Bassory Ouattara, pour ses copains, aurait pu terminer sa troisième saison au Voc comme les précédentes: en toute discrétion. Mais l’attaquant de la DH est maintenant «le fils»… du président ivoirien élu.
La fin de l’entraînement au Pérenno, les joueurs de l’équipe de division d’honneur du Voc regagnent les vestiaires. «Sory, c’est pour toi…», sourient les copains. Un journaliste, ce ne peut être que pour le fils du président. Bassory Ouattara, fils du président élu de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, s’adapte à un nouveau jeu. «Je réponds à toutes les sollicitions des médias. Je vais à Paris s’il le faut», explique l’attaquant. Lui, qui ne s’intéressait pas à la politique, mouille le maillot pour aider la cause de son père.
La Bretagne par amour
«Depuis deux semaines, Internet est coupé, mais nous nous téléphonons tous les soirs près d’une demi-heure», explique le jeune homme de 21 ans. Le foot a toujours été une passion pour lui. Mais son père avait été clair: les études d’abord. Quand la famille quitte les États-Unis où Alassane Ouattara travaillait pour le Fond monétaire international, Bassory s’installe en France. En 2005, il obtient son bac à Lyon. Mais il rencontre aussi son amie, une Bretonne. Et sa route s’oriente vers Vannes. Bassory, qui cherche toujours un peu sa voie, devrait reprendre des études en septembre. Mais la période n’est guère propice pour faire des choix.
Un sentiment d’exil
«Mes quatre frères et soeurs sont aux États-Unis, mais j’ai peur pour mon père, pour mes cousins qui sont toujours en ville. Les nuits sont courtes». Sory, du fait des complications administratives, n’a pas pu voter pour son père. Il n’est pas rentré en Côte d’Ivoire depuis 2008. «Même si je pense faire ma vie ici, je me sens actuellement en exil. J’ai vécu en Côte d’Ivoire jusqu’à l’âge de huit ans. J’en garde de mauvais souvenirs. Mon père devait se déguiser pour sortir, l’armée a tiré sur notre maison… Rentrer dans de bonnes conditions, ce serait pour moi presque une thérapie, un moyen de tourner la page».
Aujourd’hui, la victoire
Le jeune footballeur arrive-t-il malgré tout à se concentrer sur le ballon? «Sory est un joueur comme les autres», résume son entraîneur, Lionel Crenn. «Aujourd’hui, ma passion du foot me permet d’évacuer mon stress. Ça m’aide», précise Bassory. D’autant que la Côte d’Ivoire reste en dehors du terrain, même s’ils sont quatre Ivoiriens sous les couleurs du Voc. «Tous ne sont pas des partisans de mon père. Mais ils me soutiennent car la situation était vraiment dangereuse pour ma famille». Malgré ses soucis d’envergure internationale, Bassory Ouattara a donc bien en tête son objectif pour le derby local de cet après-midi: la victoire. Et il aura le choix de la dédier à son père ou… à sa fille, de trois semaines. Sa vie s’enracine bien à Vannes.
Pratique
Vannes-Locminé aujourd’hui à 15h au stade de la Rabine.
* Catherine Lozac’h
letelegramme.com
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