L’Inter
Le médiateur de l’Union africaine, Raila Odinga, quitte Abidjan ce matin, après 48h passées en terre ivoirienne. Le Premier ministre kenyan est venu donner une chance à la solution négociée à la crise en Côte d’Ivoire. Tout en explorant la voix pacifique, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) n’a pas tiré un trait sur l’option militaire dans la résolution de cette crise. Bien au contraire. A Bamako où se sont réunis hier les chefs d’état-major des armées de la Cedeao, la solution militaire était au cœur des discussions. La hiérarchie militaire avait pour mission de peaufiner le plan échafaudé au Nigeria les 28 et 29 décembre 2010 en vue de contraindre le président Laurent Gbagbo à céder le pouvoir. Officiellement, rien n’a filtré du conclave de Bamako. Mais selon Rfi, qui cite son correspondant au Mali, les chefs d’Etat de la Cedeao ont mis la dernière main à leur plan d’attaque, qui prévoit deux schémas. Primo : l’opération est conduite par l’Ecomog, c’est-à-dire la force de la Cedeao. Secundo : l’opération est menée sous la bannière des Nations Unies ; dans ce cas, les troupes de la Cedeao s’intègrent dans la mission de l’Onu déjà sur place. Dans l’un ou l’autre cas, la stratégie militaire privilégiera la supériorité aérienne. Il s’agit pour l’Ecomog de contrôler le ciel ivoirien si elle veut venir à bout du locataire du palais du Plateau. Plusieurs pays ont donné leur accord pour fournir des troupes dans la perspective d’une option militaire. Toujours, selon Rfi, le pays du président en exercice de la Cedeao, Jonathan Goodluck fournira le gros des troupes et sera épaulé par le Burkina Faso de Blaise Compaoré et le Sénégal. Le Mali du général Amadou Toumani Touré, le Togo et trois autres pays sont également disposés à fournir des soldats au cas où la Cedeao serait amenée à recourir à la « force légitime » comme envisagé au sommet qu’elle a tenue fin décembre à Abuja. Au cas où les troupes africaines devraient être placées sous la bannière onusienne, elles pourraient bénéficier du soutien aérien de l’Onuci, qui prévoit de renforcer sa force de frappe avec trois hélicoptères de guerre en provenance de la mission des Nations Unies au Liberia. Et 2000 nouveaux casques bleus. Mais la résolution devant donner le ok à ce renfort d’effectif, qui devait être prise hier, a été à nouveau reportée, la Russie ayant encore marqué son opposition. Pour l’heure, l’option militaire n’est pas privilégiée. Le président burkinabé, qui a été reçu hier à Paris, l’a réaffirmé. « Une intervention militaire n’est envisageable qu’en dernier ressort si les négociations échouent », a déclaré Blaise Compaoré au sortir d’une audience que lui a accordée à l’Elysée Nicolas Sarkozy. Une position du reste partagée par les autorités françaises. Paris a, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, fait savoir que le recours à la force « ne doit être envisagé qu’en tout dernier recours ». C’est que la France redoute qu’une telle opération soit lourde de conséquences. « Compte tenu de l’équilibre des forces armées, il y aurait un risque d’un grand nombre de victimes », a-t-elle argumenté hier devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française.
Assane NIADA
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