La BCEAO écarte son gouverneur, qui continuait à aider Gbagbo

Par Reuters

Les dirigeants ouest-africains ont accentué samedi la pression sur Laurent Gbagbo en écartant le gouverneur de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), un proche qui continuait à fournir au président sortant ivoirien l’accès aux comptes de la Côte d’Ivoire.

Réunie à Bamako, la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest-africaine a « pris acte de la démission du gouverneur Philippe Henry Dacoury-Tabley ».

Dans le cadre des sanctions internationales visant à obliger le président sortant à quitter le pouvoir, la BCEAO avait annoncé le mois dernier qu’elle n’accepterait plus la signature de Laurent Gbagbo, mais ce dernier avait toujours accès aux comptes.
« La conférence est préoccupée par l’impact de la non application de cette décision sur la stabilité du système économique, financier et monétaire de l’Union », ont déclaré les dirigeants à Bamako.

Gbagbo a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre par un Conseil constitutionnel à sa main. Alassane Ouattara a été jugé vainqueur du scrutin par la commission électorale indépendante, une victoire reconnue par les Nations unies.
L’actuel vice-gouverneur de la banque prendra les fonctions de gouverneur jusqu’à la nomination d’un remplaçant.
Alassane Ouattara a été invité à proposer un successeur à Dacoury-Tabley, ce qui sera fait « rapidement », selon son Premier ministre Guillaume Soro.

« Nous sommes satisfaits. C’est ce que nous demandions », a déclaré Patrick Achi, porte-parole d’Alassane Ouattara. « Cela réduira le montant d’argent qui sort du compte. Nous nous acheminons vers le contrôle des comptes mais cela se fera par étapes », a-t-il ajouté.
Patrick Achi a également demandé le remplacement du directeur de la BCEAO en Côte d’Ivoire, qui est selon lui aussi un partisan de Gbagbo.
Le camp du président sortant a dénoncé cette mesure, qui met selon lui en danger le système bancaire ivoirien.
Cette décision est « précipitée et inappropriée », a dit Ahoua Don Mello, porte-parole du gouvernement Gbagbo. « La Côte d’Ivoire pense qu’il est dangereux de mélanger la politique avec l’économie et la politique monétaire », a-t-il dit.
Le camp du président sortant semble jusqu’à présent contrôler les revenus des exportations de pétrole et de cacao, malgré les tentatives de la communauté internationale de lui couper les vivres.
Un porte-parole du gouvernement Gbagbo a annoncé parallèlement à la télévision que l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Jean-Marc Simon, n’était plus accrédité.

Le Quai d’Orsay, rappelant dans un communiqué que la France reconnaît sans réserve Alassane Ouattara comme président ivoirien, a jugé cette décision « comme nulle, non avenue et dépourvue de tout effet juridique ».
Jean-Stéphane Brosse et Clément Guillou pour le service français

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