L’Intelligent d’Abidjan
Pays mort / Le mot d’ordre n’est pas respecté à Bouaké
Les explications de Amoudé Traoré, président de la société civile de Bouaké
Le RHDP a appelé récemment à une grève générale dite » pays mort » pour contraindre l’occupant du palais présidentiel à démissionner du pouvoir. Même si cet appel a été suivi à certains endroits du pays, force est de constater que vingt quatre (24) heures après, le mot d’ordre n’est pas suivi par l’ensemble des populations des zones Cno. Notamment celles de Bouaké. Interrogé à ce sujet, le leader de la société civile Amoudé Traoré explique les raisons qui sous-tendent cet acte. Aussi a-t-il profité pour lancer un appel à la jeunesse ‘’patriotique’’. « Nous savons que c’est un peu compliqué aujourd’hui pour nos parents. Mais aujourd’hui (mercredi 19), nous allons entamer une tournée dans les quartiers et dans les villages pour expliquer aux populations, le bien fondé de l’action pays mort. Nous allons leur expliquer celà pour que le mot d’ordre soit respecté », a dit d’emblée, Amoudé Traoré. Qui croit fortement en la médiation de M. Odinga Raïla. « Je crois en cette médiation. Si le premier ministre Kényan a pris son vol jusqu’en Côte d’Ivoire, c’est une bienfaisance », a-t-il reconnu. Profitant de l’occasion, le patron de la société civile s’en est pris vertement à Charles Blé Goudé pour ses sorties virulentes. Pour lui, le patron de la galaxie patriotique « induit la jeunesse en une grosse erreur ». A en croire Amoudé, les carottes sont cuites pour le ‘’général de la rue », « Blé Goudé est déjà cuit…Il manipule les jeunes à casser les véhicules des forces onusiennes, nous disons non », a-t-il. Tout en conseillant les jeunes en ces termes: « Nous demandons à cette jeunesse de ne pas s’en prendre à l’Onu Ci. Il faut qu’elle reste tranquille et qu’elle ne se laisse plus manipuler par Charles Blé Goudé et qu’elle se rende bien compte de la vérité » a conseillé Amoudé Traoré. Madame Faber née Maïmouna Koné, présidente de l’Ong de lutte contre la pauvreté, présente aux côtés de celui-ci à annoncer qu’un giga meeting de soutien à Alassane Dramane Ouattara sera organisé dans la capitale de la Vallée du Bandama le samedi 22 janvier prochain.
Bosco de Paré
Encadré
Pourquoi, l’opération « Pays mort » ne marche pas à 100%
Deux Jours après le début de la deuxième opération de pays mort, le pronostic quant à l’atteinte des objectifs reste mitigé. Tant la mobilisation semble avoir pris du plomb dans l’aile. Car une chose est certaine, après les morts enregistrés dans leur rang le 16 décembre 2010, les militants du RHDP n’y vont plus à fond. L’une des principales raisons de cette démobilisation, c’est que pour ces militants aucun soulèvement –fusse-t-il populaire ne pourra faire fléchir le candidat LMP dans sa volonté de faire tout pour rester à la barre. « On est tous conscient qu’aucun mouvement populaire ne peut amener Laurent Gbagbo à abdiquer. Il s’accrochera par tous les moyens. Dans la mesure où il dit que 1000 morts à gauche, 1000 morts à droite pour nous il faut faire l’économie de vies de nos militants en fondant», confie un secrétaire de section. Aussi, depuis l’annonce de l’arrivée de l’Ecomog, les militants Rhdp semblent croiser les bras et laisseront entendre que les forces ouest africaines viendront dégager Laurent Gbagbo. Donc plus question de prendre des risques, argumentent-ils. Il serait donc difficile de voir en Côte d’Ivoire, un remake de « la révolution de jasmin » qui a bouté hors de la Tunisie, Ben Ali. Parce qu’à l’analyse, il faut bien que le transport soit totalement paralysé et que cette paralysie induise la paralysie des commerces sur toute l’étendue du territoire ivoirien. Toute chose qui n’est pas évidente. La raison : le commerce et le transport sont tenus en majorité par les non ivoiriens qui ne se sentent pas directement concernés par les mots d’ordre. Ces derniers qui n’ont pas voté, ne trouvent pas d’intérêt à s’immiscer dans une affaire Ivoiro-Ivoirienne susceptible de faire basculer le pouvoir exécutif d’un camp à un autre. D’ailleurs, au cas où il le désirerait, c’est sûr qu’ils ne pourront agir librement de peur de subir le courroux et les représailles des partisans de Laurent Gbagbo, déjà enclins à un nationalisme béant. Fait-on savoir face à ce dilemme, les têtes de fil du RHDP retranchées au Golf Hôtel, devront proscrire le pessimisme pour un optimisme, en amenant les militants à savoir que tout espoir de sortir de l’impasse est perdu. Ainsi, sachant bien que l’adversaire politique Laurent Gbagbo ne laisse plus d’alternative, ils jetteront toute leur force dans la bataille et réussir l’opération ville morte. Qui peut être pour eux, l’unique solution à faire partir Laurent Gbagbo.
K. Hyacinthe
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