est, de notre point de vue, un non sens car les deux termes sont antinomiques ».
Le président du Conseil économique et social a plaidé pour une coopération responsable dans le respect de la Constitution, des procédures et des lois ivoiriennes. Le Ces a produit une déclaration sur la crise post-électorale pour marquer son soutien aux institutions républicaines, stigmatiser les dérives de l’Onu et recommander l’instauration d’un Conseil national qui favorise le dialogue social et permette aux autorités d’améliorer la gouvernance du pays.
Franck A. Zagbayou
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