L’élection présidentielle de 2000 en Côte d’Ivoire, après le coup d’Etat militaire de décembre 1999, s’est déroulée sans la participation des candidats du PDCI-RDA et du RDR qui en ont été exclus arbitrairement par la Cour suprême dirigée par M. Tia Koné, son président.
C’est dans ce contexte que M. Laurent Gbagbo usant de toute la panoplie de stratagèmes et de complots dignes des régimes staliniens est parvenu au pouvoir de façon « calamiteuse », comme il se plaît à le dire lui-même.
Malheureusement, deux ans après cette parodie d’élection, une rébellion armée a plongé un peu plus notre pays dans le chaos.
Ainsi, notre pays qui a connu 40 ans de stabilité politique, de paix et de développement continu fondés sur le dialogue et les relations de bon voisinage avec les autres nations est entré dans une tourmente sans fin. Cette situation chaotique provoquée par le FPI et sa chimérique refondation a occasionné pour le peuple ivoirien en général et particulièrement pour les populations du Centre souffrances et meurtrissures sans nom. Et le Pays n’en finit pas de s’enliser dans cette crise faite de violences, de tueries, de charniers et de négations des droits humains par le FPI.
Nombre d’observateurs de la scène politique ivoirienne s’accordent à dire que ladite crise trouve son fondement dans le sentiment qu’ont certains de nos compatriotes d’être l’objet d’exclusion de la communauté nationale. Et que la solution appropriée réside en l’organisation d’élections libres, transparentes et ouvertes à tous pour désigner le Président de la République de la Côte d’Ivoire.
Ainsi, plusieurs accords ont été conclus avec le concours de la Communauté internationale sans parvenir à l’organisation de cette élection tant les obstacles dressés sur le chemin de la paix par Laurent Gbagbo et ses amis du FPI sont nombreux. C’est dans ce cadre que les arrangements politiques obtenus sous l’égide de l’ONU ont permis à Laurent Gbagbo de rester Chef de l’Etat jusqu’en 2010 alors que son mandat constitutionnel prenait fin en 2005.
En définitive, la solution proposée dès le début de la rébellion 2002 par le Président Henri Konan Bédié et rejetée par M. Laurent Gbagbo vient à être remise au goût du jour : le dialogue direct entre Laurent Gbagbo et Soro Kigbafori Guillaume, les deux protagonistes de la crise ivoirienne.
Un accord de partage du pouvoir est signé entre ces deux protagonistes à Ouagadougou en mars 2007qui fait de M. Guillaume Soro le Premier Ministre de la Côte d’Ivoire. Cette entente, dite Accord Politique de Ouagadougou (APO), prévoyait l’élection présidentielle de sortie de crise dix mois après sa signature. Là encore, usant de ruses et du dilatoire, Laurent Gbagbo parvient à opérer plusieurs reports et c’est finalement le 31 octobre 2010 que le premier tour de l’élection présidentielle va se tenir.
Ce scrutin connaît un succès sans précédent salué par la communauté nationale et internationale avec un taux de participation record de 85 %, dénotant ainsi la volonté réelle des Ivoiriens à sortir définitivement de la crise. La région de la Vallée du Bandama que nous tenons à saluer ici avec fierté n’est pas demeurée en reste de cet engouement populaire.
Sur un total de 214 442 suffrages exprimés au dans les départements de Bouaké, Béoumi et Sakassou, les trois principaux candidats ont obtenu les résultats suivants :
• Henri Konan Bédié : 101 282 voix (47,23 %)
• Laurent Gbagbo : 20 216 voix (9,42 %)
• Alassane Ouattara : 88 938 voix (41,47 %)
L’on peut observer aisément que les candidats Bédié et Ouattara totalisent à eux seuls 88,70 % des suffrages exprimés dans ces trois départements, ne laissant au candidat Gbagbo que 9,42 %.
Par ailleurs, si l’on prend uniquement en compte le seul département de Bouaké, sur un total de 170 567 suffrages exprimés, les mêmes candidats en recueillent 161 445, soit 94,66 %, se répartissant comme suit :
• Henri Konan Bédié : 64 497 voix (37,81 %)
• Laurent Gbagbo : 13 899 voix (8,15 %)
• Alassane Ouattara : 83 059 voix (48,70 %)
Il apparaît ainsi que les suffrages obtenus par les candidats Bédié et Ouattara, au premier tour, auxquelles ils convient d’ajouter celles exprimées en faveur des candidats Mabri Toikeusse de l’UDPCI, Anaky Kobenan , membres du RHDP et Gnamien Konan de l’UPCI ne pouvaient laisser aucune illusion à M. Laurent Gbagbo en cas de report de leurs voix sur le candidat RHDP au second tour.
Notons au passage que les résultats de l’ensemble du scrutin ont été donnés par la CEI le 04 novembre 2010 quatre jours après la date de l’élection. Cette date n’a posé aucun problème, étant entendu que la proclamation des résultats par la CEI n’est enfermée dans aucun délai légal. Ces résultats ont permis de retenir les deux candidats arrivés en tête, MM. Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara pour le second tour.
Le Président Henri Konan Bédié, fidèle à la parole donnée et prenant acte de ces résultats, a appelé les militants et sympathisants du PDCI-RDA à voter massivement le candidat du RHDP, en l’occurrence M. Alassane Ouattara.
Le 2ème tour du scrutin qui s’est tenu le 28 novembre 2010 a donné, toujours dans les départements de Bouaké, Béoumi et Sakassou les résultats ci-après sur un total de 205 429 suffrages exprimés :
• Alassane Ouattara : 172 231 voix (83,84 %)
• Laurent Gbagbo : 33 198 voix (16,16 %)
Ces chiffres qui ne souffrent d’aucune ambiguïté démontrent clairement que le report des voix demandé par Henri Konan Bédié, Président du PDCI-RDA, en faveur du candidat du RHDP, a fonctionné parfaitement et confirment les résultats enregistrés à l’occasion du premier tour. Quelles ne furent donc notre stupéfaction et notre indignation d’apprendre par M. Yao N’dré, président du Conseil constitutionnel, que la victoire du candidat Alassane Ouattara dans le département de Bouaké aurait été entachée de graves irrégularités.
Et pour fonder son mensonge grotesque, il prétexte les bourrages d’urnes, les transport des procès-verbaux par des personnes non autorisées, les empêchements de vote, les absences d’isoloirs et la majoration des suffrages exprimés en faveur du candidat du RHDP dans le département de Bouaké, sans oublier que dans un premier temps, il avait prétendu que ces mêmes agissements se seraient produits à Béoumi et Sakassou.
Face à ces allégations mensongères et farfelues, nous, élus et cadres des départements de Bouaké, Béoumi et Sakassou, partie intégrante de la Vallée du Bandama donc des localités dont les populations ont été abusivement retirées du scrutin national, élevons une vigoureuse protestation.
En effet, eu égard aux résultats obtenus au premier tour par le PDCI-RDA et le RDR, quel intérêt avaient le candidat du RHDP et ses partisans dans le département de Bouaké à adopter des comportements antidémocratiques susceptibles de nuire à leur objectif final à savoir l’élection de M. Alassane Ouattara à la magistrature suprême de la Côte d’Ivoire ? Dans le cas d’espèce, il n’y a eu ni empêchements de vote, ni bourrages d’urnes encore moins de majorations de suffrages exprimés en faveur de M. Alassane Ouattara dans notre département.
Par ailleurs, il convient de rappeler que le code électoral permet aux personnels d’astreinte commis aux opérations de contrôle, de surveillance et de sécurité, à la condition d’être dûment mandatés, de voter dans le lieu où ils exercent leurs activités même s’ils ne sont pas inscrits sur la liste électorale dudit lieu, dès lors qu’ils remplissent les conditions pour prendre part au scrutin. Il n’est donc pas surprenant que dans quelques bureaux de vote il y ait pu avoir plus de votants que d’inscrits sans que cela constitue un bourrage d’urnes comme le prétend le président du Conseil constitutionnel.
En outre, il y a lieu de noter que le Président du Conseil constitutionnel n’a indiqué à aucun moment le nombre de bureaux de vote incriminés, se contentant d’affirmations vagues dans le genre « ces agissements ont été observés à divers endroits de la Région de la Vallée du Bandama, notamment à Bouaké (Koko, Bamoro, Ahougnanssou, Belleville). Ce qu’il aurait été intéressant de savoir c’est le poids en termes de bureaux de vote et de nombre d’électeurs dans ces quatre localités incriminées.
Du reste, comment M. Yao N’dré le pourrait-il quand on sait que ni les préfets de régions, ni le Centre de commandement intégré (FDS et FAFN), ni les observateurs internationaux, ni les religieux dont l’Archevêque de Bouaké qui suivaient le déroulement du scrutin n’ont relevé dans cette ville des fraudes susceptibles d’entacher les résultats du scrutin ?
Sur la base des résultats du premier tour et de l’attachement des populations de ces zones aux idéaux d’amour, de paix et de dialogue du PDCI-RDA, nous affirmons que la victoire de Alassane Ouattara au second tour est incontestable.
Dès lors, nous ne comprenons pas que M. Laurent Gbagbo et sa sulfureuse refondation, par l’entremise du Conseil constitutionnel présidé par Yao N’Dré accuse tout le département de Bouaké de tricherie.
Aussi, nous nous élevons fermement contre l’opprobre que Laurent Gbagbo jette de façon cynique sur les braves et honnêtes populations de Bouaké.
Par ailleurs, notre région n’a jamais usé d’empêchements de vote, d’enlèvements et de destructions d’urnes car ces pratiques et agissements ne font nullement partie de sa culture, fondée sur le dialogue, la paix, la tolérance, l’ouverture aux autres et la probité. Nous avons toujours dénoncé et condamné ces comportements antidémocratiques et antirépublicains sources de divisions, de discorde et d’instabilité politique.
Il est important de souligner avec force que Laurent Gbagbo cherche à se dédouaner en nous accusant de tricherie pour couvrir les nombreux cas de tueries, de troubles, de blessés et d’empêchements de vote perpétrés dans l’ouest forestier dont il est originaire à chaque échéance électorale.
Enfin, était-il nécessaire d’user de moyens illicites pour obtenir ce que nous avons déjà obtenu de façon naturelle et sans grand effort au premier tour comme le prouvent les chiffres analysés plus haut ?
La réalité est que M. Yao N’Dré n’a pas dit le droit. L’article 64 nouveau du Code électoral signé par Laurent Gbagbo lui même ne l’autorise point à choisir le Président de la République en lieu et place du peuple ivoirien souverain. Son comportement partisan est celui d’un militant FPI zélé aux ordres. Il vole au secours de son ami Laurent Gbagbo en déroute électorale. En le faisant, il tente de maquiller le verdict des urnes pour proclamer M. Laurent Gbagbo vainqueur d’une élection qu’il a perdue.
En conséquence, il importe de rappeler que dans le cadre de cette élection et à la demande de toutes les parties prenantes, seule la certification du représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies fait foi. En ignorant volontairement cette disposition pertinente des accords ayant conduit à l’élection présidentielle, M. Yao N’dré a largement outrepassé ses droits, trahi son serment et compromis tous les efforts entrepris par l’ensemble des Ivoiriens et la communauté internationale pour une sortie de crise réussie.
En effet, au moment où les Ivoiriens cherchent à consolider l’unité nationale dans leur pays, nous ne comprenons pas M. Laurent Gbagbo qui, par un acte délibéré, nous exclut du vote et nous dénie de ce fait notre citoyenneté.
Après tant d’efforts pour unifier tout le Pays, nous sommes surpris par une telle attitude qui remet fondamentalement en cause l’unité nationale tant recherchée. M. Laurent Gbagbo n’a-t-il donc pas encore compris que la crise profonde qui secoue notre pays depuis plus de dix ans est née du sentiment d’exclusion qu’ont certains de nos compatriotes ?
Il importe de rappeler à MM. Laurent Gbagbo et Yao N’dré et à leurs affidés que le collège électoral pour l’élection présidentielle est unique. Par conséquent, il ne saurait être amputé d’une partie sans l’obligation de remettre en cause tout le processus électoral national. Dès lors, proclamer les résultats de cette élection en prenant seulement en compte une partie de cet électorat comme l’a fait M. Yao N’dré est un hold up inadmissible et un acte exorbitant du droit ivoirien.
En tout état de cause, les ressortissants de Bouaké, Béoumi et Sakassou qui ont participé massivement au scrutin présidentiel du 28 novembre 2010 dans la transparence totale ne se reconnaissent pas dans les soi-disant tricheries imaginées par le Front populaire ivoirien et entérinées par M. Yao N’dré, président du Conseil constitutionnel. Nous, ressortissants des départements de Bouaké, Béoumi et Sakassou affirmons de façon solennelle que M. Alassane Ouattara est l’actuel Président de la République de Côte d’Ivoire, par la volonté du peuple souverain de Côte d’Ivoire qui l’a élu le 28 novembre 2010 à plus de 54 % des suffrages exprimés.
Fait à Abidjan le 20 janvier 2011
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