L’Intelligent d’Abidjan
Le président Laurent Gbagbo a accordé une interview au rédacteur en chef de NNPA (The National Newspaper Publishers Association), un organe de presse américain. Au cours de cette interview diffusée sur la première chaine de la RTI, le mardi 18 janvier 2010, Laurent Gbagbo a parlé, entre autres, de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, de ses sentiments à l’égard de l’ambassadeur des Etats-Unis, Phillip Carter III.
Laurent Gbagbo a expliqué au journaliste américain, selon lui, l’injustice dont il est victime de la part de la communauté internationale, depuis le déclenchement de la crise ivoirienne, le 19 septembre 2002, malgré les énormes sacrifices qu’il aurait consentis. « L’assurance maladie était aussi l’un de mes chantiers, comme chez vous aux Etats-Unis. Dès que la loi a été adoptée, une rébellion a éclaté, donc je n’ai pas pu la mettre en pratique, mais personne n’a condamné cette rébellion (…) Sur la décentralisation, nous avons seulement fait les conseils généraux. C’est bon, mais ce n’est pas suffisant, nous avons distribué quelques ouvrages scolaires aux élèves, mais ce n’est pas suffisant (…) Je n’ai pas pu faire ce que je m’étais promis (…) Sur le plan politique, nous nous sommes promenés partout, Accra, Lomé, Pretoria, à la recherche de la paix. Nous avons pris deux lois d’amnistie pour que les rebelles ne soient pas poursuivis, nous avons pris une décision pour rendre éligibles tous ceux qui n’étaient pas éligibles par la Constitution. C’est ainsi que le président Bédié, qui avait dépassé l’âge électoral a été candidat, c’est ainsi que Alassane Ouattara que l’article 35 de la Constitution ne rendait pas éligible, a été candidat à l’élection présidentielle (…) Mes adversaires voulaient être majoritaires à la Commission électorale indépendante, j’ai pris un décret pour qu’ils le soient (…) Mais en regardant la situation aujourd’hui, je me dis que ceux qui étaient en face de moi n’étaient pas à la hauteur de ma pensée. J’ai fait tous ces sacrifices, parce que la Nation en avait besoin, mais eux ils ont pris cela comme des petites combines pour gagner des élections. Ce n’est pas une erreur, mais ceux qui étaient en face de moi n’ont pas été à la hauteur des sacrifices qu’il fallait faire pour que le pays avance (…) », a déploré Laurent Gbagbo, qui n’a pas été tendre avec l’ambassadeur des Etats-Unis en Côte d’Ivoire, Phillip Carter III. « Je ne savais pas si Barack Obama m’appelait, parce que son ambassadeur s’est discrédité à mes yeux, de sorte que quand il dit quelque chose, je ne crois pas. Quand on me dit que Hilary Clinton a envoyé une lettre, je la lis, mais je n’ai pas confiance en l’ambassadeur Carter », a révélé le président Gbagbo, à qui, à l’en croire, Hilary Clinton, dans son courrier, lui a proposé un poste d’enseignant à l’Université de Boston. Laurent Gbagbo a aussi levé le voile sur ce qu’il entend dire au président des Etats-Unis, si ce dernier était en face de lui. « Je lui dirais que son administration s’est trompée (…) Je suis fier de son élection, parce que les Noirs n’allaient plus être traités comme des sous-hommes aux Etats-Unis, mais je disais aux Africains que Barack Obama (…) Je ne suis pas le problème en Côte d’Ivoire, mais je suis une partie du problème. C’est pourquoi j’ai proposé qu’on recompte les voix. Cela ne veut pas dire que c’est ma proposition qui sera retenue (…), mais je suis absolument sûr de ce que je dis. Même si Ouattara accepte ma proposition, qu’on recompte et que j’ai tort, je dois en tirer les leçons, les conséquences. Mais si c’est moi qui ai raison, il faut aussi qu’on en tire les conséquences», a précisé Laurent Gbagbo, annonçant qu’il se plierait à la décision qui sortirait du recomptage des voix du scrutin du 28 novembre 2010, de sorte à éviter que la Côte d’Ivoire se retrouve avec deux présidents. Le président Laurent Gbagbo n’a également pas manqué d’éclairer la lanterne de la communauté internationale, s’est exercé à relater sa part de vérité, toujours selon lui, les faits tels qu’ils se sont déroulés, depuis la fin du second tour de la présidentielle ivoirienne, jusqu’à la situation que traverse la Côte d’Ivoire actuellement.
Olivier Dion
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