Le vote d’une résolution du Conseil de sécurité sur l’envoi de 2 000 hommes supplémentaires en Côte d’Ivoire a été retardé le mardi 18 janvier 2011, du fait d’un désaccord de la Russie qui a refusé de voter le texte pourtant amendé à sa demande. Selon le représentant de la Bosnie-Herzégovine qui préside le Conseil de sécurité, la résolution sera adoptée ce mercredi 19 janvier.
Le vote du Conseil de sécurité sur l’envoi de renforts pour la force de l’ONU en Côte d’Ivoire (ONUCI) ne devait être qu’une formalité. Quinze minutes avant la réunion, le représentant russe a annoncé, à la surprise des autres membres du Conseil, qu’il ne voterait pas le texte pourtant amendé à sa demande. « La Russie veut un report du vote », a confirmé l’ambassadeur britannique Mark Lyall Grant en sortant de la réunion. C’est la seconde fois que le vote de cette résolution est ajourné après un premier report vendredi 14 janvier. « Les Russes font de l’opposition systématique. Ils usent de tous les prétextes pour retarder cette résolution », s’agace un diplomate. La résolution doit permettre l’envoi de 2 000 hommes supplémentaires en Côte d’Ivoire, portant le contingent onusien à 10 650 soldats et policiers. Trois hélicoptères armés ont été également été requis par l’ONUCI. Des renforts jugés nécessaires alors que la mission onusienne a encore dénoncé ce mardi des « actes répétés d’agression contre ses patrouilles » par les partisans et les forces du camp Gbagbo. La délégation russe s’est abstenue de tout commentaire.
Une résolution politiquement trop marquée
Le problème de la Russie, explique-t-on à l’ONU, est moins dans le principe de l’envoi de casques bleus supplémentaires, que dans le langage « robuste » de la résolution qui l’accompagne. Moscou ne goûte guère le langage de fermeté et les avertissements dirigés contre Laurent Gbagbo dans le texte rédigé par les Etats-Unis et par la France. « Les Russes estiment que ce doit être une simple résolution technique. Le texte de la résolution leur paraît politiquement trop chargé », explique un observateur. Les amendements demandés par la Russie sont toutefois largement cosmétiques. « Ils veulent changer l’ordre d’un paragraphe, modifier quelques virgules et supprimer des références à Laurent Gbagbo », précise le même observateur.
Le malaise russe
La mauvaise humeur russe sur cette résolution cache un malaise plus profond. Depuis le début de la crise, Moscou est extrêmement réticent à voir l’ONU s’immiscer dans le processus électoral en Côte d’Ivoire. « Tant que la demande de fermeté émanait de la Cédéao, les Russes sont montés dans le train sans trop protester, mais maintenant qu’une intervention militaire semble de moins en moins probable, ils font entendre leur voix », analyse un diplomate africain. La Chine et l’Afrique du Sud (membres élus du Conseil de sécurité) partagent, dans une moindre mesure, ce sentiment «souverainiste». Sous l’impulsion du secrétaire général Ban Ki-moon, mais aussi des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne, l’ONU s’est engagée très fermement dans la crise ivoirienne. « L’ONU a fait preuve d’une détermination sans précédent dans cette crise, observe ce même diplomate africain. Le problème est que nous sommes maintenant dans une situation de blocage, ajoute-t-il, et plus le temps passe, plus les Nations unies se décrédibilisent. » La résolution sur l’envoi de renforts en Côte d’Ivoire sera de nouveau présentée au Conseil de sécurité ce mercredi.
Par RFI
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